Avant la saison des pluies, les taxis même pris en course hésitaient à rentrer dans ces quartiers à cause des voies impraticables. Avec la saison des pluies, plus aucun d’eux ne s’y aventure, sauf si vous devez débourser le double du montant initial. Il n’existe pas de caniveaux pour une quelconque évacuation des eaux. Et quand il pleut, personne ne peut sortir car les eaux de ruissèlement peuvent vous emporter ou cacher de gros trous très dangereux. En cas de maladie, la situation devient vraiment intenable. De plus, dans ces quartiers il existe des problèmes récurrents d’approvisionnement en eau potable. C’est pourquoi la saison des pluies est à la fois un malheur et un bonheur. Bonheur, car il est facile de récupérer de l’eau de pluie pour les besoins quotidiens. Il ne reste plus qu’à chercher l’eau pour boire ; malheur, à cause des inondations. Le pouvoir public dit qu’il n’y a pas d’argent dans les caisses lorsqu’il s’agit de satisfaire les besoins urgents de la population.
La pluie n’est pas responsable des drames mais l’incurie du pouvoir public!
Si l’on ne dénombre pas encore des morts, depuis le début l’hivernage, il urge de s’inquiéter pour la vie des habitants dans ces quartiers, à cause des eaux stagnantes et des moustiques. Donc une porte de salut pour le paludisme et d’autres pandémies tel que la diarrhée et le Choléra. Et ceux qui en portent la responsabilité, ce ne sont pas les pauvres de ces bidonvilles qui sont obligés de se débrouiller comme ils peuvent pour se «loger»,parfois au risque de leur vie. Car les autorités de ce pays ne font rien pour que tout le monde puisse avoir un logement décent. Dans une société où existerait une justice pour les pauvres, les hautes autorités responsables de la gestion de la commune, de la construction et de l’assainissement devraient immédiatement répondre de leurs crimes ! Mais les employeurs portent aussi une grande part de responsabilité de ces drames car si des travailleurs sont contraints de loger leurs familles dans ces bidonvilles dangereux, c’est parce que les bas salaires qu’ils touchent ne leur permettent pas de se loger dans de bonnes conditions. Pour les riches et pour le gouvernement qui est à leur service, la vie des travailleurs et des populations pauvres ne compte pas beaucoup. De plus, ils ont le culot d’accuser les victimes de vivre dans des bidonvilles ! Et en cas de drame, les autorités n’ont rien à faire que de venir distribuer un peu de riz et du sucre. Mais ces populations pauvres des quartiers précaires ne réclament pas la charité ! Pour le pouvoir public comme pour l’ensemble des classes riches, la vie des classes pauvres ne pèse pas lourd jusqu’au jour où celles-ci réagissent collectivement et leur fassent peur. Ce qui est certain, c’est que les travailleurs et l’ensemble des couches pauvres ne peuvent défendre leurs intérêts (en matière de logements comme en matière de salaires) qu’en s’organisant collectivement. Ils ne doivent compter ni sur la charité des classes aisées ni sur les promesses fumeuses des politiciens et des autorités publiques.
Paul N’GUESSAN