Une mission de haut niveau de l’initiative Assainissement et eau pour tous (Swa) a séjourné à Bamako du 4 au 6 mars. Face à la presse vendredi, la présidente-directrice générale de Swa, S de Albuquerque a évalué les progrès enregistrés par le Mali.
Un objectif commun était au cœur de cette mission de haut niveau de 72h de l’initiative Assainissement et eau pour tous (en anglais Sanitation and water for all) : aider à mobiliser les partenaires sectoriels pour soutenir les efforts du Mali en vue de l’atteinte des Objectifs de développement durable (ODD) n° 6 lié à l’eau et assainissement.
Pour la première sortie en Afrique, la présidente-directrice générale du Swa a rencontré plusieurs autorités politiques et administratives dont le ministre de l’Energie et de l’Eau, le président de l’Assemblée nationale, le Réseau des parlementaires eau et assainissement du Mali et le président du comité des ODD de l’hémicycle. D’autres réunions ont eu lieu avec le comité national du Swa, la société civile et les bailleurs de fonds.
Avec l’ensemble de ces parties prenantes, il s’agissait selon Mme Catarina d’engager le dialogue sur l’importance du financement additionnel pour l’ODD 6 afin de réduire l’écart financier du pays en termes d’investissement en eau et en assainissement et renforcer l’engagement politique de haut niveau en faveur de ces secteurs tout en soutenant l’importance de la collaboration entre les différents acteurs autour de l’atteinte de l’objectif.
Durant ces trois jours de mission, il a été aussi question, explique Mme la présidente-directrice générale, de mesurer les progrès des engagements pris par le gouvernement du Mali et ses partenaires dans le cadre du processus.
Le Mali a enregistré des progrès depuis son adhésion en 2014 à l’initiative Swa, a noté la conférencière “le budget alloué aux deux secteurs a pratiquement doublé. Le pays fait partie aussi des rares pays à avoir des engagements des différentes parties prenantes à s’aligner aux priorités du gouvernement. Le travail collaboratif prend plus de temps. C’est plus difficile, mais les résultats sont plus durables”, dit-elle.
Pour les tarifs de l’eau, une question encore sensible partout dans le monde, elle indiquera qu’il faut une politique nationale qui prenne en compte les inégalités existantes entre les zones rurale et urbaine. “Il est important pour le Mali et les autres pays à travers le monde d’avoir des politiques publiques qui sont mises en œuvre et qui tiennent compte de cette nécessité du financement du secteur, sa durabilité et de l’appui aux plus vulnérables et plus marginalisés”.
Devant la presse, la conférencière s’est montrée confiante quant à l’atteinte de l’engagement pris par le Mali dans le Swa. En 2018, le pays avait accordé 2,66 % du budget national à l’eau et l’assainissement. Le taux est encore en deçà des engagements pris par le Mali dans le processus Swa.
“Les 5 % sont une belle mesure et un signe de volonté politique, mais ça ne va pas suffire“, souligne-t-elle. Pour la représentante, il faut continuer à travailler ensemble sur les trois T, à savoir les taxes, les tarifs et les transferts afin d’y arriver à un résultat escompté et durable
“Nous savons que l’engagement politique peut changer radicalement la situation dans le pays et l’engagement des chefs d’Etat et du gouvernement peut inspirer l’action à tous autres niveaux dans le pays. Je veux voir le Mali comme un champion global de la lutte en faveur de la réalisation des droits de l’homme à l’eau et l’assainissement. Je pense que c’est possible”.
La conférence de presse a enregistré la présence du directeur général adjoint de la direction nationale de l’hydraulique Djoouro Bocoum, du point focal de la société civile de Swa au Mali Boureina Tabalaba, du chargé des programmes à WartAid Mali Fousseini Traoré et du représentant de l’École nationale d’ingénieurs Aberhamane Baba Touré Adama Mariko.
À noter que la mission de haut niveau de l’initiative Swa a été effectuée dans le cadre du processus préparatoire de la tenue de la réunion de haut niveau du partenariat Swa. La rencontre est prévue en avril en marge de la réunion des ministres des Finances à Washington.
Le Swa est un partenariat multipartite composé des gouvernements et leurs partenaires de la société civile, du secteur privé, des agences des Nations unies, des institutions de recherche et d’apprentissage et de la communauté philanthropique.
L’initiative se concentre en particulier sur l’encouragement et la motivation des partenaires à accroître la priorité politique de l’eau, de l’assainissement et de l’hygiène, à assurer un financement adéquat et construire de meilleures structures et institutions de gouvernance pour atteindre l’ODD 6 d’ici 2030.
Le Mali est membre du comité directeur international de Swa depuis décembre 2018. Il représente le groupe de l’Afrique de l’Ouest et du centre auprès du comité directeur pour une période de trois ans.
À l’instar de 11 autres pays, il a été élu comme pays pionnier pour la mise en œuvre du mécanisme de redevabilité mutuelle dans le cadre de l’initiative eau et assainissement pour tous.
Kadiatou Mouyi Doumbia
