Suite à notre article intitulé "Après le démantèlement d’un réseau de vol et d’exportation de bombonnes de gaz : Le gérant de SODIGAZ MALI compte sur l’appui de l’Etat pour avoir ses 5.000 bouteilles au Faso" paru dans L’Indépendant N°2892 du 3 novembre 2011, nous avons reçu de la part de l’Ambassade du Burkina Faso au Mali, un lot de documents relatifs aux dispositions que les autorités de ce pays avaient prises par rapport à cette affaire de vol de bombonnes de gaz. Ainsi, le Directeur général de la société nationale burkinabé d’hydrocarbures (SONABHY) Jean Marie Compaoré, soutient que la complicité dont sa société est accusée par le Gérant de SODIGAZ – Mali, est sans fondement.
Le commissariat de police du 3ème arrondissement a démantelé, en fin octobre, un réseau de vols et d’exportation illégale des bouteilles de gaz du Mali vers le Burkina Faso. On estime que SODIGAZ-Mali possède, à elle seule, plus de 5.000 bouteilles frauduleusement exportées vers le Burkina Faso. Après l’arrestation des bandits, le gérant de SODIGAZ-Mali, Oudiari Diawara, par ailleurs président du Groupement des professionnels de gaz domestique, a animé un point de presse.
Dans la correspondance N°11/2603 du 29 novembre 2011, le Directeur général de la SONABHY (société chargée du remplissage des bouteilles de gaz au Burkina) relève que : "le gérant de Sodigaz-Mali a accusé explicitement notre société de s’être rendue coupable de complicité dans cette opération d’exportation frauduleuse de ses bouteilles, en acceptant de procéder au remplissage de celles-ci par nos dépôts". Jean Marie Compaoré soutient que "ces propos ne sont pas conformes à la réalité des faits".
Il a rappelé que c’est à la suite d’une lettre datée du 22 juin 2011 de SODIGAZ-Mali, adressée à SONABHY et demandant d’interdire le remplissage de bouteilles de marque SODIGAZ-Mali, que sa société, dès le 11 juillet 2011, a informé M. Diawara que des dispositions avaient été prises dans ce sens dès le mois de janvier 2011.
La SONABHY, dit-il, a donné l’assurance de sa totale disponibilité à lutter contre le trafic de bouteilles de gaz et a même sollicité les douanes burkinabés, dès février 2011, pour renforcer les contrôles aux frontières.
Ainsi, dans une note de service en date du 7 février 2011, le Directeur général des douanes du Burkina Faso, Ousmane Guiro, invitait "les chefs d’office des douanes frontalières à prendre impérativement toutes les dispositions utiles pour empêcher, non seulement la sortie des bouteilles de gaz pleines du territoire national, mais aussi l’entrée des bouteilles de gaz vides. Toute tentative d’exportation illégale de gaz ou d’importation de bouteilles de gaz vides doit obligatoirement être constatée et sanctionnée conformément aux textes en vigueur ".
Aussi, cette affaire a-t-elle fait l’objet de réunions entre la SONABHY et la SODIGAZ-APC du Burkina Faso. Cette dernière société, présentait des bouteilles de gaz vides semblables à celles de la SODIGAZ-Mali. Heureusement, la SONABHYa catégoriquement refusé de les recharger.
Aux dires de M. Compaoré, la SODIGAZ-APC du Burkina Faso et la SODIGAZ-Mali avaient même trouvé un accord en octobre 2011 pour la déconsignation des bouteilles au tarif de 6.500 FCFA par bouteille. "Au regard de tous ces faits bien connus de M. le Gérant de SODIGAZ-Mali, comment peut-on comprendre qu’il en soit à accuser notre société de complicité le 2 novembre 2011, en des termes aussi virulents, sans que cela ne donne à mettre en cause sa bonne foi. Si ses propos peuvent lui conférer un quelconque intérêt de la part de ses consommateurs et ou des autorités de votre pays, nous sommes très surpris et ne comprenons pas que le professionnel qu’il est, ait pu tenir des propos de cette teneur à l’endroit d’une société sœur qui s’est montrée très professionnelle et lui a même offert toute sa collaboration dans le traitement de ce dossier", s’indigne Jean Marie Compaoré. Qui, par supposition d’ailleurs, ajoute que les premières bouteilles introduites dans le réseau burkinabé ont pu échapper aux contrôles ou ont été simplement confondues avec les bouteilles de SODIGAZ-APC et ont pu être chargées.
Mais, précise-t-il, si cela est arrivé, c’était bien loin d’un acte intentionnel pouvant être qualifié de complicité. Il s’en explique ainsi : "En effet, les bouteilles de SODIGAZ-Mali et celles de sa consœur du Burkina se ressemblent à tous points de vue : elles sont de même taille et peintes à la même couleur. Seules les mentions sur le flanc des bouteilles (une partie peu visible sur une chaîne de remplissage) de SODIGAZ-Mali pour les bouteilles de l’une et SIDIGAZ pour celles de l’autre, peuvent permettre de distinguer les bouteilles de ces deux sociétés. Vous conviendrez que cette distinction n’est pas aisée à faire, surtout pour un opérateur non informé d’une pollution du parc de bouteilles de l’une des sociétés par les bouteilles de l’autre".
Aussi, il relève qu’à l’époque, la proportion de ces bouteilles dans le parc de SODIGAZ-APC était très faible (233 bouteilles au dépôt de Bobo-Dioulasso et 300 à Bingo) alors que la cadence de chargement des bouteilles de 6 kg est de plus de 2.000 bouteilles par jour au dépôt de Bobo Dioulasso et de 1.100 bouteilles par heure au dépôt de Bingo.
Le Directeur général, Jean Marie Compaoré, de terminer en ces termes : "M. le Gérant de SODIGAZ-Mali, il nous semble, qu’il est mal fondé de vous prévaloir aujourd’hui de vos propres turpitudes. En effet, dès la création de SODIGAZ-Mali, SODIGAZ-APC du Burkina s’est inquiétée des risques de confusion que présentait sa dénomination, au regard de similitude de noms, déjà reconnue à cette époque par l’Organisation Africaine de la propriété intellectuelle (OAPI) et des risques de confusions entre les bouteilles de ces deux sociétés, à tous points de vue semblables. Ces alertes, ainsi que celles informant SODIGAZ-Mali, déjà en 2006, de la présence au Burkina de certaines de ses bouteilles et les relances qui s’en ont suivies, sont restées sans suite. A moins d’autres éléments non encore exposés par M. le gérant de SODIGAZ-Mali pouvant attester de la complicité dont il accuse notre société, ses affirmations sont pour nous sans aucun fondement et ses propos, pour le moins inappropriés, de la part d’un professionnel à l’égard d’une société sœur. Il importe dans la dynamique d’intégration que prônent nos Etats respectifs, que les opérateurs économiques que nous sommes puissent faire preuve de plus de hauteur de vue et de respect réciproque dans nos relations, surtout quand il s’agit de déclarations publiques ou médiatiques".
Youssouf CAMARA