Malgré les nombreux cas qui devraient mettre en garde les femmes, surtout les jeunes filles, beaucoup d’entre elles, jusqu’à présent, se font avoir par les faux marabouts aux agissements impudiques dans la capitale. Maï et Bintou sont deux jeunes filles venues du village natal pour la cité des 3 caïmans afin de se faire un peu d’argent pour s’offrir le trousseau du mariage. Malheureusement, ces pauvres dames, non plus n’ont pas échappé à la mauvaise foi de ces individus mal intentionnés.
Maï et Bintou sont donc à Bamako depuis plus d’une année et tout se passait bien jusqu’à ce qu’elles soient enivrées par les délices de la grande ville. Bintou et Maï atterrissent à Kalaban Coura et dans des familles voisines. Cela leur offrait donc l’opportunité de se fréquenter régulièrement. Ainsi commencent donc les clandestines et incessantes virées nocturnes jusqu’à ce que la patronne de Maï, Ténin, s’en rende compte. N’étant pas du genre à accepter de tels comportements, elle mit en garde à plusieurs reprises son aide-ménagère qui ne dormait plus à la maison depuis un bout de temps. Ne voulant toujours pas fermer les yeux sur le comportement de sa servante, la bonne dame se mit donc à questionner les autres « 52 » de la concession pour savoir où la jeune Maï pouvait bien passer ses nuits. C’est ainsi qu’elle apprit cette histoire à couper le souffle.
Maï et sa frangine Bintou fréquentaient depuis un certain temps un marabout du nom de Karim résidant lui-même à Kalaban Coura. Chacune avait bien sûr un but précis. Maï voulait un talisman qui lui permettrait de ne pas avoir d’enfant et Bintou, elle, sollicitait l’aide du charlatan pour pouvoir rompre avec son fiancé du village. Ainsi donc, la cause est commune. Chacune d’elle veut bien profiter de la vie citadine. Elles ont frappé à la bonne porte, sauf qu’elles ignoraient, que Karim était aussi vicieux que pervers et il n’avait qu’une intention ; celle d’abuser de ses clientes. Maï eut donc son talisman mais avec une condition. Selon Karim, pour être sûr de l’efficacité du fameux « tafo », il faudrait que sa cliente ait des rapports sexuels avec lui pour une durée de 3 mois. Si lui n’a pu la mettre enceinte, aucun homme sur terre n’y arriverait. Maï ne fit donc pas prier et se rendait fréquemment chez son bienfaiteur : en allant le matin au marché, après le déjeuner et le soir.
Pour ce qui concerne Bintou, la solution est toute autre. Selon le marabout Karim, Bintou est une femme très chanceuse que lui-même voudrait épouser. Cela, leur faciliterait la vie à tous les deux et c’est tout Bamako qui entendra parler d’eux. Sans totalement donner son accord, Bintou ne s’en privait aucunement d’accomplir pour le marabout les tâches les plus essentielles d’une femme mariée, à savoir la lessive, quelques travaux ménagers et surtout le partage du lit conjugal.
Se déroule donc une « polygamie obscène » entre le faux marabout et les deux amies.
Ténin, ayant apprit cette histoire ne se fit pas prier. Elle alla chercher Bintou chez sa patronne et lui expliqua que son amie sort avec « son » marabout. Mise au courant de la traîtrise de sa copine, lui ne s’assit plus. Elle se rendit, suivit de Ténin, du coup chez Maï pour lui cracher son venin au visage. N’eut été l’intervention des personnes présentes, elles en seraient arrivées aux mains. Après plusieurs invectives, chacune retrouva son esprit. Ténin elle, renvoya tout bonnement Maï pour, selon elle, qu’elle puisse mieux profiter de ses gambades mais pas sous son toit. La patronne de Bintou se jura elle aussi que cette dernière ne passera pas la nuit chez elle. Quant au fameux Karim, il s’éclipsa sans demander son reste à ses « deux amantes ».
Saly KANE