La désertification se manifeste par un ensablement généralisé qui affecte les habitations, les terres agricoles, les voies de communication routières et fluviales.
Pays enclavé au cœur de l”Afrique de l”ouest, le Mali est situé à plus de 1000 km de la mer. Si la nature l”a privé de cette immense ressource, elle l”a cependant doté de grands fleuves que sont le Sénégal et le Niger. Ce dernier constitue la seule source permanente d”eau de surface dans une cinquantaine de communes. Le bassin du Niger couvre plus de 570.000 km2. Le potentiel agricole du bassin est estimé à près de 2,5 millions d”hectares. La vallée du Niger offre d”importantes ressources pour l”hydroélectricité et la navigation.
Véritable réservoir de biodiversité et deuxième zone humide de l”Afrique, la vallée du fleuve Niger constituait jadis une grande zone de production, avec une charge pastorale annuelle de plus 10 millions de têtes de bétail. On y pêche environ 100.000 tonnes de poissons par an. Tous ces facteurs ont contribué à faire de la vallée du fleuve, un lieu de concentration des hommes et des activités économiques, particulièrement dans les régions du nord, où elle reste la seule zone de repli pour les populations et les troupeaux en saison sèche et pendant les sécheresses.
Cependant, la conjugaison de facteurs anthropiques et naturels menace sérieusement le fleuve Niger dans sa survie. L”avancée des formations dunaires a entraîné la diminution des lits majeurs et mineurs et des chenaux d”alimentation des lacs. Aujourd”hui, le Niger se remet difficilement de la baisse de l”écoulement, selon Alassane Boncana Maïga, conseiller technique au ministère de l”Environnement et de l”Assainissement.
Dans la boucle du Niger, la désertification se manifeste de manière permanente. Elle est caractérisée par un ensablement généralisé qui affecte les habitations, les terres agricoles, les voies de communication routières et fluviales, ainsi que les cours et points d”eau, selon l”étude du mécanisme de l”ensablement dans la vallée du fleuve Niger réalisée par le GEDAT à la demande du Programme environnemental d”appui à la lutte contre la désertification (PEALCD).
L”ensablement du cours du fleuve Niger, de sa vallée et des aires bordières résulte de la convergence de phénomènes locaux (d’origines climatique et anthropique) dans la boucle du Niger et de l”existence de flux sédimentaires à l”échelle continentale qui sont liés aux grands courants éoliens (mousson et harmattan) et par libération et mobilisation du sable dont le tracé est fonction de la topographie.
A chaque fois que la vitesse du vent diminue à cause d”un obstacle le sable se dépose. C”est ainsi qu”au niveau de certains sites des quantités impressionnantes de sable ont été déposées et ont augmenté d”année en année.
Le plateau d”Assaguaria en est une illustration frappante. Avant, il n”y avait pas de sable entre la bordure du plateau et le fleuve, mais depuis les sécheresses, l”harmattan dépose chaque année d”importantes quantités de sable entre le plateau et le fleuve qui ont créé des dunes, enseveli les habitations et les jardins et constitué une barrière à la remontée des eaux du fleuve vers les zones d”inondation d”antan.
C. A. DIA
L”Essor du 24 Avril 2007
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