La capitale malienne, Bamako, était encore vendredi la proie de spectaculaires inondations dues à des pluies torrentielles tombées la veille, qui ont fait 34 morts et laissé sans abri des milliers de personnes.
Selon Alassane Bocoum, directeur national du Développement social au ministère de l’Action humanitaire, les 23 corps d’abord identifiés ont été transportés dans deux établissements de santé de Bamako, ville de plus de 2,5 millions d’habitants, à la suite de ces inondations.
Il a ajouté que les autorités ont aussi enregistré des “milliers de sinistrés et une centaine de maisons” détruites par les eaux de pluies, d’une quantité inhabituelle pour la saison des pluies.
Les services météorologiques du Mali ont annoncé avoir relevé 85 mm d’eau mercredi à leur station de référence de Sotuba, à Bamako. Selon un spécialiste interrogé jeudi par l’AFP, la moyenne maximale tourne autour de 50 mm pour la saison des pluies.
D’après M. Bocoum, des précipitations importantes ont été enregistrées dans des localités de l’intérieur du Mali mais sans causer de dégâts importants.
“Il a beaucoup plu à Tessalit (extrême nord-est), mais rien de grave” n’y a été enregistré et “en dehors de Bamako, aucune inondation majeure n’a été signalée”, a-t-il expliqué.
Les zones touchées sont généralement situées dans de vieux quartiers marécageux où les habitations sont pour la plupart en banco (terre séchée) ou dans des lits de cours d’eau. Parmi elles, les quartiers de Banconi (est), Lafiabougou et Taliko (ouest).
Construite dans une cuvette entourée de collines, la ville de Bamako est située sur les rives du fleuve Niger et comprend de nombreuses zones marécageuses occupées à la faveur de l’urbanisation.
“Parer à l’urgence”
La télévision publique malienne ORTM a diffusé jeudi des images apocalyptiques de certains quartiers, avec des maisons éventrées, des biens éparpillés, des véhicules emportés par les eaux ou montrant des pompiers et habitants qui forment une chaîne et s’aident d’une corde pour secourir d’autres habitants piégés par les eaux.
Gaoussou Traoré, un habitant de Taliko, a affirmé à l’AFP que les eaux de pluie ont envahi sa maison jusqu’à la hauteur des genoux. Il a mis en cause la spéculation foncière et des pratiques véreuses de certains responsables municipaux qui ont vendu des terrains à usage d’habitation jusque dans des lits de marigot.
Des sans-abri sont accueillis sur plusieurs sites, essentiellement des écoles qui ont été dotées de couvertures, nattes et moustiquaires entre autres matériels d’hébergement d’urgence par des municipalités, des services sociaux ou des organisations de secours dont la Croix-Rouge malienne, d’après des sources concordantes.
Mais beaucoup de sinistrés refusaient de quitter leurs quartiers.
“Un groupe de veille a été mis en place pour sensibiliser les populations à abandonner les habitations généralement construites en banco qui risqueraient de s’effondrer”, a encore affirmé M. Bocoum.
Les déplacés des inondations ont reçu la visite jeudi de plusieurs ministres, parmi lesquels celui de l’Administration du territoire (Intérieur), Moussa Sinko Coulibaly.
“Nous avons voulu apporter notre solidarité, notre compassion aux familles des victimes” et envisager les moyens de “renforcer les mesures qui ont déjà été prises depuis hier (mercredi) par les mairies” et diverses structures de secours d’urgence, a déclaré M. Coulibaly à la presse après sa visite.
“Ce qu’il fallait faire, c’était parer à l’urgence” en utilisant les écoles disponibles en raison des vacances scolaires, “nous allons mettre à profit” toute la période avant la rentrée des classes, généralement en octobre, “afin de définir les solutions sur le long terme”, a-t-il dit, sans plus de détails.
Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a présenté au nom de la France “ses condoléances attristées aux familles des victimes et à leurs proches”. La France “exprime toute sa solidarité au peuple malien et se tient à la disposition des autorités maliennes pour leur prêter assistance si elles le souhaitent”, a déclaré le ministre dans un communiqué diffusé dans la nuit de jeudi à vendredi.
Ces inondations surviennent alors que le Mali tente de sortir d’une crise politico-militaire de 18 mois marquée notamment par un coup d’Etat en mars 2012 et l’occupation du Nord par des groupes rebelles et jihadistes, chassés à partir de janvier 2013 par une intervention militaire menée par la France et des pays africains.
Les Maliens ont élu en août un nouveau président, Ibrahima Boubacar Keïta, qui doit prêter serment le 4 septembre selon le délai fixé par la constitution.
Mali: une ONG demande de l’aide pour les victimes des inondations
La Croix-Rouge malienne a demandé dimanche “l’appui de tous” pour venir en aide aux victimes des inondations qui ont fait le 28 août plus de 30 morts et des milliers de sans-abri à Bamako.
“Le soutien de tous les partenaires est sollicité” pour les sinistrés des inondations, qui ont été provisoirement installés “en majorité dans des écoles” et qui ont “des besoins alimentaires, de logement, sanitaires”, a affirmé à l’AFP le secrétaire général de la Croix-Rouge malienne, Mamadou Traoré, évoquant notamment “la prévention du choléra et du paludisme”.
Il faudrait aussi organiser “la réunification des familles dont les membres ont été dispersés, et reconstituer leurs biens”, ce qui nécessite “l’appui de tous”, a ajouté M. Traoré.
Depuis les inondations dues à des pluies torrentielles le 28 août, la Croix-Rouge a distribué aux sinistrés “1.200 couvertures, 600 draps, 600 moustiquaires, 160 kits de cuisine”, entre autres articles d’urgence, et mis à leur disposition des tentes, a-t-il indiqué.
Selon lui, sur les six communes que compte Bamako, deux ont été touchées par les inondations, et ces zones comprennent “quatre quartiers fortement affectées”.
D’après des sources concordantes à Bamako, les zones touchées sont généralement situées dans de vieux quartiers marécageux où les habitations sont pour la plupart en banco (terre séchée) ou dans des lits de cours d’eau, comme Banconi (est), Lafiabougou et Taliko (ouest).
Construite dans une cuvette entourée de collines, la ville (plus de 2,5 millions d’habitants) est située sur les rives du fleuve Niger et comprend de nombreuses zones marécageuses conquises à la faveur de l’urbanisation.
Les eaux de pluies, qui avaient atteint des niveaux élevés, se sont déversées dans le fleuve Niger ou ses affluents, selon un correspondant de l’AFP dimanche. Elles ont laissé derrière elles ruine et désolation, balayant des maisons et des véhicules.
Jusqu’à dimanche, la situation des sinistrés alimentait les discussions informelles : certains accusaient les responsables municipaux de spéculation foncière, d’autres mettaient en cause les habitants des zones inondables.
Vendredi, le Bureau de la coordination des Affaires humanitaires de l’ONU (Ocha) avait fait état de 34 morts, “de nombreux blessés”, “des centaines de maisons” détruites et “des milliers de personnes” sans abri en raison des inondations.
La Rédaction