La réduction progressive des ressources forestières et fauniques au Mali préoccupe plusieurs groupements, dont l’Association des Femmes forestières du Mali (Afoma). En atelier de formation sur certains textes dans leur domaine, elle a ouvert le débat sur la problématique. C’était vendredi 11 juin, à l’Agence de l’Environnement et du Développement durable (AEDD), en marge de la 22e édition de la quinzaine de l’environnement.
Une perte de plus 80 %. Un bilan lourd, mais bien réel. En 54 ans, la superficie des forêts classées au Mali est passée de 4 475 000 ha en 1960 à 788 111 ha en 2014, soit une perte de plus 68 000 ha par an, selon les données officielles.
Face à ces constats inquiétants, une cinquantaine de femmes forestières, au cours d’un atelier de formation sur certains textes juridiques dans leur domaine, vendredi, ont attiré l’attention des autorités sur l’état actuel des forêts au Mali.
Selon la présidente de l’association, Mme Kanouté Fatouma Koné, les ressources forestières et fauniques s’amenuisent de façon draconienne suite aux effets conjugués des facteurs anthropiques et naturels. Dans son intervention, elle a mis l’accent sur « la forte utilisation du bois et du charbon de bois comme énergie domestique, estimée par certaines sources à plus de 400 000 ha/an, les défrichements agricoles anarchiques, la forte pression pastorale, les feux de brousse et les effets néfastes du changement climatique ».
La recherche et l’exploitation minière avec environ 11 mines et plusieurs champs d’orpaillage, l’expansion démographique, et l’insuffisance d’agents d’encadrement sont d’autres facteurs soulignés par Mme Kanouté Fatouma Koné, qui pèsent sur les ressources forestières et fauniques au Mali.
« Cette situation entraine et continuera…à aggraver le taux de la pauvreté, la faim, l’accroissement des méfaits du changement climatique et l’amplification des conflits sociaux, des maladies et des déplacements », a-t-elle alerté. Elle poursuit en reconnaissant que « Malgré les efforts consentis par les entreprises et le gouvernement du Mali, des difficultés persistent face à l’enjeu de la gestion durable des ressources forestières et fauniques ».
La présidente de l’Afoma soutiendra qu’il est impérieux « de mener des réflexions et surtout de prendre des mesures idoines en vue d’inverser la tendance de la dégradation. Car il n’est jamais trop tard pour mieux faire ».
Pour leur part, l’Afoma a mené plusieurs différentes actions depuis sa création, en 2016, en faveur de la protection de l’environnement, a indiqué sa présidente. Selon l’association, ces actions ont porté, entre autres, sur le rebouchage d’anciens sites d’orpaillage, l’information, la formation et la sensibilisation des populations sur les changements climatiques, l’enrichissement de forêts classées et de massifs forestiers.
La formation d’échange a enregistré la participation de la direction nationale des eaux et forêts. L’Association des femmes forestières du Mali s’est outillée sur la loi n°02-017 du 3 juin 2002 régissant la détention, le commerce, l’exportation, la réexportation, l’importation, le transport et le transit des spécimens d’espèces de faune et de flore sauvage, connu sous le nom Cites. Elle s’est également mise sur le décret 2018-0079/P-RM du 29 janvier 2018 fixant le détail des compétences de l’Etat transférées aux collectivités territoriales en matière de gestion des ressources forestières et fauniques.
Kadiatou Mouyi Doumbia