Il y a tout juste une dizaine de jours, que le Ministre de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement Durable a effectué une opération « coup de poing dans la forêt du Kenie-baoulé. Cette opération lui a permis de constater les dégâts causés à la forêt du Kenié-baoulé. Des dizaines de fours en feu, des centaines d’hectares dévastés par les tronçonneuses, des centaines de sites de résidence des bucherons de bois, ont été démasqués dans cette forêt. Cette opération a été possible, grâce à la collaboration de l’Association des Chasseurs, de l’Association, pour la protection et la sauvegarde des Monts mandingues (ASMOMA-MALI), la mairie et les populations, toutes exacerbées par la déforestation de leurs forêts. Nous savons qu’au Mali les ressources forestières et fauniques très variées et diversifiées constituent pour la population des sources d’alimentation, de médicaments, d’énergie, de fertilisants pour l’agriculture, de ressources fourragères, de matières premières pour l’industrie et pour l’artisanat, de produits cosmétiques et odorants, de supports culturels et touristiques, etc.
La forêt des Monts Mandingues a été classée par arrêté N°2340 SR/F 20 juillet 1936 puis agrandie par l’arrêté du 20 Décembre 1946. Elle a une superficie de 14572 Ha de plantations et 5000 Ha de zone de conservation de diversité biologique. Elle est localisée dans les cercles de Kati et Kangaba, Région de Koulikoro au Sud-Ouest de Bamako. Jadis impénétrables et regorgeant un répertoire de la diversité biologique, les forêts autour des Monts Mandingues subissent aujourd’hui de plein coup de fouet les activités de déforestation. Il en est de même pour la réserve du kenié-Baoulé vaste de 67.500 ha, la forêt classée de Talikourou vaste de 13.500 ha. On assiste aussi à une perte de la diversité biologique sous les effets conjugués de facteurs complexes d’ordre climatique, notamment les sécheresses récurrentes aggravant la désertification, et d’ordre anthropique tels que le défrichement, l’exploitation anarchique, la pression agricole, la pauvreté. Le surpâturage lié à l’élevage extensif et à leurs mouvements de transhumance Nord-Sud dont les amplitudes sont de plus en plus grandes constitue également une menace pour la biodiversité. Il est urgent de trouver des voies et moyens pour assurer une exploitation durable des ressources naturelles et préserver la diversité biologique autour de cette forêt. D’où l’engagement de Madame la ministre KEITA Aida M’Bow et ses services forestiers.
Une autre zone est concernée par la déforestation massive, il s’agit de la commune de Sobra. Les villages qui pratiquent cette activité sont Sandama, Sorokoro-coura, Kolenda et Nafadji. Des centaines de tonnes de charbon quittent toutes les semaines, cette zone pour Bamako. Aucun agent forestier n’arrive dans cette zone et les usines de charbon se multiplient à une vitesse étonnante faute de surveillance.
Même si le nombre d’Agents en poste à Nana-kéniéba n’est que de deux, le Ministère doit faire des efforts supplémentaires pour étoffer l’effectif à huit et d’agrandir le camp forestier de Nana-keniéba. Il faut signaler aussi qu’entre Nana-Kéniéba et Figuira, il y a plus de mille tronçonneuses dans la zone dont une bonne partie appartiendrait à des bûcherons en provenance de Bougouni.
Voici donc la problématique de la protection des forêts dans cette zone. Il semble exister un manque de mécanisme pour responsabiliser les autorités locales et les populations dans la gestion de leurs forêts. Une formation et ou une sensibilisation à la télévision nationale sont nécessaire pour faire comprendre aux communautés leurs rôles dans la préservation du couvert végétal Madame la Ministre doit s’investir dans ce sens pour réussir sa mission surtout qu’il y a quatre ans, deux éléphants et un éléphanteau ont vécu dans cette forêt pendant un hivernage. Ce qui peut être un signe réconfortant lorsque les tronçonneuses vont se taire dans les forêts au Mandé.
Envoyé Spécial
Seydou DIARRA