Depuis quelques jours, des pluies diluviennes s’abattent sur la ville de Bamako, causant de nombreux dégâts à travers la ville, à savoir : la dégradation des routes et de certains commerces, la submersion de foyers entiers, etc. La saison des pluies rime avec désagréments pour les usagers de la route ainsi que pour certains occupants de demeures littéralement envahies par l’eau, dans une capitale installée sur les deux rives du fleuve Niger avec ses nombreuses zones marécageuses et ses constructions anarchiques.
L’hivernage est désormais synonyme d’inondations et sa cohorte d’avaries et de catastrophes pour les citoyens de la ville des trois caïmans. Par conséquent, dès que la saison des pluies approche, la population bamakoise commence à vivre dans la crainte et l’angoisse d’un phénomène qui se traduit chaque année par les nombreux sans-abris et autres indigents occasionnés par les vagues diluviennes. D’une part, cela est dû à la position géographique de la ville, Bamako étant encerclée par des collines, située sur les rives du fleuve Niger d’où ruissellent de nombreuses rivières qui constituent autant de marécages dans certaines zones. D’autre part, cela peut s’expliquer autant par l’incivisme de la population que par le manque de responsabilité des autorités, lesquelles doivent aménager de meilleurs caniveaux en tenant compte des facteurs démographiques de la ville et surtout en veillant à la régularité de leur curage pour combattre l’attitude de citoyens qui ne manquent aucune occasion de profiter des eaux de pluies pour se défaire des ordures ménagères qui bouchent les caniveaux. Cette pratique incivique est responsable de nombreux débordements des canaux d’écoulement, entraînant fréquemment la submersion des routes.
En effet, les caniveaux très étroits et encrassés ne parviennent pas à absorber les torrents d’eau qui font déborder les marigots, si nombreux dans certains quartiers de la capitale malienne bâti dans un bassin.
Toutefois, les proportions meurtrières des inondations résultent plutôt du très mauvais état des concessions construites pour la plupart en argile et qui ne résistent naturellement dans un lit de marigot. “Nous n’avons plus rien, la pluie à tout emporté. C’est vraiment Dieu qui nous a sauvés. Il fait des miracles, nous sommes un de ses miracles”, a ainsi confié Jean Tapily, fonctionnaire d’État habitant à Banconi, l’un des nombreux quartiers de la capitale récemment inondée par les mêmes vagues diluviennes ayant submergé et rendu impraticables les artères de la capitale. C’est le cas à Sangarébougou, Missabougou, Lafiabougou, Daoudaoubougou entre autres, des quartiers souvent plus touchés par les inondations en période d’hivernage où certains habitants se protègent contre le phénomène en remplissant des sacs de sable pour empêcher l’eau de pénétrer dans nos maisons.
Outre les inondations des habitations, il y a aussi le problème des routes car, après chaque averse, il devient pratiquement impossible de circuler à cause de l’eau qui envahit la chaussée. Le Monument de l’Indépendance est ainsi littéralement submergé de vagues provoquant d’énormes embouteillages chaque fois que l’heure de la descente coïncide avec une pluie. Les usagers, notamment les motocyclistes, se voient obligés de traverser une mare, faute d’attendre la baisse du niveau de l’eau. Idem pour l’artère qui mène à Bakaribougou en passant par la Zone industrielle et le quartier Sans fil, que se disputent plus âprement que d’habitude piétons, motocyclistes et automobilistes. En cause, des rues envahies de boue qui obligent les passants à patauger au milieu des détritus qui s’échappent des caniveaux débordés.
En dehors des problèmes d’inondation qui se posent un peu partout dans la ville, l’insalubrité a atteint des limites inacceptables avec l’arrivée de la saison pluvieuse, sources de graves maladies qui menacent la vie des citoyens. Bamako devient encore plus sale et dans un état de délabrement qui fait aujourd’hui la honte des Bamakois. La situation hivernale devient de plus en plus problématique et des mesures urgentes s’imposent pour que la situation ne s’aggrave davantage.
Aly Poudiougou
Très bel article
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