A l’heure actuelle dans notre pays, la prise en compte des défis environnementaux est réelle mais insuffisante. Si l’environnement est considéré comme le socle de toute durabilité dans les politiques de développement rural, il est très souvent négligé au Mali.
Selon le Cadre Stratégique d’investissement en matière de Gestion Durable de Terres (CSI/GDT), le Mali doit faire face à des obstacles environnementaux majeurs : désertification, ensablement du fleuve Niger, pénurie en eau, pollutions urbaines et rurales, en plus de la dégradation des sols et du couvert végétal qui constitue un obstacle majeur à l’ambition affirmée de notre pays de devenir une puissance agroindustrielle.
L’urgence environnementale est entrain de se dessiner d’autant plus que l’exploitation des ressources naturelles et les pollutions devraient s’accentuer en raison des coupes abusives de bois et de la prolifération de pratiques qui nuisent à l’écosystème.
Pour le moment, les efforts se concentrent sur la préservation des sols et du couvert végétal ainsi que sur la lutte contre la désertification. Le Cadre Stratégique d’investissement en matière de Gestion Durable de Terres (CSI/GDT) est le principal instrument qui permettra d’atteindre ces objectifs.
Jusqu’à ce jour, d’après le Programme pour la Relance Durable du Mali (PRED), les financements pour la gestion durable des terres ont représenté 4 % du budget de l’Etat. Les expériences menées sont réalisées dans le cadre de projets ponctuels essentiellement financés par les Partenaires Techniques et Financiers (PTF) et, selon une approche sectorielle alors que la gestion durable des terres est une question transversale. Le CSI/GDT constitue une initiative intersectorielle nationale réunissant les principaux acteurs impliqués dans la gestion des terres et dont les activités ont un impact sur l’environnement et les populations rurales.
Les principales orientations portent sur : la gestion forestière et la faune, la lutte contre la désertification, la mise en œuvre de la Grande Muraille Verte et l’adoption et la mise en œuvre d’une politique nationale de Gestion Intégrée des Ressources en Eau.
Le développement des énergies renouvelables
Compte tenu du renchérissement du coût du pétrole et des défis environnementaux auxquels notre pays doit faire face, les réflexions se multiplient pour enclencher une transition énergétique basée sur le développement des énergies renouvelables. En particulier, le Mali dispose d’un potentiel exceptionnel de l’énergie solaire, notamment en milieu rural.
Le développement de centrales solaires thermiques et photovoltaïques et de petits équipements solaires locaux et du biogaz constitue une alternative au déboisement intensif.
Par ailleurs, la politique nationale d’assainissement créée en 2009, qui se décline en stratégies sectorielles sur les déchets solides, liquides et spéciaux ainsi que sur les eaux pluviales permettra d’assainir le milieu urbain et rural.
Aussi, la lutte contre la pollution et les nuisances nécessite l’intensification de la réalisation d’ouvrages d’assainissement notamment avec le retour des réfugiés. Selon le PRED, le coût total des actions est évalué à 60 milliards de F CFA. Le besoin de financement est lui, évalué à 45 milliards de F CFA.
L’huile de Jatropha, une alternative prometteuse
Notre pays bien qu’étant parmi les moins pollueurs de la planète, ne doit pas être à la traine en matière d’écologie et de vulgarisation des énergies renouvelables. Outre le soleil qui offre un formidable champ d’énergie, l’huile de Jatropha présente une bonne alternative aux biocarburants ordinaires. C’est pour cela que l’Etat malien et le Programme des Nations-Unies pour le développement (PNUD) appuyés par le Fonds pour l’Environnement Mondial (FEM) ont décidé de mettre en place un projet intitulé : « Promotion de la production et de l’utilisation de l’huile de Jatropha comme biocarburant au Mali ».
L’huile de Jatropha ou encore l’huile de Pourghère est une huile végétale extraite des graines d’un arbuste originaire d’Amérique centrale du nom de Jatropha curcas mais qui s’est très vite répandue en Afrique. La plante sert principalement comme une haie pour délimiter les parcelles des agriculteurs. Elle est réputée capable de se développer sur n’importe quel type de sol (même ceux impropres aux cultures humaines) et ne nécessite aucun apport supplémentaire en eau. Ce qui le rend idéal pour un pays à majorité aride comme le nôtre. Il s’agit donc d’un arbuste qui peut parfaitement s’épanouir dans la flore malienne.
Quant à l’huile, elle n’est pas comestible à cause de sa forte teneur en ester phorbélique. Mais, c’est un excellent biocarburant et peut même servir pour la production de savon. Exploiter l’huile de Jatropha, n’est donc pas du gaspillage.
Ahmed M. Thiam