Dans une région où les ressources en eau se raréfient, leur gestion concertée devient un impératif pour les Etats .
Parmi les nombreuses menaces auxquelles le Sahel est exposé aujourd’hui, le changement climatique n’est pas la moindre. Sous l’effet du réchauffement climatique, les ressources en eau diminuent à un rythme effréné. Leur gestion concertée est donc de nos jours un impératif pour les Etats de la zone. La question était au centre au centre de la première session de l’assemblée générale du Comité transfrontalier de gestion intégrée des ressources en eau du bassin du Sourou (CTGS) entre le Mali et le Burkina Faso.
La rencontre s’est tenue s’est tenue les 30 septembre et 1er octobre à l’hôtel Flandre à Sévaré-Mopti. Organisée par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) dans le cadre du projet Global water initiative (GWI) et l’Institut international pour l’environnement et le développement (IIED), cette session marquait aussi le processus d’opérationnalisation effective de Comité transfrontalier de gestion intégrée des ressources en eau du bassin du Sourou. L’initiative s’inscrit dans le cadre de l’application de l’accord portant création de la Grande commission mixte de coopération entre le Mali et le Burkina Faso, signé le 24 octobre 1983 et qui a permis aux deux pays d’entamer un processus de mise en place de cadres de concertation transfrontalière pour la gestion intégrée des ressources en eau du bassin du Sourou en 2010.
Le bassin du Sourou couvre une superficie d’environ 30.000 km2. Il s’agit d’un espace à vocation agro-sylvo-pastorale. Il tire son nom de la rivière Sourou que notre pays et le Burkina Faso partagent. Sur une distance de 120 km, il s’étale de Mondoro dans le cercle de Douentza au Mali à Léry dans la province du Sourou au Burkina où il prend sa source dans le fleuve Mouhoun. Il figure parmi les sites « Ramsar », dénomination qui désigne une zone humide d’importance internationale.
La rencontre de Mopti-Sévaré a regroupé les membres du CTGS composés de représentants des administrations de la région de Mopti et de la région de la Boucle du Mouhoun au Burkina Faso. Les élus des collectivités et les usagers de l’eau y étaient également représentés.
La première session de l’assemblée générale du CTGS était coprésidée par le directeur de cabinet du gouverneur de la Région de Mopti, Sahidou Tangara, et son homologue de la Région de la Boucle du Mouhoun, Victor Dabiré.
Moumini Savadogo, le chef de programme UICN au Burkina Faso, représentant le directeur régional pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, a salué la tenue de cette première session qui dénote la volonté politique des deux Etats d’harmoniser la gestion intégrée des ressources en eau du Sourou. « L’UICN en Afrique centrale et occidentale, c’est 97 membres dont 15 Etats, 9 organismes gouvernementaux, 3 ONG internationales et 30 experts bénévoles des commissions mondiales et plus de 200 employés », a expliqué Savadogo. Quatre axes sous-tendent le travail de l’UICN : générer et disséminer les connaissances crédibles sur la conservation et le développement durable ; réunir et construire des partenariats pour l’action à travers les gouvernements et les sociétés civiles ; faire le pont entre les politiques et l’action aux niveaux local, régional et mondial ; développer des standards et des capacités pour la conservation de la nature et le développement durable.
Le gouverneur de la Région de la Boucle du Mouhoun, Victor Dabiré a souligné que la maitrise de l’eau constitue une des questions majeures pour le développement durable et un défi mondial à la hauteur des effets du changement climatique sur les ressources en eau. Le constat est d’une extrême gravité et a poussé le Burkina Faso à aller résolument vers la gestion intégrée des ressources en eau en général, a dit Dabiré. Il a aussi attiré l’attention des participants sur un certain nombre de préoccupations à prendre en compte qui sont intervenues après la modification et la valorisation du système Mouhoun-Sourou et qui a créé de nouvelles opportunités pour les populations du bassin. Parmi ces acquis, il a cité la gestion des crues, des ressources halieutiques, fauniques et forestières et la circulation des personnes et leurs biens dans le bassin.
Pour sa part, le directeur de cabinet du gouverneur de la Région de Mopti, Sahidou Tangara a fait l’historique du processus de mise en place du cadre de concertation entre les deux Etats par rapport au bassin du Sourou.
Durant les deux jours de travaux, les membres du comité technique se sont appropriés deux accords signés entre les deux pays : l’accord relatif au Comité transfrontalier de gestion intégrée des ressources en eau du bassin du Sourou (CTGS) du 20 juin 2013 et celui relatif au Comité technique conjoint pour la gestion intégrée des ressources en eau (CTC-GIRE) du 15 juillet 2013.
Le bureau exécutif du Comité transfrontalier a été mis en place. Il est composé de 4 membres et présidé par Moumouni Damango, conseiller aux affaires économiques et financière du gouverneur de la Région de Mopti. Le vice-président est Dofihouyan Yé, directeur régional de l’eau, des aménagements hydrauliques et de l’assainissement de la Boucle du Mouhoun. Les deux commissaires aux comptes sont Abdoulaye Dao, le maire de la commune de Sono (Burkina Faso) et Idrissa Ongoïba, maire de la commune rurale de Mondoro au Mali.
Les participants ont, par ailleurs, examiné et adopté le projet de règlement intérieur de l’organe, puis identifié les actions prioritaires, élaboré une feuille de route et conçu une stratégie de financement durable du CTGS.
Au terme de sa première session ordinaire l’assemblée générale a formulé à l’endroit du bureau exécutif une série de recommandations parmi lesquelles l’élaboration d’un plan d’action à moyen terme, d’une stratégie de communication assortie d’un plan de communication et d’une stratégie de financement durable.
Juste après cette première session, les experts du comité technique conjoint des deux pays se sont retrouvés mercredi et hier pour examiner et adopter les actions prioritaires et la feuille de route du CTC-GIRE afin d’opérationnaliser l’accord du comité technique conjoint.
D. COULIBALY
AMAP-Mopti