« L’Afrique manque d’eau ». Une thèse répandue qui vient d’être contredite par les résultats d’une étude réalisée par l’organisation internationale WaterAid en partenariat avec le British Geological Survey (BGS). L’étude intitulée « Eaux souterraines : un domaine négligé pour lutter contre le changement climatique », fait des révélations sur les quantités d’eaux souterraines dans plusieurs parties du monde, y compris l’Afrique.
« Chaque pays africain au Sud du Sahara pourrait fournir 130 litres d’eau potable par habitant et par jour à partir des eaux souterraines », affirme l’étude de WaterAid et du British Geological Survey. Cela est donc possible sur un continent où la consommation quotidienne est inférieure à 20 litres d’eau par personne contre 250 litres dans certains pays développés. Selon les conclusions de l’étude, « il existe de vastes réserves d’eau sous les pieds des gens » qui meurent pourtant de soif.
Au Mali, la Direction nationale de l’hydraulique estime les ressources en eaux souterraines à 2 700 milliards de m3. Ces réserves statiques d’eaux souterraines sont bien supérieures aux réserves d’eaux de surface estimées à 70 milliards de m3 pour les seuls fleuves Niger et Sénégal. En dépit de leurs potentialités, les eaux souterraines sont peu ou pas exploitées d’où le thème de l’édition 2022 de la Journée mondiale de l’eau : « Les eaux souterraines, rendre visible l’invisible ».
L’objectif recherché à travers ce thème, a expliqué Alassane Maïga, Directeur des programmes et du plaidoyer de WaterAid Mali, est d’attirer l’attention des décideurs et des acteurs du secteur sur l’importance de l’eau et de plaider en faveur d’une gestion durable des ressources en eau. Il s’agit, a-t-il ajouté, de prendre des mesures pour lutter contre la crise mondiale de l’eau et de soutenir la réalisation de l’objectif de développement durable 6 : eau propre et assainissement pour tous d’ici à 2030.
Eaux souterraines contre les changements climatiques
La consommation nationale d’eau au Mali est estimée à 110 millions de m3 par an. La majeure partie de cette consommation provient des eaux de surface. Avec les caprices du climat, beaucoup de cours d’eau s’assèchent à l’image du lac Faguibine, près de Tombouctou. De plus, les eaux de surface, à cause de la pression anthropique des agglomérations comme Bamako, sont contaminées par divers déchets et nécessitent de lourds traitements avant consommation.
« Les eaux souterraines sont vitales », souligne WaterAid. Elles fournissent près de la moitié de l’eau potable dans le monde, soit environ 40 % de l’eau destinée à l’agriculture irriguée et environ un tiers de l’eau nécessaire à l’industrie. Selon WaterAid, les eaux souterraines soutiennent les écosystèmes et maintiennent le débit de base des rivières et empêchent l’affaissement des sols et l’intrusion de l’eau de mer.
Avec toutes ces potentialités, pourquoi les eaux souterraines ne sont presque pas exploitées ? « Le problème est un sous-investissement dans les services permettant d’extraire l’eau du sol et de la faire parvenir à ceux qui en ont le plus besoin », révèle Alassane Maïga, Directeur des programmes et du plaidoyer de WaterAid Mali. « Il convient d’augmenter les investissements dans l’eau et l’assainissement pour les communautés marginalisées », recommande l’étude de WaterAid et du British Geological Survey (BGS). Pour y arriver, conclut l’étude, les gouvernements doivent réserver à l’exploitation des eaux souterraines un pourcentage fixe de leur budget. Aussi, les donateurs internationaux et le secteur privé doivent également intensifier leurs investissements dans cette cause.
Mamadou TOGOLA/maliweb.net