Exploitant de sable et gravier dans la catégorie des plongeurs, Seydou Traoré dit Tiékoroba, âgé de 21 ans, résidant au quartier de Kayo, est décédé à la suite d’une noyade à la baie de Souban, le plus grand site d’exploitation de sable de la commune de Koulikoro. Il était pourtant réputé pour ses qualités de bon nageur et sa vigueur dans le travail d’extraction de sable pendant les périodes de hautes eaux où les risques sont grands. Qu’est-ce qui a bien pu se passer ?
Selon les informations qui nous sont parvenues, sa pirogue aurait été renversée par une rafale de vent, au cours d’une tornade qui se serait déclenchée dans l’après-midi du samedi 2 juillet 2011.
Le jeune homme n’aurait pas survécu à sa chute dans l’eau. Mais c’est quand les gens sont restés sans nouvelle de lui que l’inquiétude a commencé à gagner les esprits pour motiver des avis de recherche, lancés sur les antennes de l’ensemble des radios de la ville et au niveau de tous les sites d’extraction de sable de Souban, à Katibougou, et tous les moyens ont été déployés, comme d’habitude dans pareils cas, avec le concours du Syndicat des exploitants de sable de la commune de Koulikoro, afin de retrouver le disparu.
C’est finalement dans la journée du dimanche 3 juillet 11 que son corps sans vie a été retrouvé dans le même site de Souban, sans aucune une autre explication sur les circonstances de la mort. L’enterrement a eu lieu l’après-midi à Kayo, dans son lieu de résidence. Selon, le responsable du Syndicat des exploitants "le jour de sa mort est tout simplement arrivé, sinon c’est un vaillant connaisseur de l’eau".
Si l’activité d’extraction de sable est source de revenu pour une frange importante de la population de la ville de Koulikoro, il est à retenir que le revers symbolise une hantise constante pour le pratiquant de cette activité. Mais pour certains observateurs de Koulikoro, le milieu de l’exploitation du sable et du gravier est trempé de mystères car les travailleurs, en majorité "des maîtres de l’eau" comme des Bozo et des Somono, meurent par noyade.
Cela n’empêche pas le développement de la thèse du règlement de comptes entre les plongeurs, pour des questions de femmes et d’intérêt financier, sans oublier les pratiques occultes qui gangrènent ce milieu. Rappelons que la pratique de la "plongée" est très délicate dans cette activité d’extraction de sable. Surtout en période de crue. C’est un travail d’équipe regroupant plusieurs piroguiers. Pendant que l’un d’eux maintient la barque en équilibre sur l’eau, un autre se charge de ramener le produit (sable ou gravier) à la surface de l’eau à laide d’une corde munie d’un récipient qu’un ou deux plongeurs remplissent de sable ou gravier, en s’enfonçant alternativement au fond de l’eau, quelle que soit la profondeur.
La plongée peut durer 1 à 3 mn. Dans cette alternative, on remarque souvent que la corde, qui sert de moyen de communication, entre le plongeur et la surface de l’eau, se casse ou est lâchée mystérieusement par les coéquipiers, causant la mort du plongeur qui tient l’essentiel de l’activité. Mais il est difficile d’admettre la disparition anodine de "ces grands connaisseurs de l’eau" par un simple lâcher de corde ou un renversement de pirogue.
En tout cas, le phénomène est assez courant à Koulikoro et le Syndicat des exploitants de sable lutte énergiquement, avec tous les moyens possibles, pour minimiser autant que possible les risques de mort par noyade dans les mines de sable de la commune de Koulikoro.
Zoumana NAYTE
Correspondant à Koulikoro