Fortement réclamée en cette période de forte chaleur et de jeûne, le jeudi 16 Mai 2019, des pluies diluviennes se sont abattues sur Bamako. Plusieurs quartiers ont été durement touchés. Un bilan provisoire fait état de 15 morts et 2 blessées, a précisé le gouvernement dans un communiqué. « Des équipes de recherche et de sauvetage ont été engagées sur le terrain pour porter secours aux populations en détresse”, dans de nombreux quartiers “submergés”, mentionné le même communiqué gouvernemental, qui “exhorte les populations à observer les mesures de prudence qui s’imposent en ce début d’hivernage ». On déplore également des maisons effondrées, des voitures emportées par le courant d’eau dans les caniveaux, des affaires personnelles détruites et des milliers de personnes sans abri. Les quartiers les plus touchés sont Kalaban coro, Kalaban coura, Daoudabougou, Faladié, Niamakoro, Sogoniko, Magnambougou, Banankabougou, Missabougou, Bougouba, Sotuba, Korofina sud, Djelibougou, Moribabougou, Souleymanebougou.
Si cette tragédie s’explique par le changement climatique, elle interpelle également les autorités au même titre que les citoyens. En effet, selon certains environnementalistes, l’occupation anarchique, l’insuffisance des voies d’évacuation des eaux de ruissellement et le manque de disposition de curage des caniveaux sont entre autres à l’origine de nos inondation. Ils demandent à l’État de prendre des dispositions face à l’extension de la ville. A ceux-ci s’ajoute le phénomène d’engorgement des canalisations, des égouts bouchés par les ordures ménagères qui provoquent la rapide montée des eaux et le débordement de certains cours d’eau à l’intérieur de Bamako.
L’agence locale de météorologie a estimé les quantités d’eau recueillies à 138,30 mm à certains endroits de la capitale malienne et prévoit de fortes pluviométries cette année. Il urge donc dès à présent, d’envisager des mesures idoines de prévention et d’anticipation en vue de protéger les vies. C’est la même sonnette d’alarme lancée par le chef de l’Etat, Ibrahim Boubacar Keïta, qui s’est rendu Samedi matin au chevet des victimes des inondations pour constater les dégâts et compatir à leur douleur. Au sortir de sa visite dans les centres d’accueil de fortune, le président de la République a tacitement désigné les élus locaux comme responsables et déploré une course effrénée à l’argent à les faire oublier leur devoir de protection des vies de leurs administrés. « …Nous devons dès maintenant prendre les mesures idoines, de prévention , d’anticipation pour protéger les vies des hommes et des femmes , et même celles des bêtes et notre environnement, nos biens», a relevé IBK en laissant entendre au passage que des mesures gouvernementales vigoureuses doivent être envisagées par-delà les gestes dérisoires de consolation temporaire. Et de plaider par la même occasion pour le retour du civisme et de «la discipline républicaine» ainsi que pour une plus responsabilité partagée de l’Etat et des autorités communales : «je repars d’ici très ému, certainement plus déterminé que jamais à engager l’Etat à assumer ses responsabilités, engager les élus municipaux à être de la partie, à ne plus penser que tout doit revenir à l’Etat , qu’en les lieux où ils ont été élus pour gérer les cités , ils gèrent les cités aux mieux des intérêts des populations, en les préservant , en pensant à ces populations-là, à leurs vies et non pas à l’argent , de grâce , qu’on ait un peu pitié de ce peuple-là, de grâce». Notons qu’une dynamique similaire l’animait en 2013 où son accession à la magistrature suprême coïncidait avec une catastrophe naturelle de même nature mais de moindre envergure. Sous son autorité, une enquête avait même été diligentée à coups de promesses euphoriques de situer les responsabilités sans que les conclusions n’aient jamais fait l’objet d’une publication.
Amidou Keita