L’impact des 9 milliards de F CFA promis chaque année par l’Etat malien et la Mairie du District de Bamako à la société de nettoyage marocaine Ozone Mali n’est toujours pas assez visible dans les rues de Bamako. Après cinq ans de présence d’Ozone Mali, Bamako reste, toujours, une ville sale. Mais, ce tableau peu reluisant ne peut être endossé par la seule société Ozone Mali qui réclame à ce jour un cumul de factures impayées estimé à plus de 17 milliards de F CFA à ses employeurs que sont l’Etat du Mali et la Mairie du District.
La société marocaine Ozone Mali, arrivée en septembre 2014 au Mali pour rendre la ville de Bamako propre, est une entreprise qui bât de l’aile. Fortement éprouvé par des retards récurrents dans le payement des salaires, le personnel de la société commence à baisser les bras. L’administration, qui cumule des factures impayées à plus de 17 milliards de F CFA auprès de l’Etat malien et de la Mairie du District, est sans défense devant les travailleurs. Au-delà, plusieurs matériels indispensables au nettoyage retirés du circuit n’arrivent pas être remplacés, faute de moyens. Tous ces maux que vit la société ont une seule explication, selon son responsable de l’exploitation, Adama Koné, à savoir que l’Etat malien n’arrive pas honorer son engagement financier, et chaque année, la société Ozone Mali cumule des factures impayées. C’est qui révèle que l’Etat et la Mairie du District doivent à Ozone Mali plus de 17 milliards de F CFA.
Pour les responsables de la société, ce comportement de la part de l’Etat malien est de nature à ternir l’image de la société auprès des populations de Bamako. Car, disent-ils, la société a le souci constant de satisfaire les populations, mais elle n’a pas les moyens de le faire.
Pour rappel, dans la convention qui lie Ozone Mali à l’Etat et à la Mairie du District de Bamako, le payement des factures de la société était initialement prévu chaque année comme suit : 4 milliards de F CFA pour l’Etat, 2 milliards pour la Mairie du District et les six communes du District et 3 milliards pour les populations de la ville de Bamako.
Et selon nos informations, aucune des trois parties, qui doivent à la société Ozone Mali, n’arrive à payer correctement sa contribution.
Pire, la cellule de Recouvrement de la Redevance de Pré collecte des Ordures ménagères, créée en 2016 par la Mairie du District de Bamako pour recouvrer chaque année les 3 milliards F CFA des redevances de la population, n’arrive pas à travailler.
Selon le premier responsable de cette cellule, Cheick Oumar Traoré, pour que son service joue, correctement, son rôle de recouvrement des redevances de la population, il faut, au préalable, que le travail d’assainissement soit fait sur le terrain. « C’est après que ce travail ait été fait par Ozone Mali que nous pouvons aller faire le recouvrement. Mais malheureusement, quand notre service a été créé en 2016, Ozone Mali avait déjà des problèmes de trésorerie et le travail n’était pas correctement accompli sur le terrain», regrette Cheick Oumar Traoré.
Pour rappel, le montant à recouvrer par concession était initialement arrêté à 3000 F CFA par mois.
Les agents de la Voirie municipale de Bamako forcés au chômage
Au même moment, les professionnels de la Voirie municipale de Bamako (VMB) sont forcés au chômage, effacés par la société Ozone Mali. Ce service national d’assainissement qui a conduit, avec professionnalisme, les premiers chantiers d’assainissement de la ville de Bamako avant d’être délaissé par l’Etat malien ne joue plus, aujourd’hui, qu’un rôle de spectateur à côté de la société Ozone Mali, elle-même, de plus en plus, défaillante.
Selon le porte-parole des travailleurs de la VMB, Bourama Coulibaly, à l’heure actuelle, Ozone travaille de manière stratégique. « La société ne balaye que le corridor qu’emprunte le président de la République et les autres routes stratégiques où la circulation de grandes personnalités est fréquente. Pour le reste, on ne rencontre que des montagnes d’ordures partout dans la ville. Des dépôts de transit qui avaient été débarrassés des ordures sont revenus en l’état », regrette Bourama Coulibaly à notre confrère les Echos.
Pour les travailleurs de la VMB, il est temps que les autorités maliennes apprennent de leurs erreurs et reviennent à la raison. Selon eux, l’expérience du terrain malien fait défaut à la société marocaine. « Ozone Mali est la pire insulte lancée aux Maliens en faisant croire au monde entier que nous ne sommes pas capables de nous prendre en charge en terme d’assainissement. C’est faux et c’est inadmissible. Ozone a seulement servi de fonds de commerce pour certains de nos responsables. Elle n’est pas la solution. Le temps est venu de réhabiliter la voirie municipale », confie un responsable de la voirie qui a acquis l’anonymat.
Youssouf Z KEITA