Il y a juste deux mois, le 16 mai dernier, que la ville de Bamako était frappée par une grande inondation, qui a causé des pertes en vies humaines et d’importants dégâts matériels. Après le deuil, des mesures urgentes ont été prises comme l’accélération du curage des caniveaux et le nettoyage des collecteurs. Mais, des accusations mutuelles ont fait surface. Et deux causes ressortent toujours des débats, l’incivisme et l’anarchie.
« Nous payons nos taxes et impôts, mais regarde ce caniveau rempli qui déborde sur la chaussée. Pis, c’est tout ça qui provoque des inondations. Nos maires ne font pas leur boulot », vocifère Lassina Traoré, promoteur d’un lavage auto-moto à Kalaban-coura.
Un avis que Adama Konaté, 3ème adjoint au maire de la commune V et chargé du cadre de vie ne partage guère. Selon le maire, la commune V, à l’instar des autres commune de la capitale, a bénéficié d’une grande opération de curage de caniveaux, de nettoyage des collecteurs et d’évacuation des dépôts d’ordures sauvages. Une initiative urgente amorcée par la Cellule Technique et d’appui aux Collectivités (CTAC) et la Direction Nationale des Routes (DNR), soutenue par la mairie. Selon le maire, de nos jours, 5 grands dépôts sauvages d’ordures situées dans les quartiers de Sabalibougou, Daoudabougou et Kalaban-coura sont déjà évacués et il ajoute que l’opération de curage va bon train.
En ce qui concerne les causes de l’inondation du 16 mai, qui a fait 3 victimes en commune V du district en plus des énormes dégats matériels, M. Konaté pointe du doigt l’incivisme de la population. «Les causes sont liéées à nos comportements. Imaginez, les gens se plaisent, dès qu’il y a pluie seulement, à se servir des collecteurs naturels comme dépôts d’ordures ». A l’entendre, les citoyens refusent de s’abonner auprès des GIE (Groupement d’Intérêt Economique) qui se chargent de l’évacuation des ordures ménagères vers les dépôts de transit. Alors, à chaque fois qu’une occasion de pluie se présente, ils deversent leurs immondices dans les caniveaux et collecteurs. Une pratique qui bouchent naturellement les fossés.
Amadou Traoré dit Amasoft, un photographe, accuse les constructions anarchiques, « les gens indexent les caniveaux, mais il faut savoir que la quantité de pluie que nous recevons au Mali, quoi qu’il en soit, les caniveaux peuvent les contenir. Le problème, c’est d’abord les constructions anarchiques ». Une affirmation attestée par les données des services techniques de la mairie de la commune V, qui ont répertorié 278 bâtiments à moins de 10 m des servitudes des collecteurs naturels. Ce sont les zones abritant ces bâtiments, qui violent les normes, qui ont été les plus touchées, selon la mairie.
Pour ce photographe, qui a perdu, lors de ces inondations, des matériels d’une valeur d’environ 3 millions de F CFA dans son studio, où tout a été englouti par les eaux, chacun doit assumer son manquement au lieu d’accuser toujours les autres.
« Aimer son pays, c’est respecter ses principes », d’après le maire Adama Konaté. Alors, Etat, élus locaux, citoyens, que chacun assume ses responsabilités et respecte les principes établis pour qu’on puisse éviter un autre 16 mai 2019. A bon entendeur….
Harouna KONE