La quinzaine de l’Environnement reprend ses droits après une hibernation d’une année. Notre pays, de par cette 14e édition prévue du 4 au 18 juin, veut accorder davantage d’attention à la protection de nos maigres ressources naturelles et à l’amélioration du cadre de vie à tous les niveaux. C’est tout les sens de l’interview que nous a accordé Mamadou Gakou, le directeur général de l’Agence de l’environnement et du développement durable.
L’ENQUETEUR : La 14e édition de la quinzaine de l’environnement se tient en une période particulière de la vie du Mali. Cela a-t-elle eu une influence quelconque sur son organisation ?
DG AEDD : Chaque année notre pays célèbre le 05 juin la journée mondiale de l’environnement et le 17 juin la journée internationale de lutte contre la désertification à l’instar de tous les pays. Puisque ces deux journées ont été instituées par l’organisation des nations unies pour réfléchir sur les questions environnementales, au Mali ces quinze jours sont mis à profit pour l’information et la sensibilisation sur les mesures de protection de l’environnement. Effectivement, les années se succèdent mais ne se ressemblent pas. L’an passé il n’y avait pas eu assez d’activités contrairement à cette année où le programme est étoffé. Il faut dire que ledit programme a été établi par une commission institué par le gouvernement, appelée la commission nationale d’organisation de la quinzaine de l’environnement.
L’ENQUETEUR : Y a-t-il une corrélation entre le programme et les thèmes sous lesquels sont placées les journées du 05 et du 17 juin ?
DG AEDD : Le programme a été élaboré en tenant compte des deux thèmes retenus par le programme des nations unies de l’environnement. Le thème de la journée mondiale de l’environnement est « Pensez-Manger- Préserver ». Celui de la journée internationale de lutte contre la désertification est « Ne laissez pas ton avenir se tarir ». Il s’agit de pouvoir faire face aux défis, de satisfaire les besoins de plus en plus grandissantes des populations, sans pour autant dégrader les éléments de l’environnement. Car ce sont ces éléments qui soutiennent la production.
L’ENQUETEUR : Le thème de la journée mondiale de l’environnement est « Pensez-Manger- Préserver ». En quoi un tel thème nous interpelle-t-il?
DG AEDD : Au Mali, nous avons une économie qui est basée sur l’agriculture, l’élevage et la pêche; donc une économie basée sur le secteur primaire. C’est dire que notre économie est tributaire des ressources naturelles, de l’environnement, de la terre. Donc, il faut nécessairement qu’on tienne compte de l’état de santé de nos terres, de nos cours d’eau et de nos arbres pour pouvoir soutenir cette productivité agricole. Ceci est d’autant plus important que nous avons encore la majorité des paysans qui utilisent la fertilité naturelle pour installer de nouveaux champs. Les cours d’eau également sont agressés. Donc, tous les actes que nous posons en termes de production, de consommation et de commercialisation doivent avoir des liens les uns avec les autres.
L’ENQUETEUR : Quelles sont les activités qui seront menées durant la quinzaine qui se rapportent au thème « Pensez-Manger- Préserver » ?
DG AEDD : Je vais prendre l’exemple des journées scientifiques. Nous allons organiser deux journées. Pendant la première journée, il s’agira d’échanger sur la problématique de la sécurité alimentaire. La problématique de la sécurité alimentaire n’est pas une question de productivité ni de rendement agricole mais une question de préservation et de satisfaction des besoins. Nous avons un autre thème qui est le changement climatique. Tout le monde sait quel est l’impact du changement climatique sur la productivité agricole et sur l’économie des différents pays. Nous allons voir quels sont les types de résiliences que nous pouvons ramener en termes de connaissances et d’initiatives, pour pouvoir mettre à l’abri nos ressources naturelles, mettre à l’abri nos productions agricoles, mais aussi les autres types de production qui vont dans le sens du développement durable.
L’ENQUETEUR : En prélude à la quinzaine, vous avez animé le 28 mai une conférence de presse à la maison de la presse. Conférence au cours de laquelle vous avez annoncé une série de formations, de dons et la disponibilité d’un fonds baptisé fonds climat Mali. Pouvez-vous nous donner un peu plus de détails sur ces rubriques cités plus haut ?
DG AEDD : En effet, une activité de formation sur l’utilisation de GPS est prévue, des matériels d’assainissement seront distribués au service social des armées et des foyers améliorés seront remis aux femmes de la région de Kidal dans la perspective de leur retour. Nous avons aussi lancé un concours sur le développement durable axé sur les questions de l’efficacité énergétique dont la date limite de participation est prévue pour le 28 juin. Pour ce qui est du fonds climat Mali, il faut dire que le Mali et l’Ethiopie sont les seuls pays en Afrique à l’avoir mis en place. Pour ce qui est pour notre pays, le fonds a été mis en place le 16 janvier 2012. Suite à cela un protocole d’accord a été signé entre le Mali et le fonds multipartenaire du programme des nations unies pour l’environnement. Pour la gestion dudit fonds, un comité climat est mis en place, au sein duquel est tiré un comité de pilotage pour gérer effectivement le fonds. C’est à ce comité qu’il revient la charge de voir qui peut en être bénéficiaire. Une remarque importante à ce niveau. Les organisations internationales peuvent accéder au fonds mais à la condition d’appuyer une organisation nationale. Le comité de pilotage est composé de 5 représentants des services techniques, 3 représentants de la société civile et 5 représentants des PTF qui interviennent dans l’environnement au Mali.
L’ENQUETEUR : La journée internationale de lutte contre la désertification est placée sous le thème de « Ne laissez pas ton avenir se tarir ». Est-ce que le thème n’est pas trop fort ?
DG AEDD : Si on regarde de façon pratique les choses, on peut dire que ce n’est pas fort. Aujourd’hui, il y a des villages qui se sont déplacés par manque d’eau, par manque de terres de culture, je dirai que ces villages ont vu leur avenir se tarir. Personne ne voudrait quitter son village, là où vous êtes né, là où vos parents sont nés, là où se trouve votre culture, le bois sacré, etc. Donc le thème du 17 juin, c’est pour sensibiliser toutes les opinions sur cet état de fait. La désertification est liée aux activités de l’homme à savoir les mauvaises pratiques d’utilisation des terres, les mauvaises pratiques d’utilisation des eaux, les mauvaises pratiques d’utilisation du pâturage, c’est l’effet conjugué de tout cela qui amène la dégradation des ressources naturelles et des terres. Le tout accompagné par l’érosion hydrique, éolienne par le décapage des terres arabes. Donc finalement, si les conditions biologiques n’existent plus, la production n’est plus possible. L’avenir en ces lieux devient très difficile. Voilà, je pense que le thème essaie de sensibiliser l’opinion sur cet état de fait.
Ange De VILLIER
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