Le Forum International Solidarité pour l’Eau dans les pays du Bassin du fleuve Niger s’est tenu à Bamako les 17 et 18 octobre derniers. C’était sous la présidence du président de la République Amadou Toumani Touré.
Organisé, à l’initiative de la Fondation Chirac,l’ancien président français, en collaboration avec la République du Mali et l’Autorité du Bassin du Fleuve Niger (ABN), le forum international solidarité pour l’eau dans les pays du bassin du Niger a enregistré que la participation de trois chefs d’Etat sur les neufs que compte l’ABN. Il s’agit de Mahamane issoufou du Niger, Blaise Compaoré du Burkina Faso, d’Idriss Deby Itno du Tchad. Les presidents du Cameroun, du Nigeria, de la Guinée Conakry, de la Côte-d’Ivoire se sont faits représenter. Etaient aussi présents, Mr Loïc Fauchon, président du Conseil Mondial de l’Eau, Michel Camdessus,ancien directeur du FMI, représentant du président Jacques Chirac.
Ce forum a pour objectif de trouver des solutions aux problèmes liés à l’accès à l’eau et à l’assainissement dans le bassin du fleuve Niger, d’inciter les Etats de l’ABN à se mobiliser, davantage, autour du bassin du fleuve Niger afin de réussir l’aménagement, la gestion équilibrée et durable des ressources en eau, d’accompagner les pays membres de l’ABN dans le processus de ratification de la convention des Nations Unies sur les cours d’eau internationaux. S’y ajoute la préparation du forum mondiale de l’eau qui se tiendra, à Marseille en mars 2012.
Ce forum n’est pas le du genre entre les Etats du bassin du Niger et la Fondation Chirac. En 2004, à l’invitation du président Jacques Chirac, lors de la conférence de Paris, les Etats membres de l’ABN ont signé la déclaration dite de Paris.
Le forum de Bamako se tient à un moment crucial. Un moment où, la sous région et particulièrement le bassin du Niger, est confronté à d’énormes difficultés: rareté de l’eau surtout dans les zones désertiques et semi- désertiques, faibles précipitations, manque de moyens financiers pour la construction d’infrastructures d’eau et d’assainissement. S’y ajoute la croissance démographique qui crée de nouveaux besoins en eau.
Cette situation est en passe de créer une pénurie d’eau dans cette partie de l’Afrique. Un rapport des Nations Unies révèle que 90% des cultures, en Afrique, dépendent des précipitations. Un facteur qui met le continent dans une situation d’insécurité alimentaire et de sous-production agricoles pour le siècle à venir. Du moins, si rien n’est fait pour inverser cette tendance.
Rappelons que plus de 900 millions de personnes dans le monde, n’ont pas accès à l’eau potable. C’est, en Afrique, que plus du tiers de ces populations résident. Plus de 300 millions d’Africains ne boivent pas de l’eau potable. La situation est alarmante dans les Etats du bassin du fleuve Niger, dont les eaux sont parmi les plus polluées du monde. Conséquence : les maladies hydriques sont la principale cause de mortalité. Surtout, dans les Etats du bassin du Niger. D’où l’appel du président du Conseil Mondial de l’Eau, Loïc fauchon : « il est bon d’attribuer une troisième ou quatrième licence de téléphonie, d’aller vers la technologie, l’informatique. Mais on ne doit pas oublier d’investir dans l’eau, car c’est elle la vie», dit-il. Pour lui, l’Afrique n’échappe pas à la rareté de l’eau. Sans l’accès à l’eau, sans partage équitable des ressources en eau, ajoute-t-il, il n’y a pas de développement durable. Pour Mr Fauchon, les Etats africains doivent inscrire la gestion de l’eau dans leurs priorités.
Michel Camdessus, ancien président du FMI, représentant le président Jacques Chirac, indique que « l’or bleu » est au cœur de tous les enjeux du développement. Avant d’ajouter, que le fleuve Niger est une chance exceptionnelle pour l’Afrique.
Idriss Deby Itno, président de la République du Tchad et président en exercice de l’Autorité du Bassin du Niger a, après avoir rappelé les résultats obtenus par l’ABN ces dernières années, indiqué qu’il revient aux Etats membres de l’ABN de prendre la situation du fleuve en main. « La France, à travers la fondation Chirac, a beaucoup fait pour le fleuve. Donc il ne faut, ni de débats ni de discours, il faut des actes », a-t-il dit. Avant de souhaiter que le forum mondiale de l’eau, qui se tiendra à Marseille en mars 2012, soit le point départ de l’appropriation effective, par l’ABN, du destin du fleuve Niger.
Si le Nigeria est considéré comme le plus grand pollueur du fleuve Niger, au Mali et surtout à Bamako, le fleuve subit des agressions de toutes sortes : pollution, ensablement, jacinthe d’eau, constructions anarchiques, monuments et hôtels dans le lit du fleuve, etc. Autant de raisons qui ont poussé la Fondation Chirac et les partenaires de l’eau à renvoyer les Etats membres de l’ABN à leurs responsabilités. Pour le ministre de la Coopération française, rappelle que l’accès à l’eau est une condition essentielle pour l’atteinte des Objectifs du Millénaire pour le Développement. Pour ce faire, il rassure que l’engagement de la France, pour la gestion du fleuve Niger, soit total.
Le président de la république du Mali, Amadou Toumani Touré, se réjouit de la tenue de ce forum. Car il s’agit, a t-il rappelé, d’un forum qui prend en compte tous les aspects du développement : santé, sécurité alimentaire, assainissement, changements climatiques…
Le ministre de l’Energie et de l’Eau, Habib Ouane assure que tout sera mis en œuvre pour mettre le fleuve Niger à l’abris des menaces. Pour Mr Ouane, ce forum est très important pour les Etats de l’ABN, car il aborde un sujet qui est au cœur même du développement. Il permettra, ajoute-t-il, de promouvoir l’intégration régionale et la révolution verte dans le bassin du Niger. « Nous voulons que ce fleuve retrouve sa beauté d’antan », a-t-il conclu.
Le forum de Bamako a permis, au pays membres de l’ABN, de faire le bilan de la gestion du fleuve Niger, d’identifier les obstacles, de dégager des mesures pour faire face aux nouveaux défis. Plusieurs thématiques, se rapportant à la question d’irrigation, à la sécurité alimentaire et aux changements climatiques ont été débattues par les experts. Des mesures législatives ont été proposées aux parlements nationaux. Afin que le droit à l’eau devienne effectif dans chacun des Etats membres du Bassin du Niger.
Abou Berthé