Interdiction des sachets plastiques non biodégradables à partir du 1er avril 2013 : La mort programmée de plusieurs entreprises et le chômage de milliers de travailleurs en perspective

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La loi portant interdiction de la production, de l’importation, de la commercialisation, de la détention et de l’utilisation des granulés et des sachets plastiques non biodégradables  a été adoptée le vendredi dernier par les députés au cours d’une session plénière. C’est une mesure audacieuse  et salutaire que les élus de la nation viennent de prendre. Surtout quand on sait que les matières plastiques polluent l’environnement, provoquent la mort des animaux et posent divers problèmes de santé publique. Cependant, si des mesures d’accompagnement ne sont pas rapidement prises, ce sera certainement la fermeture de plusieurs entreprises. Donc des centaines, voire des milliers de gens qui vont se retrouver sans emploi et de nombreuses familles qui vont en souffrir.

  Les services du ministère de l’Environnement et de l’Assainissement ont élaboré un projet de loi visant à interdire la fabrication, la détention et l’utilisation des sachets plastiques. Lequel soumis à l’appréciation des élus, le vendredi 6 janvier, a été adopté par 113 députés sur 147. 

 Le projet de loi en question définit comme sachet plastique " tout film en polyéthylène (PE) basse densité, utilisé dans l’emballage de l’eau, des denrées alimentaires ou tout autre produit ". Ainsi, à travers cette loi : "sont interdites la production, l’importation, la détention, la commercialisation et l’utilisation de granulés servant à la fabrication des sachets plastiques".

 

Il en résulte un bannissement pur et simple de la production, la détention, la commercialisation et l’utilisation des sachets plastiques. Une mesure radicale, qui devra changer les habitudes au Mali. En effet, l’usage des sachets plastiques est tellement ancré dans les mœurs qu’on pourrait  se demander si la loi sera réellement applicable. Puisqu’au Mali, toutes les localités sont envahies par des emballages et sachets en plastique, abandonnés dans la nature après usage par les populations. Cette pratique est répétée chaque jour dans les marchés des villes et villages favorisant ainsi une dispersion anarchique et excessive des sachets plastiques dans les rues, les caniveaux, les champs, sur les arbres, etc.

Le constat est que la gestion de ces déchets plastiques devient un vrai problème pour les responsables communaux dans les milieux urbains et ruraux. Où selon les  chiffres officiels, les plastiques représentent  entre 3 et 7% du poids des déchets municipaux au Mali.

Aux dires d’experts en environnement, l’impact des déchets plastiques se manifeste à tous les niveaux. Si, dans le milieu urbain, il se caractérise par la pollution visuelle du sol, en milieu rural, il est indexé comme un des facteurs déterminants de la dégradation et de l’appauvrissement des terres de culture. S’y ajoutent ses nombreuses conséquences sur le cheptel décimé par l’absorption de sachets plastiques indigestes.

Cependant, s’il faut se réjouir d’une mesure interdisant les sachets plastiques, il faut craindre la perte d’emplois qu’une telle mesure occasionnera.

 Une vingtaine d’entreprises concernées

En tout cas, l’adoption d’une telle décision par les plus hautes autorités ne serait pas sans conséquences pour notre pays. Les sachets plastiques sont ancrés dans les habitudes des Maliens à travers divers produits de consommation. En plus, beaucoup d’unités industrielles opèrent dans le domaine.

En effet, elles sont près d’une vingtaine d’unités industrielles maliennes à travailler dans la fabrication des sachets plastiques ou dans son importation. Elles font partie des plus grandes entreprises du pays comme la Soacap, Sigma, Koumalin, Embal Mali, Mali lait, pour ne citer que celles-là. Chacune d’elles emploie plus d’une centaine d’ouvriers, sans compter que des milliers de personnes vivent  de l’utilisation de sachets plastiques. C’est dire que c’est toute une filière qui est appelée à disparaitre, de nombreux emplois engloutis et des milliers d’ouvriers déversés dans la rue. Son adoption donne de la frayeur à plusieurs opérateurs qui redoutent la fermeture de leurs usines, la cessation de leurs activités d’importation ou de transformation des sachets plastiques  en d’autres produits telles que les gaines pour fils électriques. Comme nous avons pu nous en rendre compte lors de notre passage dans le milieu des industriels.  " Nous sommes très touchés par cette initiative venant du département de l’Environnement et de l’Assainissement. Nous sommes aujourd’hui près d’une vingtaine de sociétés à travailler dans cette filière. En ce qui me concerne, dans ma société, j’emploie entre 400 à 500 ouvriers. Chaque ouvrier est responsable, à son tour, d’une dizaine de bouches à nourrir. C’est vous dire combien de personnes vivent de l’utilisation des sachets plastiques. La mesure d’interdiction signifierait, pour nous, la mort assurée pour nos entreprises ".

  Un autre de préciser qu’au delà de la perte d’emplois pour de nombreux ouvriers, l’autre facteur non négligeable est l’apport même de ces sociétés et entreprises dans le développement économique du pays car la mesure occasionnera l’agonie de nombre d’entre elles. Et le manque à gagner sera énorme pour le pays en terme d’impôts et taxes. Nous y reviendrons.

 

Abdoulaye DIARRA

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