Outre l’appel, «inédit», à abandonner les énergies fossiles, le Sommet de Dubaï aura permis d’avancer sur les pertes et dommages, de mieux prendre en compte la question de l’agriculture, point crucial pour l’Afrique, notamment le Mali, de conclure sur l’accélération des énergies renouvelables. En revanche, il a échoué sur les financements, l’adaptation, les marchés carbones. Compte-rendu de notre envoyé spécial.
La Cop28 a tiré le rideau le mercredi 13 décembre 2023 sur de nombreuses décisions. Nous retenons les points essentiels.
1) La fin de l’ère des énergies fossiles
Pour la première fois, les énergies fossiles sont inscrites dans l’accord final. Jusqu’ici, seule une réduction progressive du charbon avait été actée il y a deux ans à Glasgow. Cette fois, les pays sont “appelés” à abandonner purement et simplement les énergies fossiles.
Si le texte précise que cet «abandon» doit se faire de façon “juste et ordonnée” et tenir compte “des situations nationales”, les pays en développement appellent à plus de précision et souhaitent que les pays les plus riches montrent la voie à suivre. Un premier test aura lieu en 2025 au Brésil, avec la révision des contributions nationales déterminées.
2) L’avènement des énergies renouvelables
La suite logique de l’abandon des énergies fossiles est l’essor des énergies renouvelables (ENR). L’accord de Dubaï sur le climat acte ainsi le triplement des capacités d’énergies renouvelables et le doublement de l’efficacité énergétique d’ici 2030, sans toutefois fixer d’objectifs chiffrés.
3) Concrétisation du Fonds pertes et dommages
C’était la surprise générale de l’ouverture de la Cop. Au point que son président Dr Sultan Al Jaber, a qualifié le Sommet de Dubaï de Cop historique. Était-ce un coup médiatique d’un as des affaires ou une réalité ? En tout cas, à Dubaï, les promesses de dons ont afflué de toutes parts. Les Émirats arabes unis ont d’emblée promis 100 millions de dollars, suivis d’autres engagements de pays «développés uniquement» pour un total d’environ 800 millions de dollars.
Cependant, selon des experts, à la Cop, il faudrait mille fois plus pour répondre aux besoins réels liés aux pertes et dommages.
4) L’agriculture, enfin, à la table des négociations
Pour la première fois, l’alimentation et l’agriculture sont mentionnées dans l’accord final de la Cop et une journée thématique a été organisée à Dubaï.
5) Rejet du texte encadrant les marchés carbones
Cette fois encore, les pays n’ont pas réussi à s’entendre sur les règles permettant d’encadrer la création de marchés carbone sous l’égide de l’ONU, car les options sur la table n’étaient pas assez ambitieuses. Cela concerne les échanges de crédits carbone entre États et entre États et entreprises.
O.T
Dans les coulisses : Au-delà des questions sur le climat…
Stands alimentaires
La Cop28 c’était aussi les stands alimentaires : plus de 90 points de vente de nourriture et de boissons. Beaucoup proposent un menu pour accueillir près de 250.000 repas par jour. Une vision des organisateurs de promouvoir des choix alimentaires durables. Ce qui a profité à des chefs cuisiniers, glaciers, pâtissiers, venus de divers horizons.
Sécu
Le dispositif sécuritaire était à la fois imposant et fluide pour les participants, dont le nombre a dépassé les 88.000. Plus de 10 scanners pour tout passer à la loupe, même les ceintures, montres, bracelets, ordinateurs, téléphones portables, Etc. Et pour ceux qui oublient leurs effets, le bureau spécifiquement dédié aux objets avec ses caméras de surveillance est là. Il leur suffit de s’y diriger.
Pieds enflés!
Dubaï exposé-City…c’est 440 hectares. Plus de 100 buildings séparés. 10 km de pistes cyclables, des jardins et des parcs. Des pavillons Terra et Alif, des chutes, l’hôtel du site. Ici, tout est immense et suscite l’envie de découvrir. Conséquences : on est obligé durant le séjour de faire parfois un à deux tours au dispensaire de la Cop, pour un «body pain» un calmant, afin de reprendre sa journée, ou de la terminer sans choix à cause de la fatigue.
Ah, ces plénières !
Les plénières pouvaient se poursuivre jusque tard la nuit. La puissance des mots compte à la Cop, mais pas plus que celle des pays. Tel pays préconise ou suggère de modifier, tel autre soutient pendant qu’un autre dira tout le contraire.
La puissance des puissants !
La Cop est aussi une question de poids. Certains groupes laissent entendre que la suprématie de certains pays s’affiche. Telle la Chine, avec une délégation imposante. Les débats sont illustrateurs que la puissance est reine dans toutes les négociations et ce n’est pas la Cop qui va échapper à cette règle.
A la….émiratis !
La Cop 28 a été la première Cop à accueillir un Majlis, une tradition arabe où tous les participants se sont rencontrés en discussion ouverte pour négocier la voie vers ce qui est finalement devenu le Consensus des Émirats arabes unis.
English ou… rien !
Le langage de la Cop, c’était : « (Ey), Bi (B), Ci (C), Di (D) ….Hello, Sir …. Please… « Do you speak french ?….No, Sorry… ». L’OIF a plaidé pour qu’il y ait un peu de «français».
O.T
Cheick Boucadry Traoré, Président de la Convergence Africaine pour le Renouveau (CARE : Souveraineté et sécurité alimentaire
Au Mali, la sécurité alimentaire d’une grande partie de la population dépend de la culture de céréales vivrières comme le mil ou le sorgho. Mais, les déboires de nos populations vont bien au-delà de la qualité et de la valeur de ces récoltes. La crise alimentaire qui frappe le monde et les crises sociales que nous vivons font peser de nouveaux risques sur la sécurité alimentaire dans notre pays.
Ces crises entraînent une hausse-record du prix des matières premières alimentaires et de l’énergie. Notre pays, comme beaucoup d’autres dépendant des importations de certaines denrées, fait face à une profonde crise alimentaire. Pour nourrir convenablement nos populations, il est impératif de revoir nos systèmes agricoles et alimentaires et de soutenir un développement rural durable. Nous devons pleinement nous engager dans cette transformation.
De bonnes politiques pour la sécurité alimentaire, la nutrition et l’agriculture durable doivent constituer notre nouvelle feuille de route. Nous devons nous engager sur la voie de la mécanisation de l’agriculture. Notre objectif doit être non seulement de moderniser l’agriculture locale, mais aussi de faire du Mali un pôle agricole pour le ravitaillement du marché de la sous-région.
Jusqu’au milieu des années 1970, le Mali était autosuffisant en production céréalière. Cependant, les aléas climatiques et les contraintes politiques pesant sur la production agricole ont provoqué des pénuries céréalières presque chaque année. Nous sommes convaincus que la génération de surplus agricole, à travers une augmentation rapide de la productivité agricole, aidera notre pays dans son combat contre la pauvreté et pour la création de richesses. Le Mali doit être rebaptisé le grenier de la sous-région. Trois composantes sont essentielles pour cela et pour un meilleur rendement : la croissance de la productivité agricole, le développement des infrastructures de transport, de communication et d’énergie, et la décentralisation budgétaire.
Croissance de la productivité agricole – L’augmentation des rendements et de la productivité des actifs agricoles.
Les changements technologiques nécessaires à l’augmentation de la productivité agricole dans le secteur agricole devront se focaliser en priorité sur l’augmentation de la productivité des terres, compte tenu de l’explosion démographique. Nous devons intégrer des mesures spécifiques de renforcement de la recherche et de la vulgarisation, de la sécurisation foncière et des investissements publics nécessaires à la maîtrise de l’eau et les amendements des sols.
Créer les conditions requises pour le transfert et l’adaptation des biotechnologies dans des conditions de sécurité acceptable : développer les capacités de recherche adaptative, et mettre en place un cadre réglementaire relatif à la propriété intellectuelle et les conditions de test et de commercialisation de ces technologies.
L’aménagement des terroirs des collectivités décentralisées afin de permettre l’évolution des droits fonciers traditionnels vers la sécurisation des investissements dans l’amélioration foncière et l’intensification de l’élevage.
Un plan de développement des ressources humaines nécessaires aux changements technologiques dans le secteur agricole : la formation des formateurs dans les centres de formation et leur dotation en moyens de recherche adéquats ; les formations de courte durée pour favoriser l’émergence d’une nouvelle classe d’entrepreneurs dans la production agricole et l’agro-industrie ; la formation de cycles court et moyen pour doter les centres de formation et les services de vulgarisation de personnel compétent ; l’intensification des actions d’alphabétisation fonctionnelle auprès des producteurs.
En réalité, rien à foutre de et, ou faire du blabla de Doubai, pourquoi? Tout juste parce que les pays occidentaux veulent maintenir leur position de domination et faire le monde manger energetiquement dans leurs mains, mettre des milliards de gens sur les faibles énergies intermittentes sur lesquels aucune production ne peut être adossée.
LES OCCIDENTAUX VEULENT LE MONDE DE CONSOMMATEURS SUR PHOTOVOLTAIC, ET LE MONDE DE PRODUCTION SUR LE NUCLÉAIRE.