Dans le cadre de la Quinzaine de l’environnement 2014, la Salle de conférence de la Mairie de Ségou a abrité une séance d’échanges entre les experts chargés des questions de l’environnement et le Conseil national des jeunes sur l’implication des jeunes dans les actions d’assainissement de la ville de Ségou. La rencontre s’est rapidement transformée à un plaidoyer pour l’environnement, mais aussi en espace d’interpellation de l’Etat afin qu’il joue pleinement son rôle dans le respect et l’application des textes dont il s’est doté dans le domaine de la protection de l’environnement et du cadre de vie.
Quoi qu’on dise et quoi qu’on fasse, l’Etat est, et restera le premier acteur de promotion et de protection de l’environnement, parce que seul détenteur de la puissance publique ayant la capacité de faire respecter les différents instruments juridiques dont il s’est doté à cet effet. Sans oublier que lui seul peut décider des sanctions à appliquer contre les citoyens ou les préleveurs indélicats. En tout cas, c’est ce qui est ressorti des débats du 16 juin 2014, à la Mairie de Ségou. Alassane Boncana Maïga, Directeur national des eaux et forêts du Mali, a estimé que la dégradation de l’écosystème est le fait essentiellement de l’homme. Il a indiqué que le phénomène s’est accéléré depuis la grande sécheresse de 1973. Avant de dire qu’il va falloir trouver une alternative au fait qu’au Mali 90% des ménages fonctionne sur les ressources forestières comme source d’énergie.
Pour sa part, Modibo Diallo, Directeur national de l’assainissement et de la lutte contre la pollution et les nuisances, a invité les maliens à ne pas attendre pour assainir leur environnement « N’attendez personne pour venir nettoyer votre cadre de vie », a-t-il indiqué. Avant d’ajouter que si chacun balayait devant sa porte, les rues seront propres, et les quartiers suivront pour donner un meilleur aspect à nos villes. Sur un autre aspect, Adama Tiémoko Diarra, Directeur général de la SOMAPEP-SA, après avoir développé l’objectif de la création de la SOMAGES-SA et de la SOMAPEP-SA, a déclaré que « la dégradation des ressources en eau est très regrettable ». Selon lui, les ressources en eau au Mali sont essentiellement dégradées par les activités d’orpaillages et les activités industrielles. Il a estimé qu’au Mali on a suffisamment d’eau. Selon lui, le revenu en eau au Mali est estimé à 8000 m3 par an, alors que la norme internationale est de 1000 m3. Pour cela, il dira que le Mali n’est pas en pression hydrique, même s’il y a un problème de répartition sur le territoire. « On a l’eau en quantité au Mali, mais il faut prendre des dispositions urgentes pour ne pas polluer les cours d’eau du pays », a-t-il indiqué. « Nous sommes obligés de mettre à la disposition des populations maliennes de l’eau potable, conformément aux exigences de l’OMS. Mais, aujourd’hui, il faut reconnaître que nous faisons face à un véritable problème de pollution des ressources en eau du pays, qui nous oblige à dépenser trois fois plus pour avoir l’eau de bonne qualité », a indiqué Abdrahamane Dembélé, Directeur général adjoint de la SOMAGES-SA. Selon lui, si on peut reprocher l’indifférence environnementale aux populations maliennes, il pense que cela est aussi valable avec beaucoup d’acuité pour l’Etat. « Le Mali a des nombreux textes qui devraient nous permettre de ne pas polluer le fleuve Sénégal, le fleuve Niger et les nombreux cours d’eau », a-t-il estimé. Avant d’indiquer que plus les populations polluent, plus la SOMAGES-SA aura des difficultés pour le traitement de l’eau. Très déçu de l’inobservation des textes au Mali, il dira qu’au Mali, il n’y a vraiment pas d’industries qui ont une station de traitement. Mais, il reste convaincu que l’Etat a un rôle important à jouer. « Mettons tout en œuvre pour préserver ce que nous disposons en terme de ressources en eau », a-t-il conclu. Dans la même veine, Mohamed Lamine Sissoko de l’Agence nationale de gestion des stations d’épuration du Mali (ANGESEM), avec beaucoup plus de pertinence, a posé le problème de la qualité de la ressource en eau au Mali. Selon lui, il y a de l’eau au Mali, mais il y a des problèmes sérieux de la qualité. Par exemple, il dira que 80% des puits de Bamako sont pollués à partir des eaux des toilettes. « L’eau était traitée à travers les puisards, mais aujourd’hui les eaux de toilettes sont déversées dans les caniveaux et vont directement dans le fleuve », a-t-il indiqué. Si le Mali veut se mettre à l’abri de maladies incurables dues à la consommation d’eau polluée, l’Etat doit rapidement prendre des dispositions pour éviter la pollution de la ressource et sanctionner de façon exemplaire les contrevenants.
Assane Koné
La protection de l’environnement notamment l’assainissement est un enjeu politique majeur au Mali. La Constitution du 25 février 1992 en son article 15 dispose que « Toute personne a droit à un environnement sain. La protection, la défense de l’environnement et la promotion de la qualité de la vie sont un devoir pour tous et pour l’Etat ».
En cohérence avec cette nouvelle Constitution, le Mali a élaboré en 1998 la Politique Nationale de Protection de l’Environnement (PNPE) qui met en avant la nécessité d’« améliorer le cadre de vie des populations rurales et urbaines, et l’élaboration d’une Politique Nationale d’Assainissement (PNA) ».
Malgré les efforts fournis jusque là par le gouvernement à travers de nombreux programmes et projets mis en chantier et son inscription dans le CSCRP, le secteur de l’assainissement au Mali rencontre d’énormes difficultés dues à la multiplicité des intervenants et acteurs, à l’insuffisance de coordination et l’incohérence des actions. Ce qui, dans les faits, a contribué à limiter la performance globale de l’assainissement.
Aussi, pour l’atteinte des Objectif du Millénaire pour le Développement (OMD) à l’horizon 2015 : un million de personnes par an doivent avoir accès à un assainissement amélioré en milieu rural et un milieu urbain ce qui constitue un défi pour le Mali à relever.
Par conséquent, Il s’avère impérieux de disposer d’une PNA qui sert de cadre de référence pour l’ensemble des acteurs concernés. Cela va permettre d’harmoniser les approches, de fédérer les énergies et de susciter le soutien des Partenaires Techniques et Financiers(PTF).
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