L’hivernage a à peine commencé au Mali que Bamako enregistre des hauteurs de pluie de plus de 100 mm. Comme en 2019, les risques d’inondations guettent de nouveau la capitale cette saison.
Pour un paysan, l’hivernage est la période de l’année la plus attendue. En revanche, c’est la saison à éviter le plus possible à Bamako notamment dans certains quartiers spontanés. Dans la capitale, l’hivernage rime désormais avec inondations et désastres.
Le 16 mai 2019, plus de 138mm de pluies se sont abattues sur la ville de Bamako. Cette intempérie a provoqué en son temps, des inondations dans plusieurs quartiers. Selon les chiffres officiels, 16 morts ont été enregistrés et 368 ménages ont été affectés.
En 2019, les pluies ont détruit plus de 120 maisons et emporté des têtes de bétails. C’est le pire bilan enregistré dans une seule ville sur les 49 cas d’inondations enregistrés en 2019, sur toute l’étendue du pays, et qui ont affecté 3944 ménages pour 41 008 sinistrés, 24 pertes en vie humaine et 8 blessés.
Avec de tels mauvais souvenirs encore frais dans les mémoires, l’annonce d’une nouvelle saison de pluie ne peut que donner des frissons aux habitants. Surtout que Mali-Météo tire la sonnette d’alarme. Selon son directeur général, les pluies attendues cette année seront supérieures à la normale. Les fortes pluies s’accompagnant le plus souvent d’importants dégâts, des risques d’inondations ne sont pas à exclure surtout dans certains quartiers de Bamako installés dans des bas-fonds, selon la direction générale de la Protection civile.
Déjà, les prémisses d’une saison pluvieuse désastreuse ont été données avec des hauteurs de précipitation de plus de 100 mm enregistrés dans plusieurs quartiers de Bamako dans la nuit de 26 à 27 mai. La cellule de Communication du ministère des Transports et de la Mobilité urbaine et l’Agence Mali-Météo ont indiqué que 132,6 mm ont été enregistrés à Niamakoro-farininda en Commune VI et 136,3 mm à Mali-Météo. Des signes avant-coureurs qui interpellent les populations à plus de civisme et les autorités à avoir le sens d’anticipation en vue de réduire les risques d’inondations.
En alerte, la direction générale de la Protection Civile dit être sur le qui-vive pour anticiper sur les risques d’inondations avec l’activation des comités de veille et gestion des catastrophes dans toutes les régions, la forte implication des maires pour la surveillance des servitudes, la sensibilisation des riverains, l’identification des sites d’hébergement en cas de débordement et le renforcement des capacités d’intervention des équipes de la protection civile.
Les inondations ont pour cause l’incivisme, l’obstruction des voies d’eau…
Alassane Cissouma
DNACPN
200 millions de F CFA pour prévenir les inondations
Pour contrer les effets néfastes de la saison pluvieuse, la Direction nationale de l’Assainissement et du Contrôle des Pollutions et des Nuisances (DNACPN) procède au curage, enlèvement et l’évacuation des déchets des collecteurs dans le district de Bamako. Elle a, depuis 2017, initié un projet de drainage des cours d’eaux avec le financement de la coopération allemande.
A Bamako, plusieurs habitants sont installés à proximité des rivières et marigots. Les autres ont pris la mauvaise habitude de jeter leurs déchets dans les caniveaux et voies de drainage des eaux de ruissellement. D’autres ont construit leurs demeures dans les bas-fonds.
“Chaque année, le gouvernement fait curer les caniveaux et les collecteurs. Cette année, environ 200 millions de F CFA sont débloqués pour cela. Le financement s’effectue une fois dans l’année. La notification d’appel d’offre pour les curages de caniveaux a été déjà lancée pour les entreprises qui doivent postuler pour les six communes de Bamako. Ces entreprises sont déjà identifiées. Ils ont leurs dossiers dans le circuit financier au niveau du trésor“, informe l’inspecteur général Ousmane Sidibé, directeur général de la DNACPN.
En dehors des travaux de curages des collecteurs, la DNACP prévient les inondations par la diffusion des messages de sensibilisation à l’endroit des citoyens.
“A travers nos services locaux, nous sensibilisons la population afin qu’ils ne déversent pas des déchets dans les caniveaux. Que les gens eux-mêmes se protègent contre les inondations en adoptant des attitudes saines et prudentes pour permettre à l’Etat de les sécuriser facilement. Qu’ils arrêtent de construire dans les lits des cours d’eaux. Les constructions anarchiques dans les lits des cours d’eaux qui amènent les problèmes d’inondation. Il y a des citoyens qui attendent juste l’hivernage pour déverser dans les caniveaux tous les objets non nécessaires en se disant qu’ils seront écoulés par la rivière“, indique le directeur.
Le projet de drainage des eaux pluviales qui a été initié par la DNACPN grâce à l’appui de la coopération allemande concerne deux grands cours d’eaux. Il s’agit du Woyowoyankô à Sébénikoro et de Tienkolen. Le Djafarana-kô a été aussi aménagé mais qui est débordé aujourd’hui par des ordures. Le Woyowoyankô mesure 7000 m.
“Notre partenaire qui est la coopération allemande a dit que le plan d’action de l’insertion des collecteurs doit être conforme aux normes internationales précisément à ceux des Nations-Unies et de la Banque mondiale et cela a entraîné un retard des travaux. Un bureau français nommé SLR a été installé le 2 février 2020 au Mali pour la supervision de la réalisation du plan d’action. Avec l’aide de SLR l’accord de financement a été finalisé. Ils vont débourser 20 millions d’euro et l’Etat malien contribuera aussi environ 2 à 3 milliards de franc CFA. Ce grand dossier est aussi un moyen d’éviter les inondations. D’ici 2021 il sera finalisé“, espère le directeur général de la DNACPN.
L’Etat débourse selon la DNACPN, plus de 400 millions de F CFA chaque année pour nettoyer ces “points noirs“.
La DNACPN précise que bientôt, des sanctions seront mises en place contre les pollutions et les nuisances.
Fatoumata Kané