À Baniko: Le mari tue le « bébé bâtard » de son épouse

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    S’il était Inspecteur de police, « Barou »  aurait sans doute fait avouer leurs forfaits à beaucoup de malfaiteurs. En effet, il a suffi d’un simple  étonnement suspect de ce brave enseignant pour que Sorofing (l’épouse) se mette à table en avouant que le meurtrier de son enfant n’est autre que…son mari.

    En fait, « Barou », de son vrai nom Oumar Coulibaly, est parti de la logique selon laquelle le plus souvent, les jeunes filles détestent leurs enfants « non désirés », c’est-à-dire conçus hors mariage, car ces derniers risquent plus tard de leur créer des problèmes dans leur vie conjugale.

    Zone d’or blanc (coton) par excellence, Baniko couvre toute la zone naturelle de Dioïla perdue entre la région de Sikasso au Nord-ouest et la savane de la région de Koulikoro au Sud-est. En tant que zone essentiellement agricole aux activités rurales aussi diverses que multiples, cette partie du pays renferme une mosaïque de pécheurs, d’agriculteurs et de pécheurs. C’est que dans cette zone, la nature est aussi clémente que favorable aux vastes terres.

    Les cultures vivrières y réussissent  autant que le commerce et l’industrie, surtout que les populations y sont dépositaires d’authentiques valeurs culturelles de notre pays. C’est pourtant dans ce village que le crime crapuleux s’est déroulé vers mi janvier courant (2012).

    Le triste destin de Sorofing                                         

    Sorofing dite « Soro » est une fille âgée d’une quinzaine d’années, docile, timide et calme. Au moment des faits, elle faisait la 8è Année fondamentale dans un village situé à vingt kilomètres du sien. Son aspect physique, son portrait  moral, sa grande taille, son intelligence et son succès dans ses études…, bref, tout la prédisposait à une haute future profession et un avenir radieux.  Mais comme disait l’autre, « le  comportement   d’une fille ne se mesure pas à la qualité de sa beauté ou à son degré de connaissance». Aussi, c’est à la surprise générale que l’innocente, calme et  surdouée Sorofing contractera une grossesse dite « indésirable ». Elle vient de commettre ainsi un « délit » qui ne lui ressemble pas vraiment, mais qui occasionnera quand même un assassinat.

    Sorofing faisait la 7è Année lorsqu’à la fermeture des classes, ses parents la donnèrent en mariage à un villageois, et cela, sans son consentement, évidemment. « Evidemment » parce que dans bien des villages, c’est le plus souvent le cas : le consentement ou le refus de la fille n’ont à rien à voir avec le choix de son futur mari décidé par ses parents. Malgré le fait que le mari destiné à Sorofing soit un riche paysan qui  possède des bœufs, des charrues, des charrettes, des motos et même de belles maisons çà et là, on imagine quand même aisément le dépit et le découragement de la jeune fille,  surtout qu’elle ne sera…qu’une seconde épouse. En réalité, les parents à Sorofing ont préféré choisir entre deux maux le moindre. C’est justement lorsqu’elles arrivent au Second cycle que la plupart des élèves filles de la contrée se « débrouillent » pour être engrossées par des garçons de leur groupe d’âge. Or ces derniers sont incapables de les épouser car non seulement ils ne disposent pas de moyens nécessaires pour entretenir une femme, mais aussi ils en sont moralement inaptes. C’est pourquoi les parents des filles parent le plus souvent au plus pressé, ou du moins au plus important, pour échapper à ce « mauvais sort » qui consiste, pour leur fille, à ne pas avoir finalement un mari.

    Non contente de ce mariage forcé qui lui conférera un « titre » de seconde épouse et avec un paysan de surcroît, Soro va désormais se livrer à toutes les étapes du « plaisir interdit »  (adultère) avec son jeune amant d’avant son mariage. C’est ainsi qu’elle finira par contracter une grossesse. Surpris par cette « mauvaise » nouvelle, les parents de Sorofing hâtèrent la date de son mariage et l’expédièrent dare-dare chez son mari. Les préparatifs des noces ont visiblement été « bâclés »  pour masquer le « drame de la honte », surtout pour le mari : la grossesse hors mariage de Sorofing.

    L’ignoble meurtre sera caché                                      

    Mais « la moyenne va dépasser le total » (comme on dit) lorsque la jeune mariée, Sorofing, accouchera tout juste cinq mois après sa « lune de miel » chez son époux. Autant constater que l’enfant qui va naître dans le nouveau foyer  n’est sûrement pas celui du mari. Aussi, après l’accouchement de Soro, son mari ne put cacher sa haine envers « cet enfant bâtard », malgré tout l’amour qu’il nourrit pour sa mère.

    Cependant, le couple continua à vivre ensemble pendant un long moment, jusqu’à ce que l’enfant ait atteint environ 8 mois. Mais comme on le dit souvent, « le malheur n’arrive jamais seul ». Un jour, le nouveau-né se mit à pleurer, à chialer  de façon si interminable que le mari de Sorofing, aveuglé par une rage mêlée de haine, l’attrapa et le jeta furieusement à terre : une manière, pour lui, de se soulager de tout ce « montage de faux mariage sur une fausse grossesse », « fausse » parce qu’elle n’est pas de lui, et « faux mariage » parce que le choix porté sur lui ne visait surtout qu’à cacher la « vilenie » (la grossesse) aux yeux des habitants. Mais malheureusement pour l’époux de Soro, le bébé violemment lancé par terre n’en survivra pas : il cassera aussitôt la pipe. Alors on procédera à son enterrement sans autre forme de procès ou d’enquête, encore moins de remord. Ainsi, rien ne filtrera de l’accouchement ni des circonstances réelles  de la mort de l’enfant. Et après tout cela que Sorofing… reprit le chemin de l’école.

    Pendant plusieurs mois, personne ne comprit quoi que ce soit au sujet de l’enfant de Soro : ni ses camarades filles, ni les autres élèves, encore moins les maîtres. Pourtant, au moment où  elle  arrêta d’aller à l’école, elle était bel et bien en état de grossesse avancée.

    Enfin, Soro « lâche le morceau »                                                        

    Face à cette situation pour le moins suspecte, un maître de Sorofing, le nommé Oumar Coulibaly dit « Barou » l’interrogea brusquement un jour au sujet de son enfant et l’accusa de l’avoir « tué dans l’œuf », comme le font régulièrement ses semblables en pareil cas. Alors, ce fut « la goutte d’eau qui fit déborder le vase ». Prise de panique, Soro avoua que c’est plutôt son mari qui a tué l’enfant en le « fracassant » par terre (c’est effectivement le mot qui convient). L’enseignant « Barou » comprit alors tous les tenants et aboutissants de cette louche affaire et alerta aussitôtla Gendarmerie.

    Les enquêtes se  poursuivent toujours même après l’arrestation de toutes les personnes impliquées dans cette affaire d’infanticide.

    De par leur formation de pédagogue et de psychologue, les enseignants passent pour être de très bons enquêteurs. Cependant, il est étrange qu’un maître fasse  dénoncer par son élève un meurtre dont l’auteur n’est autre que…le mari de ladite élève. Mais pour « Barou » l’enseignant, aider à élucider les circonstances d’une mort suspecte rentre aussi dans le cadre d’une bonne morale de l’enseignement, même si c’est sa propre élève qui doit en faire les frais.

    A.F.Coulibaly

     

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    4 COMMENTAIRES

    1. je suis du Baniko, il manque le nom du village…l’enseignant a fait son devoir de citoyen.

    2. Bien fait!Barou l’enseignant i ni ka couloubaliya bè: tu as fait un bon boulot là:félicitations!Le « bébé bâtard » n’a jamais demandé à venir au monde pour qu’on le traite ainsi. 😥 😥 😥 😥

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