L’ONG Water Aid Mali (WAM) a mené une étude en mai 2019 sur le ” genre et la gestion de la filière boue de vidange ” dans la Commune VI du District de Bamako et dans la Commune urbaine de Kati. A partir des évidences issues de cette étude, elle a organisé un atelier de production de la note conceptuelle du projet Genre et Filière Boue de vidange, les 6 et 7 novembre à son siège.
Traditionnellement, la femme est la première responsable de la propreté de la maison. C’est elle qui balaie la cour matin et soir. C’est également elle qui s’occupe de l’entretien des chambres, des latrines ou fosses septiques. En plus, la femme est responsable de la propreté et de l’hygiène des enfants.
Cependant, il est regrettable de constater que les femmes sont mises à l’écart quand il s’agit de prendre des décisions concernant les questions d’assainissement en général et celles relatives à la filière boue de vidange en particulier. En la matière, l’étude réalisée par Water Aid Mali dans la Commune VI et dans la Commune urbaine de Kati révèle : une faible implication des femmes dans certains aspects de la gestion (décision de vider la fosse, l’emplacement des latrines, etc.) ; une faible présence des femmes en tant qu’agente économique dans la filière boue de vidange ; une faible intégration des aspects de la politique nationale ” genre ” dans les actions en matière d’assainissement notamment de gestion des boues de vidange.
Or, sans l’implication des femmes, il serait très difficile de relever les défis de l’assainissement en général et ceux de la filière boue de vidange en particulier. D’ailleurs, le faible taux d’accès à un assainissement amélioré réconforte cette pensée. Selon le JMP 2017, ce taux était de 31% au niveau national soit 46% au niveau urbain et 22% au niveau rural. Et ce taux est très loin des engagements que le Mali a pris au niveau international. Ainsi, le Mali s’est engagé dans l’ODD 6 notamment au niveau de la cible 6.2 à “ assurer l’accès de tous, d’ici 2030, dans les conditions équitables, à des services d’assainissement et d’hygiène adéquats et mettre fin à la défécation en plein air, en accordant une attention particulière aux besoins des femmes, des filles et des personnes en situation vulnérable “.
Alors, pour renverser la tendance, WAM a organisé un atelier pour produire des notes conceptuelles qui vont servir à élaborer son projet dénommé ” Genre et Filière Boue de vidange “. De l’analyse des résultats de l’étude sur le genre et la gestion de la filière boue de vidange, l’atelier a souligné des problèmes qui minent la filière boue de vidange. Entre autres, l’on retient : le cadre institutionnel de la gestion des boues de vidange est organisé par les textes de la décentralisation qui n’est pas assez cohérent pour promouvoir la participation des femmes ; une insuffisance de financement au niveau local et surtout un faible accès des femmes aux ressources financières et non financières ; une faible perception de l’importance de la participation des femmes dans la gestion efficace et efficiente de la filière boues de vidange par les acteurs ; la persistance des pesanteurs socio culturelles excluant les femmes aux instances décisionnelles ; faible valorisation de la participation des femmes dans la gestion des boues de vidange. En plus, un film réalisé par le Réseau des Journalistes pour l’Eau Potable et l’Assainissement (RJEPA) dans le cadre du programme Watershed (piloté par Wetlands International, Akvo, et IRC Wash) a été diffusé lors de l’atelier et qui a démontré les défis auxquels les acteurs de la filière de boues de vidange sont confrontés. Parmi ces défis nous pouvons citer entre autres : Ils sont confrontés à un manque de site/d’espace pour construire une station de traitement, les tracasseries routières des collecteurs et un manque de dépôt des boues de vidange. De ce fait, les autorités ont octroyé temporairement aux les vidangeurs ont choisi un dépôt à ciel ouvert dans la zone aéroportuaire pour déverser leurs boues. Aujourd’hui, d’après les témoignages dans le film, ce dépôt fait malaffecte la santé à la population riveraine.
A partir de ces problèmes, des propositions de stratégies, d’axes et d’actions ont été faites par les participants. Et ce sont ces propositions qui serviront ent de base pour WAM dans l’élaboration de son projet de plaidoyer en faveur de l’implication des femmes dans la gestion de la filière boues de vidange.
Yacouba TRAORE