« De gros risques de fortes pluies, pouvant provoquer des inondations, occasionner des dégâts importants… Conditions favorables au développement des ennemis des cultures, notamment des mauvaises herbes, des sautériaux et autres nuisibles… ». Les experts climatologues mettent en garde à propos de l’hivernage 2013 au Mali et dans le reste du Sahel.
Les experts climatologues, agrométéorologues et hydrologues du Centre Africain pour les Applications de la Météorologie au Développement et du Centre Régional AGRHYMET, des représentants des pays de l’espace CILSS/CEDEAO chargés du suivi et de l’élaboration des informations sur la campagne pluviométrique agroclimatique et hydrométéorologique ainsi que les représentants des organismes de Bassin de la région, se sont retrouvés, du 30 au 31 mai 2013, à Abuja au Nigeria pour élaborer les prévisions saisonnières des caractéristiques pluviométriques, agroclimatologiques et hydroclimatiques de la saison des pluies 2013 et déterminer leurs applications à la sécurité alimentaire et la gestion des ressources en eau.
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Ils ont bénéficié de l’expertise technique des représentants de l’Institut International de Recherche sur le climat et la société (IRI, New York) et du Centre Hadley du Service Météorologique britannique (UK MetOffice).
1) S’agissant de la prévision des précipitations
Elle se présente comme suit :
Ouest du Sahel (allant du Sénégal et la Mauritanie à l’Ouest du Niger) et le Centre du Niger : des pluies normales ou légèrement excédentaires sont attendues.
Est du Sahel allant de la région du Lac Tchad au centre du Tchad : des normales ou légèrement déficitaires sont attendues.
Le long du Golfe de Guinée du Cameroun au Liberia : des pluies normales ou légèrement déficitaires sont attendues.
Le reste de la sous Région : des pluies normales sont attendues.
2) Cumul pluviométrique saisonnier
Des cumuls pluviométriques saisonniers supérieurs à équivalents à la moyenne de la période 1981-2010 sont prévus sur la majeure partie des pays du Sahel (ouest et centre) et le nord des pays du Golfe de Guinée. Quant à l’Est du Sahel (sud du Tchad), de cumuls saisonniers moyens sont attendus.
3) Dates de début de la saison
Des dates de début de saison moyennes à localement tardives sont prévues pour la majeure partie des pays du Sahel et le nord des pays du Golfe de Guinée.
4) Dates de fin de la saison
Sur la majeure partie de la bande sahélienne et le nord des pays du Golfe de Guinée, des dates de fin de saison normales à localement tardives sont prévues. Cependant, à l’extrême nord- ouest du Sahel (sud-ouest de la Mauritanie et extrême nord du Sénégal), ces dates de fin de saison devront être équivalentes à la moyenne.
Séquences sèches après semis (30 jours après les dates de début de la saison) : Des séquences sèches moins longues (inférieures) que la moyenne sont prévues sur la bande sahélienne et le nord des pays du Golfe de Guinée.
5) Sur le plan hydrologique
La prévision en Afrique de l’Ouest, au Tchad et au Cameroun porte sur les principaux bassins fluviaux suivants : Niger, Sénégal, Gambie, Comoé, Volta, Ouémé et le lac Tchad.
Ainsi, pour l’année 2013, la situation se présente comme suit :
. Fleuve Sénégal : des écoulements excédentaires à normaux sont attendus. . Fleuve Gambie : des écoulements normaux sont attendus. . Fleuve Volta : des écoulements moyens à excédentaires sont attendus. . Fleuve Niger : des écoulements moyens à excédentaires sont attendus dans la partie supérieure et moyenne du bassin du fleuve Niger tandis que dans la partie inférieure du bassin (partie nigériane) des probabilités des tendances excédentaires sont prévues. . Bassin du Lac Tchad : des écoulements normaux à excédentaires sont attendus sur tout le bassin. . Fleuve Comoé : des écoulements normaux sont attendus. . Fleuve Ouémé : des écoulements excédentaires à normaux sont attendus pour tout le bassin.
6) Impacts probables sur l’agriculture
Les prévisions des caractéristiques de la saison pluvieuse 2013, à savoir un cumul pluviométrique saisonnier (Mai à Octobre) excédentaire à normal, des dates de début de saison normales à légèrement tardives, des dates de fin normales à tardives, des périodes de séquences sèches plus courtes aussi bien après le démarrage de la saison que pendant la période de reproduction, augurent de bonnes conditions hydriques pour le développement des cultures partout dans les zones à régime pluviométrique unimodal en Afrique de l’Ouest.
Toutefois, avec ces prévisions, il y a des risques de fortes pluies, pouvant provoquer des inondations, occasionner des dégâts importants, y compris des pertes de superficies emblavées. Ces conditions seront également favorables au développement des ennemis des cultures, notamment des mauvaises herbes, des sautériaux et autres nuisibles pour lesquels la surveillance et les mesures de prévention devront être renforcées.
Recommandations
Relative au suivi et à la mise jour des prévisions
En raison de la faiblesse des facteurs du climat, un suivi et des mises à jour continus du climat régional seront conduits sur des bases régulières avec plus d’attention dans l’Ouest du Sahelqui risque de connaître le plus grand nombre de cas de pluies extrêmes dépassant la normale, ce qui conduira à des inondations isolées. Il en est de même des prévisions hydrologiques.
En effet, du fait des conditions océaniques neutres au niveau de la zone du pacifique, la situation des bassins océaniques régionaux (Océan Atlantique nord, Golfe de Guinée, Méditerranée, Océan Indien) sera prépondérante dans le déroulement de la saison des pluies. Hors les conditions de ces bassins régionaux sont sujettes à des changements rapides. D’où la nécessité de suivre les mises à jour qui seront faites notamment en juin et juillet 2013.
Relative à la gestion des barrages
d’assurer un laminage efficient des crues au niveau des barrages-réservoirs pour éviter des inondations en aval ;
de prendre toutes les dispositions nécessaires pour une meilleure rentabilisation des excédents d’écoulements ;
Relative au risque d’inondation
de suivre les zones à fort risque d’inondation due à des précipitations locales ou à des débordements des cours d’eau ;
de sensibiliser les populations exposées à ce risque ;
de prendre, par les acteurs (protection civile et décideurs), toutes les dispositions nécessaires à l’atténuation des impacts des inondations éventuelles ;
Relatives aux agriculteurs
de privilégier les variétés à cycle moyen ou court là où les semis n’ont pas encore été effectués.
D’augmenter les superficies sous cultures à haut potentiel de rendement (maïs, riz, sorgho) ou de rente (arachide, niébé)
D’apporter les quantités recommandées de fertilisants et observer les techniques appropriées permettant d’éviter leur lessivage.
D’éviter les zones de bas de toposéquence pour les céréales sèches comme le mil, sorgho et maïs et privilégier le riz pluvial ou de basfond
D’augmenter la vigilance contre les ennemis des cultures et les adventices
Intensifier les campagnes de reboisement
Relatives aux éleveurs et aux agro-pasteurs
Intensifier les campagnes de vaccination au niveau du bétail et de la volaille
Accroitre la surveillance des animaux pour éviter les cas de noyades
Respecter rigoureusement les couloirs de transhumance pour éviter les conflits
Intensifier les cultures fourragères et reconstituer impérativement le stock fourrager
Prévoir les sites adéquats pour les enclos en vue de protéger les animaux des intempéries
Relatives aux pêcheurs
Redoubler de vigilance en période de hautes eaux