Entre le jour et la nuit, la température varie constamment, pesant ainsi sur la santé humaine. Le phénomène se poursuivra jusqu’à mi-mars, selon les prévisions de la météo
En ce mois de février, le froid mord toujours et les vents glacés continuent de faire frissonner. Cette situation actuelle de fraîcheur et de vents forts au Mali est principalement due à l’arrivée d’un système météorologique qui touche actuellement l’Europe et le Maghreb et qui apporte des conditions plus fraîches et venteuses, renseignent les services de la météorologie.
Autre constat, c’est le changement constant de la température en ce mois de février. Elle s’élève le jour jusqu’à piquer nos peaux et baisse carrément la nuit. Certaines personnes ont bien du mal à s’adapter à cette situation presque désagréable et qui risque de se poursuivre tout le long de ce mois. Pour les prochains jours, la météo prévoit des températures oscillant entre 29°C et 36°C le jour et 15°C et 18°C la nuit. C’est dire qu’il est attendu des journées ensoleillées avec quelques nuages et des nuits fraîches pour tout le reste du mois de février, explique Amadou Diakité, chef du service observations et prévisions à l’Agence nationale de la météorologique (Mali-météo).
Pour lui, avec l’harmattan qui commence généralement en novembre et se poursuit jusqu’en avril, l’air frais provenant du désert saharien est poussé vers le sud. Ce qui entraîne des températures plus fraîches dans les régions sahéliennes, y compris le Mali. «Ce vent sec et frais est souvent associé à des conditions de vent fort et de soulèvement de poussière», précise le technicien, ajoutant que cette situation va persister pendant toute la semaine.
Le spécialiste établit dans une certaine mesure un lien entre les fortes pluies de l’hivernage passé et la fraîcheur ressentie actuellement. «Un lien direct existe entre le climat tropical (le climat malien) et celui dit tempéré. En certaines périodes de l’année, en fonction du renforcement ou de l’affaiblissement des anticyclones sud-tropicaux, il est souvent ressenti de fortes baisses de température liées aux phénomènes météo qui nous parviennent des régions tempérées principalement l’Europe occidentale et le Maghreb, deux régions dont le climat influence le nôtre.
C’est actuellement le cas avec des chutes de neige et de fortes pluies en Europe et au Maghreb dont les répercussions se font sentir jusqu’aux pays en bordure du Sahara. Les régions du Nord du Mali sentent beaucoup plus cette interaction que celles du Sud», fait observer le prévisionniste. Et de poursuivre que de juillet à août, la phase El Nino a laissé place à une phase neutre ; puis dans une autre dit La Nina qui n’est rien d’autre que le refroidissement de la température de la surface de la mer dans le Pacifique sud équatoriale. «Ce changement peut, dès fois, être une baisse de température comme c’est le cas actuellement. Il est dans ce cas appelé le phénomène de La Nina et lorsque que c’est une hausse, il est dit El Nino», précise Amadou Diakité.
Les deux phénomènes ne sont pas sans conséquences sur la pluviométrie au Sahel. Pour La Nina, elles sont beaucoup plus positives que pour El Nino qui est souvent synonyme de raréfaction des pluies. Ce dernier correspond au réchauffement des températures de la surface de la mer au niveau du Pacifique sud et équatorial. Ce qui n’est souvent pas synonyme d’une bonne campagne pluviométrique de façon générale pour le Sahel. Avec cependant des exceptions. «La Nina correspond à une baisse de température dans le Pacifique sud équatorial et autorise une forte pluviométrie comme c’est le cas de la saison des pluies précédentes», explique le spécialiste pour expliquer les anomalies climatiques récentes.
DÉRÈGLEMENT CLIMATIQUE- Les gaz à effet de serre modifient l’atmosphère et le climat en général. Ils constituent un phénomène amplificateur qui provoque un dérèglement du système climatique. «Cette fraîcheur passagère que nous observons au Mali est générale. Avec les conséquences du changement climatique, nous allons assister à beaucoup de phénomènes climatiques extrêmes. L’ampleur et la fréquence de ces phénomènes seront beaucoup plus élevées qu’auparavant d’après les recherches», poursuit Amadou Diakité. Ainsi, il invite les autorités, les services météo et ceux de la gestion des risques et catastrophes à prendre des mesures pour faire face à ces situations et prévenir à temps les populations pour qu’elles puissent être à l’abri des aléas du climat.
Amadou Diakité, chef du service observations et prévisions à Mali-météo, expliquant les raisons de ces changements de temps
À la population, il demande de se couvrir correctement, notamment tôt le matin et la nuit et boire suffisamment d’eau pour éviter la déshydratation due à l’air sec. Le météorologue insiste surtout sur la protection des personnes vulnérables (enfants, personnes âgées, malades). Aussi, recommande-t-il à ceux souffrant de maladies respiratoires, d’éviter l’exposition prolongée au vent froid et de maintenir un bon niveau d’hygiène pour prévenir les infections liées à la sécheresse de l’air. Sans oublier de porter des masques contre la poussière et les risques de méningitique.
Son collègue, Bakary Mangané, chef bureau prévisions et alertes météorologiques à Mali-Météo, précise que cette fraicheur qui a débuté depuis le début du mois de novembre a évolué graduellement jusqu’à maintenant. Il estime que de façon générale, la climatologie du Mali montre que le froid débute le mois de novembre et peut évoluer jusqu’au mois de mars. «C’est à partir du mois de mars que le froid va commencer à se retirer progressivement pour laisser place à la saison chaude. Il est établi que la période du 1er novembre jusqu’au 15 mars, est considérée comme la période la plus fraîche au Mali de façon climatologique», souligne le spécialiste de la météo.
Cette descente du thermomètre, explique-t-il, comme pour confirmer les propos de son devancier, vient des pays tempérés pour atteindre les latitudes jusqu’aux au niveau de la bande sahélienne particulièrement le Mali ou de façon générale, la saison froide est beaucoup plus accentuée au Nord. «La rentrée de l’air frais-sec, débute depuis les régions nord du pays pour descendre progressivement vers les régions sud, en passant par les régions du centre (Mopti, Bandiagara et Douentza). En plus de Bamako, le froid évoluera également sur les autres régions ouest, notamment les Régions de Nioro, Nara, Kayes», prévoit Bakary Mangané. La fraîcheur se fera sentir plus le matin et au cours de la nuit. Elle sera accompagnée de vent pendant le reste du mois courant.
«Nous assisterons également à une alternance de temps ou des moments pendant lesquels, il fera très froid et moins froid et des moments ni chaud ni froids jusqu’en mi-mars», indique le spécialiste. Les conditions actuelles sont très favorables à certaines cultures de contre saison. À ce propos, Bakary Mangané conseille aux producteurs de miser sur les cultures maraîchères et la riziculture.
Makan SISSOKO