En Commune IV du district de Bamako, la mairie a informé le quartier de Lafiabougou d’un projet de dépotoir, auquel la population dit non. Catégoriquement.
Ledit projet consiste à faire d’un terrain au bord du marigot de Taliko-Tietieni, un dépôt de transit, avec en projet, une “usine de transformation d’ordures“ qui n’a même pas été implantée et qui de surcroit sera un facteur de création d’emploi et également déménager le dépotoir d’à côté du cimetière de Lafiabougou vers celui de Taliko. Le projet en question s’inscrit dans une durée de 3 ans, une année et demie se sont déjà écoulées.
Pour manifester leur rejet du projet, la Coordination des jeunes de Lafiabougou Taliko, Bougoudani et Tchiétiéni, la Cafo de Taliko, la Recotrade, les autorités du quartier, après plusieurs concertations et réunions des jeunes avec la mairie, se sont mobilisées pour organiser un grand rassemblement, le 18 octobre sur le site devant abriter le dépôt de transit.
Le maire Berthé, lors d’un entretien avec les jeunes sur la question de recevabilité du projet de dépôt, a défendu le projet devant les jeunes, qui à leur tour ont relayé l’information auprès de la population. A travers une première mobilisation, ils ont pu réunir plus de 2000 signatures d’une pétition auprès de celle-ci. A la suite de laquelle les réunions se sont enchainées aboutissant à la formation d’une coordination qui réunit toutes les couches de la société de Lafiabougou. “Venir avec un projet pour aider une population et voir celle-ci se dresser catégoriquement contre, quelque part on doit comprendre qu’il y’a problème. Sinon quelle population ne voudrait pas d’un projet de développement surtout s’il est facteur de création d’emplois pour les jeunes ? Nous sommes contre l’installation d’un dépôt de transit sur ce site“, nous dit Fanta Konaté, présidente de la Cafo de Taliko.
Selon Mamady Kéita, le secrétaire à l’organisation et porte-parole de la Coordination des jeunes de Lafiabougou Bougoudani et Taliko, “le but de ce rassemblement est de faire part à la mairie que nous ne voulons pas et n’allons jamais accepter leur projet et si elle souhaite réellement le bien-être et le développement de cette population, elle devrait venir échanger avec celle-ci pour trouver ensemble d’autres projets allant dans le sens du développement“.
Après plusieurs entrevus avec le maire et la réception d’une lettre d’invitation, le maire par son absence nous prouve qu’il semble toujours garder sa position d’installer le projet, que cela plaise ou non à la population car ce n’est pas leur avis qu’il demandait mais plutôt à titre informatif, nous confie le porte-parole.
“Pour diverses raisons, à savoir la santé des habitants de Lafiabougou, la protection de l’environnement et les problèmes d’inondations, nous ne pouvons pas accepter ce projet de la maire, qui au lieu de développer le quartier ne fera que détruire les habitants de la zone à petit feu“, conclu Mamady Keita.
Les avis restent les mêmes pour nos interlocuteurs quant au “Non” à l’installation d’un dépôt de transit sur le site de Taliko.
Aminata Agaly Yattara
Encadré
ILS ONT DIT
Astan Touré, (ménagère):
“Ce terrain qui constitue un passage d’eau et un lieu de divertissement pour nos enfants, ne peut pas devenir un dépôt de transit. Je suis contre ce projet pour la simple raison que le quartier sera invivable si l’eau ne retrouve son passage habituel, elle ira dans tous les sens et ça sera inondation sur inondation. J’ai appris que le vice-président a aidé le quartier de Médina-Coura à se débarrasser de leurs tas d’ordures, nous sollicitons également une visite de lui et toute son équipe pour venir constater que ce site ne peut abriter aucun dépôt de transit”.
Oumou Diakité, (étudiante)
“Nous vivons dans un quartier majoritairement pauvre, si nous accueillons ce projet, nous finirons tous par être envahis par l’eau ou déménager dans les hôpitaux, car nous ne ferons que choper des maladies de tout genre. Donc, nous disons non à ce projet”.
Faguimba Konaté, (bénévole au trésor) :
“Je suis contre la venue de ce projet car j’ai été victime à plusieurs reprises de l’inondation. Si la mairie veut nous aider, elle n’a qu’à commencer par trouver une solution à ce problème majeur du quartier, au lieu de vouloir en rajouter. Durant toute la période hivernale, nous n’avons jamais l’esprit tranquille, nos vies sont en jeu”.
Ousmane Diarra, (tailleur)
“Voir autant de personnes mobilisées pour défendre la même cause, est un acquis, je dis non au projet de la mairie. Si ce site devient un dépotoir, je suis convaincu d’une chose, c’est que tout le quartier va déménager. Ce marigot qui est là, reste un principal souci pour les habitants de ce quartier, qui n’ont pas fini de réfléchir sur comment trouver une solution à cela, encore moins pour s’occuper d’un dépotoir. Sinon, le site de Lafiabougou qui est au bord du goudron est entouré de gens qui ont des moyens pour peut-être solutionner ce problème. Qu’à cela ne tienne, ils souffrent. Encore que beaucoup d’entre eux ont des maisons dignes de ce nom avec des vitres contrairement aux habitants d’ici qui n’ont même pas de portail, comment vont-ils faire pour supporter les odeurs et comment se soigner avec les multiples maladies que cela va impliquer pour des gens qui parviennent à peine à gagner leur pain du jour”.
Awa Coulibaly, (militante des femmes du quartier)
“Nous, population de Lafiabougou bougoudani et Taliko, sommes prêts à aller jusqu’au bout pour que ce projet n’aboutisse pas, même si nous devons y laisser notre vie. C’est inconcevable que des jeunes nés et grandis dans ce quartier ne puissent rester qu’une seconde proposer de tel projet”.
Propos recueillis par
Aminata Agaly Yattara