Le forum régional sur la problématique de la gouvernance des ressources naturelles s’est achevé jeudi à Koulikoro sous la présidence du conseiller aux affaires économiques et financières du gouverneur de la 2ème région Bougouzanga Coulibaly en présence des représentants des ministères du Développement rural et de l’Environnement et l’Assainissement, du directeur exécutif de l’Ong Afad (Association de Formation et d’Appui au Développement), Ahmed Sékou Diallo et de ses partenaires.
Ce forum est organisé par Afad avec le concours financier de Diakonia et de l’ambassade de la Suède et du consortium Gld dans le cadre du projet de renforcement de la gouvernance des ressources naturelles dans les cercles de Nara et Banamba initié par la même Ong en partenariat avec les collectivités locales, les organisations communautaires de base et les services techniques.
Ahmed Sékou Diallo, le directeur exécutif de Afad, rappelle que ce projet se fixe comme objectif général de contribuer à l’amélioration de la gestion décentralisée des ressources naturelles et de la productivité agropastorale dans les cercles de Banamba et Nara pour une durée de 9 mois.
L’objectif général du forum régional était d’amener tous les acteurs clés de la gestion des ressources naturelles de la région à réfléchir, échanger ensemble sur la problématique de la gouvernance des ressources naturelles afin de dégager des pistes et réponses possibles aux difficultés et contraintes identifiées sur une base participative et consensuelle plutôt que de se référer à des consultants.
Au cours de la rencontre, les participants ont dressé un diagnostic de la situation des ressources naturelles en 2ème région. La surexploitation forestière, le nomadisme agricole, le surpâturage, les feux de brousse, la destruction des habitats de la faune sauvage, le braconnage, les phénomènes naturels, l’action destructrice de l’homme (orpaillage), l’exploitation des carrières sont venus à bout des ressources naturelles.
Pour la seule année de 2012, 72.567,5 quintaux de charbon de bois, 88.856,5 stères de bois de chauffe, 55.292 bois de service ont été produits en 2ème région selon les statistiques de la direction régionale des eaux et forêts. Ces même statistiques indiquent que ces chiffres sont très en deçà de la réalité car les prélèvements effectués par les populations non encadrés, la part des droits d’usage et surtout la fraude sont énormes. En plus, les points de vente de charbon et de bois ont augmenté dans des proportions inquiétantes. Aussi la plupart du charbon de bois et du bois énergie consommés à Bamako provient de la 2ème région.
Au plan agro-sylvo-pastorale cette situation a fortement diminué les recettes d’exportation du sous secteur de l’élevage qui sont les plus importantes après celles de l’or et du coton. Si elles ont culminé en 2001 à 62,4 milliards de Fcfa, elles ont considérablement chuté en 2002 jusqu’à 28,9 milliard de Fcfa selon des données de la direction nationale de la statistique et de l’informatique.
Au plan de la pêche, la plupart des zones de frayère sont détruites par l’action néfaste de l’homme selon des informations collectées auprès des mairies et des coopératives de pécheurs si bien que les quantités de poissons pêchées ont drastiquement diminué à Koulikoro. Par exemple, moins de 500 Kg de poissons sont pêchés par jour pour une population estimée à 43.174 habitants selon les statistiques du secteur de la pêche.
“Cet état de dégradation de l’environnement nous interpelle tous et nous invite à un changement de comportement vis-à-vis des ressources naturelles qui doivent être exploitées de manière rationnelle suivant le principe de rendement soutenu en bon père de famille”, a conseillé le représentant du ministère de l’environnement Souleymane Cissé. “Nous nous devons de réagir”, a estimé Ahmed Sékou Diallo, le directeur exécutif de Afad et la représentante de Diakonia Coulibaly Mariam Sissoko a préconisé un challenge pour trouver les stratégies les plus convenables pour asseoir une vraie gouvernance des ressources naturelles dans les communes.
Trois jours de travaux intense (du 10 au 12 septembre) ont permis aux participants de faire un diagnostic sans complaisance de la situation des ressources naturelles dans la région de Koulikoro.
Les principales contraintes de la problématique de la gouvernance des ressources forestières et fauniques évoquées ont été entre autres la méconnaissance des textes, la faible implication des communautés dans la gestion des ressources naturelles, l’insuffisance des schémas d’aménagement du territoire, des ressources humaines et matérielles, les difficultés d’accès et d’application des textes de base.
Les contraintes de la gouvernance des ressources pastorales identifiées, sont l’obstruction des voies d’accès à l’eau et aux pâturages, le non respect des calendriers de vaccination des animaux, l’impunité des cas de vol d’animaux, l’insuffisance d’infrastructures et d’équipements de production, de transformation, de communication et de transport entre autres.
Parmi les contraintes dégagées dans le cadre de la gouvernance des ressources halieutiques, il faut citer l’ensablement des plans d’eau, l’exploitation anarchique du sable et du gravier, la coupe abusive des arbres sur la berge et dans les cours d’eau, l’orpaillage, l’utilisation des engins de pêche inadaptés.
Pour endiguer les contraintes les participants du forum ont formulé d’importantes recommandations parmi lesquelles le respect des lois et règlements en vigueur en matière de gestion de ressources forestières et fauniques, l’introduction des énergies de substitution, la promotion de l’élevage intensif à travers les cultures fourragères, la disponibilité de l’aliment bétail et l’insémination artificielle, la multiplication des points d’eau au niveau des zones pastorales, l’insertion de l’élaboration de la carte pastorale dans les Pdsec des collectivités, le surcreusement, l’empoissonnement des marres et des cours d’eau, l’application des textes en vigueur, l’augmentation du personnel et des moyens matériels.
Le forum a permis d’adopter un plan annuel 2013-2014 pour la réalisation des objectifs de la rencontre. Il a été l’occasion d’élaborer deux thèmes pertinents de plaidoyer à savoir gérer les ressources naturelles pour un développement durable, amener l’Etat à palier l’insuffisance des ressources humaines et matérielles.
En clôturant les travaux le conseiller aux affaires économiques et financières du gouverneur Bougouzanga Coulibaly a rappelé la place combien importante des ressources naturelles au Mali. Il a invité chacun à s’y mettre pour sauver l’environnement, un challenge où le rôle des collectivités est indispensable, a- t- il conclu.
Source : Amap
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