La Cour a condamné, dans son audience du mardi 16 décembre 2014 à la Cour d’Appel de Bamako, les nommés Boubacar et Issa Koné à sept ans de réclusion. Ils comparaissaient pour répondre des actes de vol qualifié, association de malfaiteurs et détention illégale d’armes blanches et d’armes à feu.
Au même titre que l’atteinte aux biens publics, le braquage à main armée constitue un phénomène qui gagne de plus en plus d’ampleur au Mali, notamment dans la capitale où les motocyclistes ont même peur de circuler pendant la journée dans certains endroits réputés être le cachot des braqueurs.
C’est le cas, par exemple, de la route qui mène aux champs situés près de l’aéroport international Bamako-Sénou où les présents cas ont eu lieu il y a plus de deux ans, entre mars et août 2012. Entre ces deux mois, plusieurs citoyens ont été braqués sur cette voie, avec le même mode opératoire (deux individus sur une moto Sanili, l’un portant un pistolet et l’autre une arme artisanale qui demandent à leurs victimes de se mettre à plat ventre avant de disparaitre avec leurs biens), et dépouillés de leurs motos, téléphones et argent par des individus armés qui circulent à bord d’une moto Sanili. Parmi les victimes, il y a notamment Cheick Oumar Diakité, Ismaël Ouattara et Ousmane Diallo, qui, tous, en partance pour leurs champs ont été interceptés, à différentes dates dans cette zone désertique, entre 8 heures et 18 heures, par Boubacar Koné et Issa Koné.
Saisi de l’affaire par les différentes victimes, le commissariat du 10ème arrondissement ouvrit aussitôt une enquête pour mettre la main sur les auteurs de ces actes de braquage. Les investigations ont commencé par l’envoi d’une réquisition du parquet de la commune VI du district de Bamako à l’opérateur de Téléphonie Mobile Orange-Mali. Ce réseau téléphonique, présent au Mali depuis plus de dix ans, a pisté les appels passés par les téléphones des victimes et a permis à la Police de mettre la main sur Boubacar et Issa Koné. Conduits dans les locaux de la Police, les deux accusés avaient tous reconnu les faits avant de les renier à l’instruction et à la barre. Boubacar Koné a été d’abord reconnu par une des victimes comme son agresseur avant que la perquisition ne permette de découvrir des armes blanches et artisanales dans sa maison
” Wallahi je n’ai rien fait de tout ce qu’on me reproche “, a dit Boubacar Koné, hier, devant la Cour. S’agissant du téléphone d’une des victimes qui aurait été retrouvé en sa possession, il a dit : ” je l’ai acheté avec Issa Samaké à 4 000 FCFA et je l’ai vendu à Bakary Bengaly à 5 000 FCFA qui l’a revendu à son tour à Famagan Diarra…J’ai même aidé les policiers à arrêter Issa Samaké, mais il a réussi à s’échapper de leurs mains quand ils l’ont amené pour montrer Issa Koné (celui de qui M. Samaké aurait obtenu le téléphone) “. A propos des armes : ” elles n’ont pas été retrouvées chez moi, mais chez Issa Samaké… J’habite à Yirimajo-Kadodougou et les armes ont été retrouvées dans une maison au flanc de la colline où habite Issa Samaké “, a-t-il affirmé. Cependant, à l’enquête préliminaire il avait affirmé qu’ils étaient organisés en bande et que le nommé Issa Samaké (qui s’est glissé entre les doigts de la police) était leur chef. Par ailleurs, une moto Sanili a été retrouvée avec lui au moment de son arrestation qui s’est avérée être, plus tard, la moto d’une des victimes. “ J’ai acheté cette moto à Dabanani “, a-t-il à la barre.
Quant à Issa Koné, il s’est lancé dans la même dénégation des faits arguant qu’il ne connait même pas Boubacar si ce n’est en prison. Il reconnait par contre qu’Issa Samaké est son ami d’enfance.
Après plusieurs heures de débats, la Cour a fini par reconnaitre leur culpabilité et les a condamnés à sept ans de réclusion en plus du paiement de 350 000 FCFA et 330 000 FCfa chacun aux parties civiles que sont Cheick Oumar Diakité et Cheick S Doumbia. Ils auraient pu être condamnés à la peine de mort, mais étant des délinquants mineurs et pères de famille, ils ont bénéficié des circonstances atténuantes.
Aboubacar DICKO