De fortes pluies se sont abattues hier sur la ville de Bamako. Ces précipitations ont causé des inondations dans plusieurs quartiers de la capitale. De nombreuses rues étaient totalement sous les eaux. Rues inondées, ponts submergés par l’eau, maisons écroulées, c’est la désolation dans plusieurs quartiers de la ville. La circulation a été interrompue sur plusieurs grandes voies. Automobilistes cyclistes, piétons se sont retrouvés pris dans le piège des eaux. Mais c’est le bilan humain qui est particulièrement lourd : 24 morts selon le ministère de la Sécurité intérieure et de la Protection civile, dont 19 à Banconi en Commune I (voir communiqué du MSIPC).
La maire de cette commune, Mme Konté Fatoumata Doumbia a annoncé qu’en collaboration avec le Développement social, une équipe de veille a été mobilisée et que deux écoles ont été équipées (celles Baber Santara et Zégué bougou) avec des nattes, matelas, moustiquaires pour héberger les sinistrés. Un numéro vert est mis à leur disposition pour ceux qui auront besoin d’aide. Un conseil municipal spécial est convoqué pour aujourd’hui.
Comme on peut donc le constater c’est en Commune I que l’inondation a fait le plus grand nombre de victimes. Les eaux en furie ont tout emporté sur leur passage. Par exemple dans le secteur de « Banconi Salenbougou », des dizaines de maisons se sont effondrées. Des familles entières se sont retrouvées sans toit. Les habitants du secteur tentaient d’évacuer les eaux avec des moyens de bord. A l’aide de seaux et d’autres ustensiles.
Il faut préciser que dans la zone, nombre de maisons sont construites en banco et dans le lit des cours d’eau. Les eaux ne pouvant dévier leur passage naturel, elles ont presque tout ravagé. Si les logements en banco ont payé le plus lourd tribut, même des habitations construites en ciment n’ont pas résisté à la furie des eaux.
Le mécanisme de la solidarité traditionnelle s’est aussitôt mis en marche. Les familles qui ont perdu leur toit ont été hébergées par d’autres qui n’ont pas été touchées. Mais au passage de notre équipe de reportage, tous les ménages victimes de la catastrophe naturelle n’avaient pas encore trouvé une famille d’accueil. Certaines personnes étaient dans la rue, ne sachant où aller. D’autres, par mesure de précaution ont quitté leur logement encore débout mais susceptibles de s’effondrer à tout moment.
Dans un élan de solidarité spontanée, les familles non touchées sont sorties pour porter secours à leurs voisins sinistrés. C’est le cas de la famille Sidoro qui héberge provisoirement plusieurs familles chez elle, dont celle de notre collègue de l’Agence malienne de presse et de publicité, Sory Ibrahima Dabo. Celui-ci témoigne : « Nous avons tout perdu : céréales, matériels, habits. C’est une véritable catastrophe ».
Des habitants sous le choc comme Amadou Sidoro confient : « Je suis dans ce quartier depuis 30 ans. J’ai vu des inondations ici, mais jamais d’une telle ampleur. C’est ma première fois de voir une telle quantité de pluies tombées et de dégâts causés à Banconi Salenbougou », confie l’homme qui accuse les autorités municipales de ne rien faire pour véritablement viabiliser le quartier en construisant de vrais collecteurs et caniveaux. « Que font-ils de nos taxes ? », interroge Amadou Sidoro. Et d’ajouter : « Ce sont toujours les populations pauvres qui font les frais de ces sinistres ».
Plus en contrebas du quartier Banconi, Bougouba sur la route qui va à Sotuba, était sous les eaux. La circulation a d’ailleurs été interrompue pendant plusieurs heures sur cette route à cause de la submersion du petit pont qui enjambe le collecteur situé juste derrière l’UMPP et de la chaussée au niveau de la société Sotelco.
Située dans une zone marécageuse au bord du fleuve Niger, la position de Bougouba est très délicate puisque c’est par là que les eaux venant d’en haut passent avant de se jeter dans le fleuve. Ici aussi, beaucoup de familles ont été inondées. Des rues qui étaient déjà impraticables depuis un certain temps ressemblaient à des mares. Là aussi, c’est l’absence de système de viabilisation qui est en cause.
Un autre quartier très vulnérable en cas de fortes pluies sur Bamako est Lafiabougou-Taliko en Commune VI. Ici, aussi, c’était la désolation. Toutes les concessions construites dans le lit de la rivière au flanc de la colline étaient littéralement sous les eaux. Au moment du passage de notre équipe de reportage, les agents de la Protection civile s’affairaient à sauver les personnes surprises par la montée brusque des torrents qui déballaient de leur source à une vitesse effrénée.
Pour y parvenir, les sapeurs pompiers ont utilisé la technique dite de « cordage ». Celle-ci consiste à jeter la corde à la personne prise au piège par les eaux. Elle la saisit par le bout et suit sa trajectoire jusqu’au rivage où les hommes de la Protection civile l’attendent.
Cette technique a permis de sauver environ une cinquantaine de personnes, qui étaient toutes prises au piège dans leur concession. Heureusement, aucune perte en vie humaine n’a été déplorée. Les dégâts matériels, sont évidemment très importants. « C’est du jamais vu. Nous avons déjà vu des cas de fortes pluies, mais jamais l’eau n’avait atteint un tel niveau. Heureusement que cela s’est passé en plein jour. Si ça s’était produit pendant la nuit, cela allait être la catastrophe », a lancé un rescapé complètement épuisé. Lui venait d’être sauvé par les sapeurs pompiers sous le regard des curieux dont certains ne cessaient d’implorer la clémence du ciel.
A distance, on pouvait observer des ustensiles de cuisine, des matelas, de vêtements et chaussures flotter dans la cour des maisons à moitié englouties sous les eaux.
C’est dans un brouhaha indescriptible que des élus sont arrivés sur place. Parmi eux le maire de la Commune IV Moussa Mara qui était candidat à l’élection présidentielle passée. Il était accompagné de certains de ses collaborateurs. L’édile a constaté et déploré l’immensité des dégâts matériels. Il pointe du doigt les constructions anarchiques à travers le District de Bamako, et pire dans le lit des rivières. L’élu a assuré que tout sera mis en œuvre pour secourir les victimes.
A quelques centaines de mètres de là, le pont de « Woyowayanko » était littéralement passé sous les eaux, coupant la circulation entre le centre-ville et Sébénicoro.
S. Y WAGUE, A . LOUGAYE et Mh TRAORE
bonjour c’est vrai que les constructions anarchiques sont beaucoup en cause mais de ne nos jours avec la technologie on peut appréhender les catastrophes naturelles avec l’utilisation de la télédétection et du système d’information géodésique L’ETAT devrait surtout mettre un accent sur ces données géospatiales et les utilisées en fonction.
Qu’allah le tout puissant ait pitié de notre pays et de ses habitants. Amen!
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