La restauration environnementale de la région pétrolière d’Ogoniland au Nigéria pourrait s’avérer être l’exercice de dépollution le plus long et de plus grande ampleur au monde, si l’eau potable, les sols, les criques et d’autres écosystèmes contaminés doivent être ramenés à un état de pleine santé, d’après ce qu’indique des Nations Unies publié la semaine dernière.
Il pourrait falloir jusqu’à 25 à 30 ans, avec un investissement initial d’un milliard de dollars pour les cinq premières années, afin de nettoyer la pollution créée par plus de cinquante ans d’activités pétrolières dans le Delta du Niger. Cette pollution va de l’impact « catastrophique » sur la végétation des mangroves à la contamination de puits par des produits chimiques potentiellement cancérigènes dans une région comptant près d’un million d’habitants.
L’évaluation indépendante scientifique, menée par le Programme des Nations Unies pour l’Environnement sur une période de quatorze mois, a montré une pollution plus importante et plus profonde que ce qui avait été évalué précédemment. L’équipe d’investigation du PNUE avait passé au crible 200 sites, 122 kilomètres de pipelines, 4000 échantillons de sol et d’eau, 5000 bilans médicaux et engagé 23 000 personnes dans des réunions de communauté locale.
« Le PNUEhttp://www.dictionnaire-environnement.com/programme_des_nations_unies_pour_environnement_pnue_ID336.html espère que ces découvertes pourront rompre les nombreuses années d’impasse pour la région et fournir les bases sur lesquelles la confiance pourra être reconstruite et des actions entreprises pour remédier aux multiples questions liées à la santé et au développement durable ,auxquelles sont confrontées les populations à Ogoniland » a déclaré le Directeur Exécutif du PNUE, Achim Steiner.
« En plus, le rapport donne un modèle de la façon dont l’industrie pétrolière et les autorités publiques de régulation, pourraient agir de manière plus responsable en Afrique, à une époque de production et d’exploration accrues dans de nombreuses régions du continent ».
Le rapport, intitulé « Evaluation Environnementale d’Ogoniland », propose la création d’une Autorité de Restauration Environnementale d’Ogoniland dès que possible, avec une injection initiale de capital d’un milliard de dollars, de la part de l’industrie pétrolière et du Gouvernement, pour couvrir les cinq premières années du projet de nettoyage.
Il propose également la création d’un centre de gestion des sols, avec des centaines de mini-centres pour traiter le sol contaminé et fournir des centaines d’opportunités d’emplois.
Le rapport recommande également la mise en place d’un centre pour promouvoir l’apprentissage et en faire bénéficier ainsi les autres communautés impactées par la contamination pétrolière dans le Delta du Niger et dans d’autres régions du monde.
L’étude a montré que certaines zones, qui semblent préservées en surface, sont en réalité gravement contaminées au niveau souterrain, et recommande une action pour protéger la santé humaine sans délai. Dans au moins 10 communautés dans lesquelles l’eau potable est contaminée avec des taux élevés d’hydrocarbures, la santé publique est gravement menacée.
Dans une communauté, Nisisioken Ogale, près d’un pipeline de la Compagnie Nationale du Pétrole du Nigéria, les familles boivent de l’eau provenant de puits contaminé au benzene, un cancérigène avéré, à des taux plus de 900 fois supérieurs aux seuils recommandés par l’Organisation Mondiale pour la Santé (OMS).
Le rapport indique que l’impact du pétrole sur les mangroves a été catastrophique, contaminant notamment les lieux de reproduction des poissons. Malgré cela, la consommation de poissons ne semble pas poser un risque pour la santé
Cependant, les communautés Ogoni sont exposées aux hydrocarbures au quotidien par le biais de multiples vecteurs. Tandis que l’impact des sites terrestres contaminés est relativement facilement identifiable, la pollution de l’air associée aux activités de l’industrie pétrolière affecte la qualité de vie de près d’un million de personnes et est difficilement identifiable.
Source, Pambazuka- News
Moussa E Touré, juriste de l’environnement et de la santé, Tél : 76383729, E-mail : moussatoure26@yahoo.fr