Lorsque dans un pays, les leaders religieux obéissent plus au “Dieu Argent” qu’aux fondamentaux de la religion de leur Créateur, alors c’est bonjour à toutes les dérives. C’est ce qui se passe aujourd’hui aux 501 logements sociaux de Yirimadjo. Dans ce quartier, le sommeil des paisibles citoyens est perturbé par des actions mercantilistes de l’Imam de la grande Mosquée de Bamako, Kokè Kallé. En violation des principes administratifs, moraux et religieux, il s’est arrogé le droit d’occuper la place réservée pour l’espace vert dans le quartier en y érigeant un immeuble à deux niveaux destiné à accueillir une école communautaire et une maison à usage d’habitation. L’espace en question est contigu à la mosquée du quartier. Il était convenu avec les responsables de l’Office malien de l’habitat (OMH) ainsi que ceux des Comités de gestion du quartier et de la Mosquée, d’ y réaliser une Médersa.
Mais à la dernière minute, il change les règles du jeu en plein match en violation de l’accord de base. Rappelons, que pendant de longs mois, il a entretenu le suspens en laissant des rumeurs persistantes envahir les rues du quartier. Une sorte de ballon d’essai pour jauger la réaction de la population. Au départ les gents n’y croyant guère au projet. D’autres voulaient le prendre au mot et le jugé à l’œuvre. On voulait une confirmation des charges avant de se prononcer. Maintenant, point de doute sur ses intentions. Le samedi dernier les affiches ont arboré le quartier annonçant l’ouverture de l’école pour le 24 septembre prochain. La nouvelle école portera le nom “Ecole communautaire Mahamadou Kallé (ECMK)“.
Il faut reconnaître que l’école est une Institution de la République, dont on a besoin dans le quartier pour promouvoir la connaissance et la citoyenne, mais elle est incompatible avec une mosquée dans le voisinage. Certes, les valeurs véhiculées par les deux Institutions ne sont pas forcément antinomiques, mais la République gagnerait mieux à les éloigner surtout en ce moment de forte turbulence dans notre pays. Mieux, l’école est loin de la mosquée, mieux le risque de confrontation s’éloignera. Par exemple les heures de prières dans la journée, qui coïncident avec les heures de cours à l’école. Il est évident que l’une gênerait l’autre dans ce cas de figure, le risque de conflit entre les deux Institutions n’est pas à écarter.
Dans le quartier l’émotion est donc très forte en ce moment. Certains, notamment les jeunes, ne cachent leur intention d’aller à l’affrontement pour ramener l’imam à la raison. En la matière que dit la réglementation sur l’enseignement privé au Mali ? Dans notre pays, l’autorisation d’ouvrir une école communautaire est régit par la loi n°94032 du 25 juillet 1994 portant statut de l’enseignement privé au Mali. Elle est complétée par un décret d’application. C’est le n°94478/PRM du 28 décembre 1994. Elle stipule que pour ouvrir une école communautaire, il faut au préalable une assemblée générale des membres de la communauté ou de l’association à l’initiative de l’école. Si tel est le cas, la nouvelle école manquera l’avis du quartier. Une étape essentielle de la procédure qui manquerait donc au dossier. Mais, au où il existerait, les autorités scolaires doivent savoir que c’est du faux.
Car, le président du Comité de gestion des 501 lgt est formel sur la question. Selon lui, il n’a jamais, il n’a été question d’école entre imam Kallé et le comité de gestion, dont il dirige. D’ailleurs, ils n’ont jamais pas été associés à un quelconque projet de Médersa à fortiori l’ouverture d’une école communautaire en lieu et place de l’espace vert du quartier. Tout comme les simples habitants du quartier, ils ont été surpris du démarrage des travaux. C’est alors qu’ils ont approché l’OMH pour en savoir plus. C’est en ce moment, que le directeur de l’Office, Moussa Baba Diarra leur ont informés de la construction de la Médersa sur autorisation accordée à l’intéressé par la ministre des Domaines d’alors, Mme Gakou Salamata Fofana. Mais, Moussa Baba Diarra a bien précisé que l’espace lui aurait été prêté et non cédé, comme certains peuvent s’imaginer. En son temps, ils ont fait savoir à l’OMH la désapprobation du quartier pour avoir été ignoré dans la procédure. C’est dire que le quartier n’est ni de près, ni de loin mêlé à cette histoire. C’est pourquoi, une délégation du quartier devrait rencontrer hier, les responsables de l’OMH pour non seulement l’informer de la nouvelle donne, mais de s’enquérir de la conduite à tenir dans la situation actuelle.
Rappelons que l’idée de Médersa remonte au début de l’année dernière (2011) quand des individus débarquent de nulle part pour abattre des plants sur le site sans informé la population riveraine encore moins du quartier. Cette attitude suscita dans le quartier une forte émotion. Car, les arbres avaient réellement poussé et offraient aux familles riveraines un espace idéal de repose, le soir à la descente. Pendant la prière du vendredi, certains fidèles installaient leurs peaux de prière aux pieds de ces arbres pour s’acquitter de leur devoir religieux. La coupe de ces arbres pour être remplacé par une Médersa est compréhensible. Donc, il appartient aux Autorités scolaires de se saisir de la situation pour prévenir d’éventuelle confrontation entre les jeunes du quartier et l’imam Kallé, un homme honorable, mais peut-être induit en erreur par des mauvais conseillers.
Amadou Diallo, habitant du quartier, lot n°176, porte 161