Cela est devenu une tradition, à chaque saison de pluie, après de fortes averses, des structures publiques sont inondées par les eaux. Parmi ces structures, qui ont été paralysées par ce phénomène, existe en bonne place le principal et unique Centre de lutte contre le diabète au Mali, sis au quartier du fleuve dans la zone appelée “Banantoukôrô”. Que faire pour sauver cette structure ?
« Ce vendredi 23 juillet, de mémoire d’homme, le spectacle offert aux usagers au sein de ce centre, qui reçoit en moyenne plus d’une centaine de patients par jour pour le contrôle, le suivi, le traitement et des conseils diététiques, a dépassé l’entendement » témoigne Dr Lehbib Boukenem, médecin chef du centre de lutte contre le diabète.
Vendredi, dans la matinée, la ville de Bamako fut arrosée par de fortes pluies. Selon les indications météorologiques le niveau des eaux a atteint un cumul de 70 mm.
Après ce déluge, le centre, spécialisé dans la prise en charge des personnes vivant avec le diabète, a été submergé d’eau et de boue. Le tableau en son sein, le décor était ahurissant. Avec un niveau d’eau de près de 50 centimètres, les bureaux, les espaces d’attente des patients, les salles d’hospitalisation et les issues entre les différents services ont été tous inondés par les immondices, les branches d’arbres jonchant la cour de ce centre.
« Depuis des années nous sommes confrontés à des difficultés énormes après chaque forte pluie. Notre structure est située dans un basfonds, sans véritables aménagements pour permettre l’écoulement rapide des eaux pluviales. Si la cour est bien dallée d’ouest en est, les caniveaux au pourtour du centre élargis, l’évacuation de l’eau sera facilitée» a indiqué Adama Moussa Diallo, président de l’Association malienne de lutte contre le diabète.
A noter que cette brusque inondation du vendredi dernier a occasionné l’arrêt de travail au sein de ce centre.
« Notre centre est fréquenté principalement par des personnes vivant avec le diabète, dont certaines ont des plaies aux pieds, qui ne peuvent marcher dans l’eau » a précisé Dr Lehbib Boukenem. Il ajoutera qu’en plus des patients venant en consultation, il était impossible de pouvoir faire déplacer les malades hospitalisés pour des pansements et autres soins. A l’en croire, plusieurs salles de soin étaient submergées d’eau, les salles d’hospitalisation inondées, le personnel empêché de regagner les bureaux. Bref, le centre a été plongé dans une situation d’inertie totale.
« Je suis venue avec mon mari pour son pansement. Au regard de l’état délabré de la cour du centre, nous avons été obligés de retourner à la maison. Nous n’avons pas eu le choix » a témoigné Mme Touré F. Coulibaly.
De par son coût de consultation à la portée des citoyens, ce centre de lutte contre le diabète est une structure dotée d’une solide réputation en matière de dépistage du diabète, mais aussi dans le suivi, traitement et hospitalisation des personnes vivant avec le diabète et pied de diabète. Constitué de plusieurs services, il est géré de mains de maître par l’Association de lutte contre le diabète (AMLD). Aux dires du président de cette association, leur structure, en plus de cette situation récurrente d’inondation de ses locaux, souffre aussi en raison de certaines difficultés. Au nombre desquelles, il a cité, entre autres : le manque d’ambulance et la non fonctionnalité de l’unité spécialisée en soins intensifs, malgré la disponibilité d’une salle à cet effet.
A signaler qu’en dehors de l’apport de certains partenaires, dont le Lion’s club Bamako Sigui et la Fondation Orange-Mali, ce centre ne bénéficie d’aucune subvention de l’Etat et d’autres mécènes. Il évolue avec ses ressources propres pour la prise en charge du personnel, la tenue et l’entretien des locaux, ainsi que les frais d’électricité et de l’eau.
Pour la situation spécifique d’inondation répétitive, le président de l’AMLD a lancé un vibrant appel à toutes les bonnes volontés afin que ce centre puisse pleinement jouer son rôle dans la prise en charge des malades du diabète.
Moustapha Diawara