Dans une enquête du journaliste Stéphane Mandard du journal Le Monde, il est fait état du déversement sur le continent africain, de tonnes de pesticides ultra dangereux, interdits en Europe et produits en France en 2020.
« Je vais vous expliquer comment en France, en 2020, en continue à produire des pesticides ultra dangereux, interdits en Europe, pour les écouler dans les pays du tiers-monde », assure le journaliste dans une vidéo publiée récemment..
Dans l’enquête réalisée récemment sur cette affaire, Stéphane Mandard révèle des « informations assez incroyables », notamment sur des pesticides considérés comme dangereux, qui sont interdits à la vente, aujourd’hui en France et dans l’Union Européenne, mais que « a France continue à fabriquer pour les vendre dans des pays en développement…. ». Et le journaliste enquêteur d’expliquer que ce n’est pas des petits pesticides qu’on emploie de façon anodine dans les jardins de monsieur tout-le-monde. C’est des pesticides qui sont plus toxiques au monde. ». Et d’ajouter que le pesticide le plus connu, c’est ce qu’on appelle l’atrazine. Il assure que c’est un pesticide qui est utilisé beaucoup dans les champs de maïs et c’est interdit depuis 2003 au niveau européen, parce que c’est une molécule qui a des conséquences sur le développement intra-utérin. Il serait reprotoxique et génotoxique, c’est-à-dire qu’il peut avoir des répercussions sur le développement d’un fœtus, ou ensuite, sur des points de QI en moins pour un enfant. C’est vraiment la molécule la plus connue.
A la question de savoir si cette atrazine est toujours fabriquée en France, Stéphane Mandard répond par l’affirmative tout en précisant qu’il y a il y a 19 sites en France, qui tous les jours, produisent ces pesticides interdits Avant de confier que ses sources ne donnent pas les noms des villes ou campagnes abritant ces sites de fabrication.. « C’est tenu secret. J’ai posé la question à ces producteurs pour savoir quelle quantité et où ? Ils n’ont pas voulu me répondre. Ils se réfugient derrière le secret des affaires », a-t-il indiqué.
Interrogé sur les pays concernés par ces exportations de produits dangereux, il répondra qu’il s’agit évidemment de ce qu’on appelle les pays en voie de développement ou les pays émergents. « Les pays à faible revenu, les pays africains comme le Mali, le Bénin, le Togo, la Tanzanie, aussi l’Amérique latine, l’ex bloc d’Union Soviétique, parce que les règlementations ne sont pas les mêmes qu’au niveau de l’Union Européenne, c’est beaucoup plus lâche, c’est beaucoup moins de contrôle et les personnes, qui utilisent ces produits souvent, n’ont pas les protections adaptées, voire n’ont pas de protection du tout. Donc, sont vraiment exposées massivement à ce danger, avec des cas de mortalité directe. Donc c’est très très dangereux pour les populations qui l’utilisent. Parmi ces populations qui l’utilisent, les travailleurs, on trouve des hommes, des femmes aussi beaucoup d’enfants », a-t-il révélé.
Et de laisser entendre que les fabricants eux, ne réfléchissent pas en terme de morale. « Ils réfléchissent en terme de business. La seule valeur qui est mise en avant par les fabricants, c’est la liberté d’entreprendre. Il n’ya pas du tout de prise en compte de la santé des populations, qui peuvent travailler avec ces produits ou être exposés, parce qu’ils vont consommer une alimentation contaminée par ses substances toxiques. D’ailleurs, l’ONU dans un rapport sur l’alimentation, a noté que cette pratique est une violation des droits de l’homme ».
Et de marteler que la France participe donc à la violation des droits de l’homme, comme le souligne l’ONU. Non sans souligner que « sous la pression de plusieurs associations, les députés français ont voté une loi qui interdit la production de ces pesticides dangereux à partir de 2022, en France ». Difficile de vérifier si cette production a cessé en ce début d’année 2022, surtout qu’il y a des lobbying qui peuvent agir dans le sens contraire.
« Dès que cette loi a été promulguée, même avant, puisqu’ils étaient au courant que cette loi était en discussion, il y a eu un lobbying intense, acharné jusqu’au plus haut sommet de l’Etat avec des échanges de courriers, qui ont été envoyés à Emmanuel Macron, qui ont été envoyés au Premier ministre, Edouard Philippe, qui ont été envoyés au ministre de l’Economie, au ministre de l’Agriculture évidemment….. », confie M. Mandard. « On se rend compte que les démarches du lobby des pesticides trouve une oreille très attentive au plus haut sommet de l’État…. », dénonce-t-il. La question qui se pose est de savoir si cette production a pris fin ou si elle se poursuit dans une certaine clandestinité.
Abréhima GNISSAMA