Le président directeur général du groupe Ozone, Aziz El Badraoui a effectué une visite en fin janvier à Bamako. Objectif : donner un nouveau souffle au contrat de prestation de la société au Mali, qui sera relu bientôt.
“Révolutionner le secteur de l’assainissement à Bamako”, est l’objectif qu’Ozone-Mali veut atteindre. Ce changement est attendu sur plusieurs volets : la structuration du contrat, l’équipe d’encadrement, les sociétés prestataires et des conditions de travail des agents de terrain.
Le mode de prestation connaitra de même une amélioration. Il sera désormais basé selon le Président directeur général (PDG) du groupe Ozone, Aziz El Badraoui “sur l’obligation de résultats”.
Pour ce faire, le groupe annonce de grands projets qui vont au-delà de son contrat délégué de propriété de Bamako qu’il a signé en septembre 2014. Le PDG de la société s’est expliqué sur ce choix au cours de son échange jeudi à Bamako.
“Nos cinq années de présence sur le terrain à Bamako nous ont montrés que si tu ne cernes pas la problématique dans sa globalité, tu ne peux pas réussir la problématique de gestion des déchets à Bamako”. Pour lui, il faut prendre les choses en main dans leur globalité et les gérer d’une manière homogène.
Finis les cauchemars
La première phase de ce projet Ozone Mali concerne d’abord l’aménagement et la gestion des grands dépôts de transit dans la ville que sont Lafiabougou (en Commune IV), Darsalam (Commune III), Médine (Commune II) et Raida au grand marché (en cours de validation).
Pour l’aménagement du dépôt de transit de Lafiabougou, le résultat est là, aux dires de M. Badraoui. “C’est fini le cauchemar de la montagne de déchets Kilimandjaro. Le centre de Lafiabougou c’est un projet de 400 millions de F CFA qui consiste déjà à l’évacuation des déchets qui existaient. On a commencé cette opération en coordination avec le ministère de l’Assainissement et de l’Administration territoriale. Les travaux ont commencé en période pluviale avec beaucoup de difficultés, mais on a pratiquement envoyé le tiers des déchets vers la décharge finale de Noumoubougou. Le gouverneur du district et la Commune IV nous ont assistés dans cette opération. La clôture est terminée. L’aménagement prendra une vingtaine de jours encore et ensuite on passera aux équipements”, indique-t-il.
Pour le contrôle de l’accès au dépôt de Lafiabougou, la société travaille selon l’intervenant avec des sociétés maliennes. “Tout se fait en présence d’un superviseur et d’un GIE qui gèrent les travaux sur place”.
Les travaux d’évacuation des déchets se poursuivront tout comme des travaux d’aménagement d’après le PDG. Pour Lafiabougou, la société envisage aussi d’utiliser dans la deuxième phase une partie de l’espace en parking pour le cimetière qui se trouve en face du dépôt. L’autre partie sera aussi reverdie en jardin.
Les mêmes travaux ont été faits au dépôt de transit de Darsalam et ils se poursuivront sur le site de Médine. Ce dernier, un projet de 260 millions de F CFA, est réalisé aussi sur fonds propres d’Ozone Mali, assure-t-il.
Quant à la gestion de ces centres, la société annonce qu’il sera mis en place sur chaque dépôt de transit, une direction avec des directeurs techniques. Cette dernière va gérer le centre des opérations sur place. La tâche d’Ozone, quant à elle, sera de superviser et de gérer les opérations d’évacuation, de vidage et d’entretien du site.
Dans cette coordination, la filiale Ozone Mali va travailler avec une dizaine d’associations communautaires pour assurer la pérennité des projets, ajoute le président directeur général.
“On aura besoin d’elles”
Dans la dynamique du redémarrage de son contrat, la société déléguée de propriété de Bamako prévoit d’investir plus de deux milliards F CFA en équipements. Pour le départ, 19 engins vont épauler les opérations d’évacuations des déchets.
Quel est le sort réservé donc aux trieuses de déchets qui vivent aussi de ce métier ? Pour la bonne poursuite des travaux, elles ne peuvent pas rester sur les lieux, explique le PDG. Pour aller où ? “Ozone ne prend pas en charge cette année”, répond-t-il, mais “à la longue, ils peuvent trouver une solution”, on aura besoin de ces gens dans le grand projet de centre de trie. Je promets de les intégrer tous dans le centre pourvu qu’ils travaillent”.
L’installation du centre de tri avec un centre de formation aux métiers de l’environnement à Noumoubougou est l’un des grands projets que compte réaliser Ozone-Mali dans son contrat relu.
Le centre sera financé sur fonds propres par la société. Il est un projet phare du groupe Ozone en Afrique, affirme Aziz El Badraoui. “C’est une véritable révolution du contrat d’Ozone Mali. Les matériels ont été commandés et achetés en Allemagne”.
Si pour l’heure, le projet n’attend que la désignation de l’endroit qui va abriter le centre, son installation va impacter positivement sur le taux de chômage des jeunes selon les données avancées par la société. Ce centre préfabriqué de trie, une fois fonctionnel, devrait embaucher 250 personnes en emplois directs. Un nombre qui s’ajoute aux 1 387 agents travaillant présentement pour la société. Les discussions sont en cours au niveau du gouvernement, informe Aziz El Badraoui. “Ce sont des investissements trop lourds qui demanderont du temps. Peut-être l’un des points de la relecture du nouveau contrat se portera aussi sur la durée du contrat au renouvellement”.
D’autres changements sont prévus du côté des sociétés de placement qui mettent à la disposition de la société des agents. Ozone veut élargir sa base de prestataires à six sociétés. Actuellement elle sous-traite avec deux sociétés.
Le redémarrage et la restructuration d’Ozone Mali va se porter aussi sur le contrôle des équipements réalisés et des agents de terrain. Ozone va passer à des badges pour différencier les agents de chaque société prestataire et contrôler le respect du port des tenues.
Optimiste
Qualifiée “de décisive” pour donner un souffle à leur prestation de service au Mali, la relecture du contrat d’Ozone Mali réchauffe d’autres questions dont la situation des factures non payées de l’Etat malien à la société. Le global s’élèverait à plus de 23 milliards de F CFA, selon ses responsables.
Pour son PDG, Ozone reste optimiste pour le payement des arriérés. “On a reçu des promesses sérieuses de régularisation de nos arriérés, c’est pourquoi on s’est engagé et même à résoudre des problèmes qui ne sont pas dans la prestation des services d’Ozone au Mali”.
Kadiatou Mouyi Doumbia