Lutte contre la désertification : Le Mali doit s’inspirer de la Chine

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Comme le Mali, une grande partie de la République Populaire de la Chine est occupée par le désert. Contrairement à notre pays où l’impact de la désertification s’accentue d’année en année, l’Empire du milieu parvient aujourd’hui à y faire face par non seulement des stratégies bien pensées, mais aussi et surtout par le courage et la clairvoyance des populations dont la survie était ainsi menacée. Dans des régions comme la Mongolie intérieure, celles-ci ont compris que le désert pouvait se rétrécir en permettant la fixation des dunes et l’aménagement des oasis. Ce qui doit inspirer nos dirigeants.

L’image de la Chine n’est pas fréquemment associée à l’image du désert, mais plutôt à celle de fleuves géants aux méandres baladeurs ou à la Grande Muraille au milieu de nulle part.

 

 Et pourtant plus du quart du territoire de l’Empire du milieu, soit 2,6 millions de Km2 représentant au total 27,3 % de la superficie totale de ses terres, relève de la catégorie des zones désertiques. Naguère, le désert restait sagement à la périphérie de l’empire, il gardait un parfum de terre lointaine et d’exotisme. Qui n’a pas rêvé du désert de Gobi, un des plus inhospitaliers au monde ? Sauf que ces dernières années, même la capitale Beijing a souffert des vents de poussière annonçant une avance de la désertification.

 

La désertification avait pris une telle ampleur que le gouvernement chinois a été contraint de se lancer dans un programme intensif de reboisement. Selon le Quotidien du Peuple, quelques 30 millions d’arbres ont été plantés ces vingt dernières années. Dans certaines régions des règlements draconiens interdisent de faire la cuisine ou de se chauffer au bois. En outre, Pékin prévoit de créer une " Muraille verte " pour se protéger du désert. Ce qui démontre que la politique de protection de l’environnement est devenue une priorité nationale afin de réduire le coût économique des désastres écologiques.

 

En quelques années, la Chine a développé une grande expertise en la matière.

Et de nombreuses organisations internationales y envoient des experts pour étudier le modèle local de lutte contre la désertification. Ainsi, du 8 au 10 juillet 2011, plus de 100 délégués venant de 50 pays s’étaient retrouvés en Mongolie intérieure, aux portes du désert de Kubuqi, à l’occasion du Forum 2011 sur la lutte contre la désertification. Ils avaient fait le déplacement pour mieux comprendre comment la Chine lutte contre la désertification, un fléau qui ne cesse de s’aggraver un peu partout dans monde suite au réchauffement climatique.

 

5.000 Km2 de désert reverdis en 20 ans

" La désertification est une problématique internationale qui touche plus de 110 pays. Surtout, les espaces désertiques progressent de 50 à 70.000 kilomètres carrés chaque année. Au total, 38 millions de Km2 sont considérés comme des déserts. Ce qui représente près d’un quart de la surface terrestre de la planète. Les pertes économiques liées à cette désertification sont estimées à 42 milliards de dollars par an ", a commenté M. Wang Wenbiao, PDG de la société Elion (sponsor de l’évènement) lors d’une conférence de presse.

 

Le choix du lieu de ce forum ne doit rien au hasard car le désert de Kubuqi est non seulement le septième plus grand de Chine, mais aussi et celui qui est le plus proche de Pékin. Il est en grande partie responsable des tempêtes de sable qui touchent régulièrement et avec toujours plus de violence les villes de Pékin et Tianjin. " Mais grâce à une action énergétique alliant secteurs public et privé, la progression de ce désert a été ralentie ", a déclaré M. Wenbiao.

 

 La principale innovation chinoise a été de se servir des ressources du désert pour financer les plans de re-végétation. Le pays a ainsi fait le choix judicieux d’investir dans l’extraction des minerais et surtout dans les énergies renouvelables.  En 20 ans de travaux, Elion a ainsi pu reverdir 5.000 Km2 de désert tout en faisant des profits intéressants.

 

Haro sur le " Dragon jaune "

Depuis cinq ans, la Chine s’est engagée sur un projet ambitieux portant sur la réalisation d’une ceinture verte courant de Beijing à la Mongolie Intérieure, soit plus de 4 500 km. Celle-ci devrait permettre de lutter contre le " Dragon jaune ", ces tempêtes de sables les plus puissantes du monde aux conséquences socio-sanitaires et économiques dramatiques. Au rythme actuel des initiatives, et malgré les précieux efforts déployés par le gouvernement chinois en vue de lutter contre la désertification, près de 300 ans seront nécessaires afin de regagner le terrain enseveli par le sable du désert.

 

" A terme, environ 530 000 km2 de zones désertiques à travers le pays pourraient ainsi retrouver leur verdure d’antan ", a déclaré Liu Tuo, directeur du bureau national de la lutte contre la désertification, lors d’une conférence de presse organisée par le Bureau d’Information du Conseil des affaires d’État.

 Entre 2009 à 2010, un suivi à l’échelle nationale a démontré que la réduction nette des terres sablonneuses pendant cette période là s’était effectivement opérée à hauteur de 8 587 km2.

 

La Chine compte cependant 2,6 millions de km2 de terres désertifiées, représentant au total 27,3 % de la superficie totale de ses terres. Par ailleurs, près de 18% des terres chinoises se trouveraient érodées par le sable. Mais grâce à des mesures compréhensives ainsi qu’a des efforts constants, l’environnement écologique s’est nettement amélioré dans certaines régions clés destinées à l’éco-réhabilitation.

 

 Les terres désertifiées de la prairie de Horqin et le désert de Mu’us, dans la région autonome de la Mongolie intérieure en sont de parfaits exemples.

33 milliards de dollars à investir en 20 ans

 

En vertu du projet dévoilé par le président Hu Jintao lors d’un sommet sur le climat qui s’est tenu par les Nations Unis en septembre 2009, la Chine va intensifier le reboisement à hauteur de 40 millions d’hectares d’ici 2020. Elle s’efforcera par la même occasion de rehausser la quantité de bois dont elle dispose de près de 1,3 milliards de mètres cubes par rapport au niveau de 2005.

 

Pour la prochaine décennieu Conseil des affaires d’État en décembre 2010, les autorités centrales de la République Populaire de Chine promettent d’investir près de 220 milliards de yuans (33 milliards de dollars) dans la protection des forêts naturelles de Chine.

C’est dire que le gouvernement chinois est aujourd’hui déterminé à mener l’une de ses plus grandes batailles contre la désertification (Un fléau qui a provoqué, ces dernières années, le déplacement des millions de personnes, la création de villes nouvelles) à travers un projet de reboisement titanesque. Un engagement écologique qui doit interpeller le gouvernement presque indifférent à l’avancée du désert. Dans le cadre de la coopération sino-malienne, le Mali (65 % du territoire est désertique ou semi-désertique) doit s’inspirer de l’expérience chinoise de lutter contre la désertification.

En dehors d’un appui financier, l’Empire du milieu est aussi en mesure de partager avec notre pays son expertise en la matière.

 Des voyages d’études en Chine, notamment en Mongolie intérieure, sont par exemple souhaitable pour permettre aux experts, aux leaders communautaires, aux ONG voire à des journalistes de mieux s’imprégner non seulement des techniques mises en avant dans la lutte contre l’avancée du désert, mais aussi et surtout de la volonté des populations locales de s’assurer une survie sans attendre les autorités centrales. Dans notre pays, ce sont les populations et des ONG qui ont pris le combat contre la désertification à bras le corps.

 

Le gouvernement reste dans sa position attentiste et continue de naviguer à vue sur fond de discours creux et démagogiques ainsi que d’initiatives stériles ! La coopération sino-malienne doit aujourd’hui s’ouvrir largement à la lutte contre la désertification, à la fixation des dunes par un reboisement massif soutenu

 

 Nous devons faire nôtre cette pensée de Mao Zedong qui conseillait à ses compatriotes, " conquiert et change la nature afin d’atteindre la liberté " !

 Une liberté à laquelle on accéder en partie par notre volonté et l’appui de fraternel de la République Populaire de la Chine. 

Kader Toé

 

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