Depuis plus d’une semaine, l’accès du Stade Modibo Keïta donnant sur le dépotoir de la Commune II est littéralement pris d’assaut par des amas d’immondices. Les artères principales en sont restreintes à leur plus petite dimension et la fluidité des véhicules en est affectée au point d’occasionner des bouchons insupportables par ces temps de canicule et de jeûne collectif.
En cause, une société étrangère en deçà de ses engagements au Mali. Ozone, il s’agit d’elle, peine manifestement à assurer son cahier des charges. En début de semaine, le dépôt de transit à proximité de l’école primaire de Medina-Coura avait débordé d’ordures longtemps cumulés. Une partie de la route était occupée et tous les passages se négociaient sur l’autre moitié. Finalement, en milieu de semaine, le goudron était complètement inondé et il fallait se frayer un chemin jusqu’aux abords des marches du Stade Modibo Keïta. Cela est valable pour automobilistes et motocyclistes en provenance des deux sens (Marché Sugunni Kura et Ecole Liberté). Une situation qui prouve bien que la question de salubrité publique est loin d’être réglée. Déjà en avril dernier, les Bamakois faisaient face à une fronde des travailleurs de l’opérateur en charge de la question à savoir Ozone. Les employés avaient notamment déversés des ordures en Commune I ainsi que sur d’autres artères de la capitale malienne en guise de protestation.
Pourtant, depuis plus de 3 ans, les hautes autorités maliennes sont liées à la société marocaine Ozone par un contrat d’assainissement du District. Hélas, l’espoir s’est éteint avec la ville devenue de plus en plus sale. Or, selon les clauses du contrat rémunéré à coups de milliards, Ozone devait intervenir sur toute la filière de l’évacuation des déchets : des concessions aux dépôts de transit jusqu’à la décharge finale.
Le dépotoir en face du Stade Omnisports Modibo Keïta avait été en son temps interdit aux GIE, en plus d’être objet de controverses car contigu à l’école publique de Médina Coura. Il y a deux années environ, les parents d’élèves avaient même boycotté la rentrée scolaire avec à la clé des menaces de lynchage du maire Youssouf Coulibaly. Une démarche que beaucoup jugeaient proportionnelle à la taille démesurée des ordures, qui fait penser à la fameuse montagne du cimetière de Lafiabougou.
Quoi qu’il en soit, le décor en face du Stade Omnisports heurte autant qu’il interpelle les autorités communales et les députés de la Commune II. Hélas, d’aucuns semblent plus préoccupés à sécuriser leurs intérêts en dehors du pays, tandis que d’autres consacrent plus de temps à des tournées pré-électorales. Aux dépens notamment des pauvres populations des environs, éternelles perdantes des situations.
Idrissa Keïta