Monuments-Routes-Eaux usées : Bamako, ville poubelle

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Barrer les routes avec des ordures : Niaréla et Quinzambougou entrent dans la danseL’abandon de la ville de Bamako saute aux yeux avec des routes délabrées, des caniveaux devenus poubelles et des déchets à tous les coins de rue. Pire, la ville a totalement perdu de son charme, l’insalubrité s’ajoutant à la désuétude précoce des monuments envahis par des mauvaises herbes. Jamais, de mémoire de Maliens, la capitale n’a été aussi sale. Jamais, elle n’a été si abandonnée, si orpheline d’autorités. Au même moment, des milliards de nos francs sont détournés, volés ou dilapidés dans des dépenses de prestige et pour le confort des dignitaires du régime. Reportage. 

 

Abandonnées par les autorités, les routes de la capitale sont devenues tellement impraticables qu’il est devenu impossible de circuler sans provoquer des accidents. Au mieux, on s’en sort couvert de poussière sur moins de deux kilomètres. Les services d’entretien routier ont tout simplement disparu des radars. Résultat: les petits trous communément appelés nids de poule ont pris possession des voies. Au fil des mois, ces trous sont devenus de véritables fosses à l’origine de la mort de nombreux innocents qui pourraient vivre bien plus longtemps si les responsables du régime avaient fait leur travail.

Lorsqu’il s’agit de trouver des idées ingénieuses pour se faire de l’argent, l’entourage du président IBK ne manque pas d’imagination, alors que Bamako ressemble à une ville en ruine. Malheureusement, le sort de la capitale n’intéresse personne en haut lieu, des gens plutôt préoccupés par des milliards et des milliards à pomper des caisses de l’Etat…

Et Bamako peut mourir de sa belle mort. Rien ne semble pouvoir éveiller le régime frappé d’immobilisme et d’ivresse du pouvoir. Pas même les maladies liées à l’insalubrité que les régimes précédents avaient combattu, en habituant les citoyens à un cadre de vie sain, notamment à travers le curage des caniveaux et le nettoyage des grandes artères de communication. Et que dire de ces grandes et belles infrastructures réalisées par ces régimes pour changer radicalement le visage de la capitale ?

Aujourd’hui, les caniveaux de la capitale sont bouchés faute d’entretien. Et ces fossés abandonnés servent de nids aux moustiques et autres vecteurs de maladie dont des rats qui sont maintenant porteurs d’une nouvelle peste ravageuse dans certains pays africains. Déjà coupable de négligence face à la fièvre hémorragique Ebola, les autorités sont aussi fautives en ce qui concerne la prévention des maladies liées à l’insalubrité dans la capitale où plus rien ne séduit.

La ville coquette arbore davantage l’allure d’une cité délabrée lorsque l’on fait le tour des monuments qui sont réduits à de simples œuvres d’art délabrées ou d’architecture. Pourtant, les habitants étaient fiers de la beauté de ces monuments et des avenues et espaces verts de Bamako.

Paradoxalement, tout se passe comme si le pouvoir en place voue une haine viscérale envers ces œuvres architecturales dont l’abandon donne un visage hideux à la capitale. Quoi qu’il en soit, le régime en place montre son incapacité à donner un cadre sain et harmonieux aux populations qui s’attendaient à tout sauf un tel échec. La réalité est que tout se dégrade actuellement à Bamako.

 

Populations déchantées

Sur les voies principales empruntées par les voitures et autres engins lourds, la dégradation fait sortir les citoyens de leurs gonds. «Si vous enlevez les nids de poule et creux qui sont un peu partout sur les routes à Bamako, le taux d’accident diminuera certainement. Mais on dirait qu’il y a plus personne pour s’occuper de ces genres de problème», déplore Moussa Koumaré, un chauffeur de Sotrama.

Et face à l’immobilisme des autorités, la déception des usagers, surtout les professionnels du transport, est très grande. «Ce que moi je ne comprends pas, c’est la raison de la persistance de la dégradation des routes. Pourquoi on ne répare pas les parties dégradées de nos routes? Pourtant, les gens n’ont pas cessé de payer les impôts et les taxes au niveau des péages. Où va donc  tout cet argent ramassé par les autorités depuis des années?», s’interroge Koumaré.

C’est à tous les niveaux que l’on peut observer la monstrueuse transformation de Bamako qui était une ville coquette à cause de ses belles avenues et ses monuments. Ainsi, le mémorial Modibo Keïta n’est plus que l’ombre de lui-même. Ce monument dédié au père de l’indépendance de la nation est devenu totalement repoussant, envahi par des herbes et des fleurs non taillées depuis plus d’un an au moins.

Ce piteux sort est réservé à tous les monuments et espaces verts de la capitale, au grand dam des amateurs de ces promenades. Le Square Patrice Lumumba est entouré de déchets de toute sorte. Des sachets plastiques et des tas de branches d’arbre attendent depuis plusieurs mois d’être transportés sur les décharges. Problème: les dépôts de transit devenus décharges finales sont débordées.

Selon Oumar Camara, chef du service d’assainissement à la mairie de la commune IV de Bamako, il n’y a pas que les services municipaux à blâmer en ce qui concerne l’insalubrité dans les quartiers et sur les voies publiques. La cause est bien plus profonde. « Il y a le mauvais comportement de certaines familles», accuse le responsable de l’assainissement en commune IV.

En effet, devant les familles, au lieu de poubelles bien fermée, les ordures sont jetées dans des récipients non adaptés, parfois de vieilles tasses qui laissent les déchets éparpillés aux alentours. Ces déchets, le plus souvent des restes alimentaires, finissent dans les caniveaux où des ménagères n’hésitent pas à verser les eaux usées. «Tout le monde verse les eaux usées dans les caniveaux», se justifie Maïmouna Dembélé, une habitante de Niamakoro. «Mais, ça vaut mieux que de les jeter sur le passage des gens », ajoute-t-elle.

De nombreuses familles n’ayant pas les moyens de creuser des puisards et de les entretenir, les eaux usées et les déchets plastiques terminent leur course dans les faussées. «A cause de ce mauvais conditionnement des ordures, les Groupements d’intérêt économiques (GIE) qui sont chargés de la collecte des ordures au niveau des familles ont des problèmes», explique Oumar Camara.

 

Ordures, sources de maladies

Sous équipés, privés de financement bancaire, ces GIE transportent généralement dans des charrettes les ordures des familles vers les dépôts de transit. Ces dépôts, normalement des espaces où les ordures ne doivent pas dépasser 72 heures, sont devenus des montagnes d’immondices au cœur de la capitale.  L’un de ces dépôts qui dérangent tout le monde est situé près du cimetière de Lafiabougou, à en croire le responsable de l’assainissement de la commune IV.

Pour les populations riveraines, ce tas d’ordures auxquelles personne ne s’intéresse est à la base de nombreuses difficultés et problèmes sanitaires. «Il y a d’abord l’odeur insoutenable qui émane du dépôt. Ensuite, les gens vivent dans le risque d’attraper des maladies respiratoires et d’autres infections liées aux mouches et aux moustiques qui pullulent dans les environs », dénonce Adama Kodjo, un résident du quartier de Lafiabougou.

Une autre manifestation de l’abandon de la ville de Bamako est la dégradation des routes bitumées qui sont dans un état de délabrement jamais observé dans la capitale. Selon Assa Sylla, la directrice de l’Agence nationale de la sécurité routière (ANASER), les autorités sont régulièrement informées de l’état des routes, notamment les pistes cyclables afin que des dispositions rapides soient prises pour réparer les dégâts.

Hélas, plus rien ne semble rester des pistes cyclables de la plupart des grandes artères, qui sont jonchées de trous béants, si elles ne sont invisibles par endroit à cause du sable. De nombreux motocyclistes témoignent avoir été victimes d’accident à cause de la dégradation des pistes cyclables de la voie reliant le pont des Martyrs aux quartiers situés sur la rive droite, en passant par le quartier de Sogoniko.

 

Soumaïla T. Diarra

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17 COMMENTAIRES

  1. Pourquoi ne pas demander aux habitants d’intervenir…En mobilisant par rue, par quartier..

    Il faut fournir des containers et si les véhicules manquent peut-être des chariots locaux faits de tressages de fil de fer (en raison du poids)..

    Ces chariots pourraient être tractés par des chevaux, ou des bœufs ou des ânes..(j’ai vu dans un pays que je citerai pas des hommes tracter des bennes locales hyper lourdes)

    Il faut aussi trouver des endroits de décharges et là c’est pas évident
    Peut-être un jumelage avec une grande ville occidentale riche qui céderait des équipements déjà amortis…
    Le Rwanda a trouvé des solutions avec la méthanisation…

    • Bamako est a l’image du Mali.Capitale ou meme une route goudronnee disparait.
      Decharge a ciel ouvert.

      • Mairie-Bamako=gouvernement-Mali
        Seulement ici bko est en miniature on a la chance de constater.

  2. Une ville aux routes trouees et poussereuses et les vaches y divaguent a longueur du jour. Dire que cest la capitale du Mali. Honte a nos autorites mediocres. La poulation doit se revolter contre ces maires voleurs afin qu’ils nous respectent. Bande des voyous!

  3. Très bel article Mr le journaliste. Cet article vaut mieux que toutes les conneries qu’on lit dans notre presse en ce moment. Lui au moins nous rapporte le quotidien des bamakois… Courage à toi Mr Diarra. Cet article aurait pu être à la une de MW, non ce sont les bobards de nos politiques qu’on nous balance 👿 👿 👿

  4. Ah Bamako ville pourrie! Je me demande si le district a encore un maire. C’est désolant! N’oublions pas egalement l’indiscipline de la population malienne!
    Ouagadougou par exemple n’est pas du tout comparable à Bamako. C’est une ville propre. Le maire la bas fait son boulot. Même après leurs revolution, ces sont les burkinabés eux même qui se sont empressé de nettoyer les rues.

  5. Bamako la plus grande poubelle des capitales africaines 👿 👿 👿 Ce n’est pas comme çà que vous aller attirer les touristes 😳 😳 😳

    • Les tourists blancs pervers comme toi, NON merci, reste dans ta grisaille de l’alsace, vieu kon!

      Va voir les pu*** du maroc ou de la malaisie…——-> le sport prefere des retraites blancs… Pathetique…

  6. La ville de bamako ne tient pas. trop d’accidents et de poussiere. Il faut investir dans l’infrascture de route. Rien ne pourra marcher sans une certaine fluidite dans la capitale on est en 2014.

  7. Pas plu-tard qu'hier, les eaux usées des puisards (toilettes publiques) du marché de Médina-Coura étaient déversées dans le petit collecteur qui passent tout juste derrière le Lycée des YATTABARI, à côté du stade Modibo KEÏTA, passant devant la grande concession des DOUCOURE (SODOUF) à Missira, pour rejoindre le grand collecteur et le fleuve après. Sans compter, que ce grand collecteur d'eau usée, est agressée aujourd'hui par plusieurs teinturières dont les eaux teintées utilisées sont directement déversées dans le fleuve. Il n’y a même plus de crapauds qui croassent dans ce grand fossé ( séparant Médina-Coura de Missira), à plus forte raison des silures qu'on y péchait il n'y a à peine 5 ans. Le marché de Médine, ses alentours, le bas de la colline derrière le stade… ne font pas la fierté de la Commune II. Il y a un autre phénomène n'ont visiblement polluant mais presque pire que Ebola, dans notre district: c'est les ravitailleurs de nos boutiques en pains.; Il n'est pas rare de voir ces motocyclistes, garer leurs motos pour pisser et remonter sur leurs montures, sans ablution. D'ailleurs, ils font pire que ça au cours de leur ravitaillement. Le problème d'hygiène, de santé est un problème à nous tous. Les dimanches, organisons des journées de salubrité dans nos maisons, rues, quartiers, lieux de travail…Pour mieux vivre. Vive BAMAKO très propre.

  8. Je suis surpris que IBK traine encore sans rien faire par rapport a l’infrastructure routiere de BAMAKO. Pourtant 3 a 4 millions sont affectes par les crises routieres infernales qui sevissent au quotidien dans la capitale. Conduire a bko est devenu un travail herculien. Toutes les routes sont foutues, les poteaux d’eclairage (pacotilles) tombent chaque jour a moindre coup sur le goudron, la poussiere envahi l’atmosphere apartir de 17h. Les accidents maccabres se multiplient. Le Governeur inactif de BKO et les maires nullards vendeurs de terres sont nulle part au seccours! Certaines arteres infernales doivent absolument etre reconstruites en priorite pour soulager la population malienne du stress quotidien, de la poussiere et surtout sauver des milliers de vies:
    -Avenue l’OUA de Yirimadio au 1er pont (echangeur au rond point infernal de la tour d’afrique )
    -Route Hotel d’Amitie- 15 Ambassade Russie
    -Route Djelibougou
    -Route 30M Kalaban
    -Route Daoudabougou
    -Route Kalaban Koro

    • -Route Hamdallaye-Lafiabougou
      -Route Banconi (dernier degre de l’enfer)
      -Route (maccabre) Samé
      -Route Backo Djicoroni (enfer sur terre)
      -Route Mussabougou-Yirimadio (echageur)
      -Route Tominkorobougou (enfer)
      -Route Zone industrielle( plus grand enfer maccabre)

      Cest sont des projets qu’il faut realiser pour soulager 4 millions de maliens.

    • Frere PKagame, notre capitale nationale est la plus desolante, degoutante de la sous region, sinon de l’Afrique meme. L’anarchie, tous les lieux publics et prives sont des decharges, nos routes comme tu en parle, l’agorgement de nos arteres principales, nos canivaux, etc… et etc…La Bamako est pire qu’un township, un vrai getto, meme pire.
      Esperons que des actions et changements se faits pour l’amelioration de la salubrite de Bamako, par commune et par quartier, sans oublier nos autres grandes villes de nos differentes regions.

  9. Au dela du fait ke la ville de Bko est la plus degueulasse au monde, c’est surtout le fait que les dirigeants maliens sont eux-meme sales!

    Le problem, c’est eux!!!

  10. Merci mr le journaliste .
    Je n’ai jamais cesser de le dire et d’informer les internautes de maliweb sur ce sujet.
    La commune IV est la plus sale de Bamako . Tout cet tas d’ordure à cause d’un pétit irresponsable voleur mara dabaraba.

    Il faut savoir que le depotoire derrière le cimétière est à quelque dizaine de mètre du marigots woyo wayanko .
    J’aurai apprécié que vous parliez aussi de l’ACI2000 près de la publithèque national .
    Le diafaranako à Hamdallaye n’a pas été épargné .

    Mr le journaliste , si seulement vous pouvez aller prendre ne seresse qu’une photo .

    Voila un article qui parle de l’insalubrité de la communeIV sous le voleur mara dabaraba:
    http://bamanet.net/actualite/nouvelhorizon/la-zone-aci-2000-transformee-en-poubelle-ou-est-donc-passe-le-maire-moussa-mara.html

    vive le Ganjisme , vive la science universelle !

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