Des familles entières englouties par des eaux, des victimes électrocutées, des maisons saccagées et des dizaines de cadavres, voilà le bilan sombre de la pluie diluvienne qui s’est abattue sur Bamako le mercredi passé. Les quartiers de la commune I et V en ont fait les frais. Au total, 1300 familles se sont retrouvées sans abri, ni espoir et 64% des personnes affectées par l’inondation sont à la charge de l’Etat.
Nous avons fait un tour à un des sites de l’école fondamentale de Banconi Zèkènèkorobougou. Des dizaines de personnes avec bagages et arsenaux de cuisine éparpillés dans une cour à moitié propre. Des enfants sans souci envahissent les coins pour jouer. Des marmites exposées devant les salles de classes, voilà le spectacle désolant des sites d’hébergement des sinistrés de l’inondation dont le bilan officiel est de 36 morts et 5 disparus, selon le Directeur national du Développement social, M. Alassane Bocoum qui a bien voulu nous accorder un entretien pour nous faire le point de la situation depuis le début de la crise. Les conditions de vie de ces malheureux ne sont pas aussi déplorables que l’on pense. Car, les produits de première nécessité sont à leur disposition. Le seul problème est celui de l’insuffisance de toilettes, l’école n’étant pas un site approprié pour un camp d’hébergement. Une mère de famille nous confie comment se passe leur quotidien : « Depuis que nous sommes ici, nous sommes à l’abri des moustiques et du froid. Depuis le début de la crise, les autorités sont à nos côtés. Les vivres et les soins médicaux ne nous manquent pas. Bien sûr nous ne pouvons pas être comme chez nous. Mais ça va dans l’ensemble », a-t-elle dit.
Une urgence à laquelle il faut faire face immédiatement
Selon le Directeur national du développement social, le nombre de sinistrés a augmenté du jour au lendemain. Et pour cause, de 210 personnes le premier jour pour la commune I, l’effectif a grimpé à 1092 personnes. La situation est encore pire en Commune V. Si on ajoute à cela les sinistrés de Lafiabouou Kôda passant par Taliko, le nombre des personnes affectées par cette inondation s’élève à 6163. Ce qui fait du gros fil à retordre pour le département en charge et surtout de la Direction à qui ces missions sont assignées. Selon Monsieur Bocoum, les dispositions seront rapidement prises pour dédommager les sinistrés. A ses dires, il y aura deux sortes de dédommagements qui sont en premier lieu des Ustensiles de cuisine, équipements de première nécessité comme des lits, télévisions etc. Le deuxième lot sera un dédommagement des habitats : « Il faut les recaser le plus rapidement possible. Bien sûr on ne va plus leur permettre de s’installer dans les anciens sites. Car l’eau ne laisse jamais son cours habituel », a-t-il dit. Malgré toute cette assurance, une inquiétude est cependant à considérer. Avant les dédommagements, leur hébergement est à la charge de l’Etat. Les rentrées scolaires sont à trois semaines. Pourtant, il faut leur trouver un local : « Nous sommes en train de réfléchir sur ce problème. Pour nous, les stades seront les mieux indiqués pour les héberger», a-t-il dit. Le Directeur de Développement Social de rassurer que les nouvelles inondations sont aussi prises pour les éventuels sinistres. Et pour cause : « Nous sommes conscients que l’hivernage n’est pas à son terme. Et, nous ne souhaitons pas une autre grande pluie. Pire, certains sinistrés ont refusé de quitter leurs anciens sites, malgré les dangers dont ils sont eux-mêmes conscients. Les jours à venir, il faut prévoir leur place dans des différents sites. Pour le moment, nous avons des agents sur les différents sites pour sensibiliser les autres à quitter les lieux avant que le pire ne les arrive », a-t-il dit. Il a par ailleurs remercié les ONG et les collectivités dont les appuis n’ont pas manqué depuis le début de la crise.
Christelle