Plusieurs grandes villes du Mali restent la proie à de fortes inondations une fois la saison pluvieuse commencée. Ces inondations relèvent, dans la plupart des cas, d’une politique d’indifférence de la part des gouvernants et d’une insouciance de la part de la population. En plus, la politique urbaine au Mali ne sait pas faite de façon rationnelle.
La beauté du Mali se limite à la saison sèche. Pendant cette période, nul ne peut se rendre compte de l’état de dégradation, voire d’irresponsabilité des dirigeants en connivence, bien sûr, avec la population. Le domaine du foncier a tellement aveuglé les hommes que l’inachetable est acheté. Et comme conséquence, la saison pluvieuse se pointe pour rendre son jugement partial. Les terrains inhabitables qu’un pauvre s’hasarde à acheter pour des fins d’habitation se voient privés d’abris, une fois la période de forte pluie se présente.
Voilà d’un côté le problème du Mali. Les maires ont vendu toutes les terres, même les points de ruissellement de l’eau. L’eau des rivières consécutives aux pluies ne pouvant pas stagner, elle coule et fait une virgule dans les habitations implantées sur son lit naturel, provoquant dans la plupart des cas des dégâts énormes. Les victimes de ces drames sont dans la majeure partie des cas les pauvres citoyens emportés par le prix abordable de ces zones inondables.
Un autre facteur entre en ligne de compte pour expliquer ce phénomène d’inondations. C’est l’absence de caniveaux ou encore un défaut de curage de ces points de ruissellement de l’eau. Il ne sert à rien de posséder des caniveaux s’ils ne sont pas curés. Au Mali, on ne se rend pleinement compte de l’insouciance de la population qu’en les voyant remplir volontairement ces caniveaux de débris et autres ordures. Ainsi, les rares caniveaux existants se trouvent bouchés et l’eau n’ayant plus de point de ruissellement, s’en crée en prenant tout bonnement possession des voies publiques ou des concessions.
Tous ces deux facteurs entrent en ligne de compte dans l’explication de la forte pluie qui s’est abattue sur Bamako le mercredi dernier. Suite à cette pluie, la route de Kalabancoro était pratiquement inaccessible jusqu’à une certaine heure, en tout cas pour les motocyclistes. Les tables des vendeurs au bord du goudron prenaient de plus en plus possession de la route. N’eut été le courage de quelques citoyens engagés, ils allaient se retrouver dans le fleuve. Cette situation est due à cette absence de caniveau, mais aussi aux constructions faites sur les pistes de passage de l’eau.
Il importe que les dirigeants et aussi les citoyens changent de mentalité en multipliant d’un côté les caniveaux, tout en évitant les ventes illicites de terrains, c’est-à-dire les lieux situés sur les passages d’eau. De l’autre côté, il revient aux citoyens de prendre soin de ces points de passage des eaux de ruissellement en évitant de les boucher et en prenant soin de les curer parce qu’il y va de leur survie.
Fousseni TOGOLA