Ces usines chinoises qui se déplacent vers l’Afrique

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Ces usines chinoises qui se déplacent vers l'Afrique
Usine d'assemblage dans la zone de développement industriel COEGA à Port Elizabeth, dans la province du Cap oriental. Elle est financée par First Automotive Works (FAW) et le Fonds de développement sino- africain. © Xinhua

Selon la Banque mondiale, 43 % des investissements chinois en Afrique, entre 2003 et 2014, se sont faits dans l’industrie manufacturière. Une tendance qui se renforce.

« La Chine compte actuellement 85 millions de travailleurs dans des emplois peu qualifiés dans la fabrication qui devront être délocalisés ailleurs en raison de la hausse des salaires et des niveaux de productivité contre 9,7 millions d’emplois japonais dans les années 60 et 2,3 millions d’emplois coréens dans les années 80 », analysait dès mai 2011 le vice-président de la Banque mondiale et économiste en chef Justin Yifu Lin. En 2011, les salaires dans l’industrie légère se montaient déjà de 237 à 296 dollars par mois en Chine, contre 78 à 130 dollars au Vietnam – les premières délocalisations des emplois chinois ont eu lieu en Asie – et de 26 à 48 dollars en Éthiopie, vérifie le cabinet de conseil en développement Global Developpment Solution. Quatre ans plus tard, la Banque mondiale en atteste : « Sur le plan des investissements dans des projets entièrement nouveaux, on remarque que les industries manufacturières sont les principales bénéficiaires des Investissements directs étrangers [IDE], sachant que les IDE en provenance de Chine et d’Inde sont associés aux plus fortes créations d’emplois », écrit-elle dans sa note « IDE et industrie manufacturière en Afrique ». Entre 2003 et 2014, 77 des 157 nouveaux projets d’investissement chinois en Afrique relèvent du secteur de l’industrie manufacturière.

Une présence chinoise bien plus ancienne qu’imaginée

Les projets d’investissements chinois dans ce secteur existent depuis bien plus longtemps, mais ont jusqu’ici été occultés par le montant des méga-deals liés à l’exploitation des matières premières et la construction, démontrent By Wenjie Chen, David Dollar et Heiwai Tang dans leur article « Why is China investing in Africa ? Evidence from the firm level », publié en août 2015. Selon la base de données du ministère du Commerce de la République populaire de Chine sur les désinvestissements d’entreprises chinoises en Afrique entre 1998 et 2012, « relativement peu d’investissements [par le nombre, mais pas par le montant des contrats, NDLR] sont faits dans le secteur des ressources naturelles. Les investissements dans le secteur des services dominent et un nombre important d’investissements est réalisé dans le secteur manufacturier », révèlent les trois chercheurs.

Des investissements importants

Fait nouveau, ces contrats, en plus d’être plus nombreux, se rapportent de plus en plus à des montants d’investissement importants. Les 77 investissements chinois dans le secteur entre 2003 et 2014 se montent au total à 13,2 milliards de dollars, soit 43 % du montant total des IDE chinois sur le continent. L’exemple éthiopien est particulièrement édifiant. Huajian, l’un des plus grands sous-traitants de chaussures du monde, y emploie près de 8 000 personnes aujourd’hui pour produire plusieurs millions de paires de chaussures chaque année depuis 2011. Les très bas coûts de main-d’œuvre attirent en Éthiopie l’activité des secteurs à haute intensité de main-d’œuvre du monde. Les Chinois ne sont donc pas les seuls à délocaliser en Afrique. La société turque My Shoes Shoe & Leather Manufacturing Plc a notamment annoncé en avril dernier un investissement de 35 millions de dollars pour installer une usine de production de chaussures sur un terrain de 70 000 m². Un mois plus tard, l’usine de Kanoria Africa Textile Plc, détenue par des investisseurs indiens, commençait à fonctionner avec 600 employés.

L’attrait des coûts réduits de main-d’oeuvre

Comme l’Éthiopie, le Rwanda et le Kenya, d’autres pays africains accueillent depuis quelques années des investissements chinois dans l’industrie grâce au coût réduit de leur main-d’œuvre, mais aussi grâce à la taille de leur marché national et régional et à leurs liens anciens avec les investisseurs chinois. L’Égypte s’est ainsi portée candidate en 2006 pour accueillir l’une des zones économiques spéciales (ZES) que le gouvernement chinois se proposait de développer dans le monde dans l’espoir d’y voir s’internationaliser ses propres entreprises. « Au moment de son lancement officiel en 2009, […] la ZES avait attiré 18 nouvelles entreprises chinoises opérant dans les domaines des services au secteur pétrolier, des textiles et de l’habillement, des produits en acier et des meubles, avec un apport total en capital de 180 millions de dollars EU », rappelle la BAD dans sa note économique « Investissements chinois et création d’emplois en Algérie et en Égypte » publiée en 2012. En juin 2015, le ministre du Commerce extérieur et de l’Industrie, Mounir Fakhri Abdel Nour, a annoncé le lancement de 15 nouveaux projets d’une valeur de 10 millions de dollars en coopération avec la Chine. Certains d’entre eux comprennent l’expansion de la zone chinoise dans le nord-ouest du golfe de Suez, ainsi que d’un projet de fabrication de cuir et un autre pour la fabrication de pneus.

Certains pays, comme le Maroc, qui n’avaient encore jamais recherché l’attention des investisseurs chinois veulent aujourd’hui se faire une place en Chinafrique. « Ici, au Maroc, j’ai vu partir des activités vers la Chine. On a vécu cela avec difficulté, mais avec le sourire, parce que ce sont les règles du jeu : le plus compétitif récupère les emplois du moins compétitif. Les opérateurs chinois sont aujourd’hui à la recherche de source de compétitivité et certains viennent au Maroc », a assuré le ministre de l’Industrie et du Commerce, Moulay Hafid El Alamy, devant une délégation d’une petite centaine d’entreprises chinoises, à l’occasion du premier « Sino-African Entrepreneurs Summit » qui s’est tenu à Marrakech, du 25 au 27 novembre 2015.

 

 

 

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3 COMMENTAIRES

  1. A quand nous africain ont va faire notre autocritique ?
    Surtout de faire dégager nos hommes politiques véreux

  2. Logique quand on sait qu’en 5 ou 6 ans ,le salaire d’un travailleur chinois est passé de 100 euro à 700 euro . Donc la Chine délocalise vers l’Afrique ou le salire moyen est de 60 euro . Mais le jour ou les ouvriers africains vont réagir comme les chinois en disant qu’il ne veulent pas etre pris pour des cons , il y aura une nouvelle délocalisation vers on ne sait ou !!

  3. C”est le cours normal du developpement. La Chine ainsi que d’autres pays de l’Asie ont connu le meme phenomene avec le developpement du Japon. C’est pour quoi tout les pays vont se developpes seulement à des rythmes differents.
    Les pays les plus stables comme le Rwanda, l’Ethiopie etc. sont les plus attractifs. Ils accueilliront d’abord les industries delocalisees avant que les autres ne se stabilisent pour creer les conditions favorables aux investissement.
    Malheur donc à ceux sement le trouble dans leur pays pour repousser les investissement qui n’aiment pas les troubles. Ils aiment un environnement ou il faut bon de faire les affaires.

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