Après la pluie c’est le beau temps, dit-on. Cet adage ne s’applique pas à la capitale malienne. Après la pluie, petite soit-elle, Bamako est sale voire même très sale. En cette période de l’année, les bamakois vivent les pieds dans l’eau et pataugent dans la boue.
La saison des pluies bat son plein au Mali. Les grandes artères de la ville des caïmans sont submergées d’eau et deviennent impraticables. Ce qui est plus désolant, c’est l’état des routes. Elles sont pleines de boues noirâtres mélangées à l’eau des caniveaux et des fosses septiques vidées dans de pareille occasion. Ainsi, les piétons ont du mal à circuler correctement. Les trottoirs, étant toujours occupés comme d’habitude, les motocyclistes disputent avec les voitures la chaussée. Les dégâts ne manquent pas. Habits tachetés, les pieds dans la boue, la mauvaise odeur, etc deviennent le quotidien des usagers. Ce scénario est visible partout dans la capitale : route de Koulikoro, le centre-ville, le marché de Médine, la zone ACI 2000… Devant le spectacle sinistre qu’offre la capitale, Modibo Diawara, étudiant à la faculté de médecine, s’indigne : « Chacun d’entre nous à sa part de responsabilité. Les populations n’ont, le plus souvent, aucun réflexe citoyen. Les montagnes d’ordures bouchent les canalisations existantes. Et les différentes équipes municipales qui se sont succédé, jusqu’ici, à la tête de la ville, n’ont presque rien fait ! ». Pour les habitants des quartiers non (ou mal) lotis, la situation est des plus critiques. Pour se déplacer, il faut savoir contourner les « lacs » et les « marécages », ou se résoudre à patauger dans la boue. Et là, on assiste, à un véritable spectacle de patinage artistique dans la fange, qui prend souvent des tournures périlleuses, avec des glissades. Un pas, un autre, une valse, puis la chute. Galère ! Et dire que les piétons n’ont rien à envier aux automobilistes et motocyclistes. Ces derniers doivent désormais s’exercer à un autre style de conduite qui inclut les « dribbles » et la « marche du canard » dans les mares et les marécages qui submergent les routes, mais aussi les sauts périlleux, d’un trou à un autre. Un état de fait, somme toute déplorable, qui semble laisser les responsables de nos municipalités apparemment indifférents. Sinon, comment expliquer que depuis des années, les mêmes causes produisent les mêmes effets à des points précis de la ville, et que les maires de nos différentes communes n’aient guère pensé à apporter des solutions, ne serait-ce qu’en procédant au cas par cas. Assurément, la constance de cette inaction des communes devant le calvaire enduré par les contribuables frise l’insouciance, voire la mésestime. Cela doit interpeller fortement l’Etat malien. En effet, la réalisation de ponts ou de monuments ne changera rien si on n’élabore pas un plan définitif d’urbanisation et d’assainissement des villes de notre pays. Et Bamako, sous la pluie, montre encore une fois que le Mali n’avance pas. Il patauge toujours et stagne.
Madiassa Kaba Diakité