La partie sud de notre pays regorge de ressources forestières inestimables. Depuis les évènements de 1991 qui ont battu en brèche le service des Eaux et Forêts, on a assisté à une détérioration massive de ces forêts par la pression humaine et pastorale. Ayant pris conscience de cette situation, les pouvoirs ont privilégié la piste du partenariat public-privé pour une meilleure gestion de ces ressources naturelles. Pour ce faire, l’Etat, à travers la direction nationale des Eaux et Forêts, s’est appuyé sur l’expertise de Agro-industrie développement (AID S.A). Ceci s’est soldé par la signature d’un contrat d’amodiation en 2009.
Dénommé « Complexe Bougouni-Yanfolila », le projet porte sur une superficie de 200 000 ha de forêts dans les cercles de Bougouni et Yanfolila en 3è région. Il s’agit des réserves de faune de Dialakoro, Yinindougou, Djinètoumanina et Djangou-merila. Après les études socio -économiques, les études d’inventaire et de délimitation, financées par l’Agence américaine pour le développement international (US AID) à travers l’Initiative intégrée pour la croissance économique au Mali, un plan d’aménagement a été élaboré. Il a été validé en 2011.
Ce plan prévoit des travaux d’aménagement portant sur la réalisation de barrages de retenue d’eau, le surcreusement des marigots, la construction d’un pont reliant les cercles de Bougouni et Yanfolila. Dans le cadre de la promotion du tourisme de vision, des infrastructures seront réalisées. Il s’agit d’un ranch, des campements et des gîtes. Des points de pêche sportive seront réalisés pour l’écotourisme. Des activités de reboisement seront menées pour restaurer les endroits dégradés de la forêt. Selon Cheick Oumar Coulibaly, responsable du projet à l’AID, l’objectif est de protéger la faune et la flore, tout en permettant une exploitation judicieuse des ressources naturelles, tout en conservant l’écosystème et la biodiversité.
Selon Mamoudou Diallo, sous-préfet de Flamana, ce projet est providentiel pour les populations de sa localité qui sont essentiellement des agro-pasteurs. « Le partenariat public-privé est la mise en œuvre de la politique de l’Etat en matière de gestion des forêts », estime-t-il. L’administrateur a insisté sur la bonne collaboration entre les services de l’Etat et l’amodiataire pour la réussite de l’initiative. Aly Keïta, chef du poste forestier de Flamana indique que le projet a déjà un positif sur les activités de protection de la forêt par la réalisation de pare feux qui a considérablement diminué les ravages des feux de brousse. Ceci a permis de conserver le potentiel floristique et faunique qui était sérieusement dégradé. Cependant, il y a un bémol compte tenu de l’effectif très réduit du personnel du service des Eaux et Forêts sur place (3 agents pour 57 000 ha de forêts à surveiller). Pour Namory Sangaré, 3 è adjoint du maire de Koussan, les populations attendent vivement ce projet qui viendra à coup sûr, améliorer leur quotidien.
porteur d’espoir. Tou-mani Sangaré est à la tête de la coopérative d’apiculteurs de 40 personnes dans la même localité. Il fonde un espoir immense sur le projet, qui dans sa mise en œuvre, permettra de booster son activité. Le chef de la confrérie des chasseurs estime que les comités de surveillance des forêts dont ils auront la charge, leur permettra tout simplement de changer de comportement. Selon lui, les mauvaises pratiques qui ont jusque là contribué à la dégradation des ressources de la forêt ne seront qu’un mauvais souvenir. « Cette forêt est notre vie. Si nous la perdons, cela veut dire que nous n’existerons plus », souligne-t-il. C’est le même avis chez Sata Diallo, présidente de la coopérative des exploitantes des produits de cueillette. « Nous vivons grâce aux ressources de cette forêt. C’est pourquoi, nous attendons vivement la concrétisation de ce projet qui nous permettra de la sauver », estime-t-elle. Ainsi, toutes les communes riveraines ont prévu dans leur programme de développement économique, social et culturel (PDESEC) les objectifs de développement du projet qui sonnera un nouveau départ pour la commune, indique Waraba Bengaly, secrétaire général de la mairie de Yinindougou.
Afin de créer des conditions de vie meilleure pour les populations vivant autour des réserves, le projet, d’un coût total de 25 milliards de Fcfa, prévoit plusieurs activités dans les villages riverains. Il s’agit de la réalisation des retenues d’eau pour les activités agricoles et maraîchères et celle d’espaces et de pistes pastorales pour l’élevage. Des activités socio économiques comme l’apiculture, la valorisation des produits de cueillette y seront développées. Dans ce cadre, le projet va implanter une unité de valorisation de l’amende de karité et une unité de valorisation des produits apicoles. Ces initiatives seront appuyées par la mise en place des coopératives. Les acteurs seront ainsi formés dans leurs domaines d’activités. Pour aider à mieux protéger les forêts, le service des Eaux et Forêts sera épauler dans sa mission par des comités de surveillance animés par les chasseurs des
localités.
Toutes ces activités seront menées avec la participation des populations locales, précise Cheick Oumar Coulibaly. Dans le cadre du programme, la main d’oeuvre locale sera privilégiée. Par sa nature, le projet est non seulement environnemental, mais aussi de développement socio économique. Ces activités toucheront 8 communes rurales dans les deux cercles concernés. A Bougouni, il s’agit des communes de Tiemana, Banimounoutié, Garalo, Yinindougou et Sibirila.
Dans le cercle de Yanfolila, ce sont des communes de Koussan, Gouana, Djiguiya, koloni et Bolofouta qui sont concernées par ce projet. Il entend promouvoir la culture locale à travers le tourisme. Le projet du complexe Bougouni-Yanfolila est porté par Agro-Industry Developpement qui est une entreprise sociale, contribuant à la professionnalisation de l’agriculture au Mali. Elle développe le potentiel agricole et donne de la valeur ajoutée aux produits en augmentant la production agricole. Elle valorise les produits crus et leur emballage au Mali. L’AID promeut également l’agro business comme un moyen de protection de l’environnement. Elle diversifie les moyens de lutte contre la pauvreté et inspire la conduite des affaires dans le développement.
C. A. DIA
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5è rapport du GIEC : LES IMPACTS DU CHANGEMENT CLIMATIQUE S’ACCELERENT
Le 2e volet du 5e rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat détaille les impacts déjà tangibles du changement climatique. Des périodes de sécheresse plus importantes réduisent l’accès à l’eau potable pour de nombreuses populations : « Chaque degré supplémentaire devrait réduire de 20 % les ressources en eau » affirme le rapport. Dans certaines régions, souvent les plus peuplées, la montée du niveau des mers et la fonte de la cryosphère engendrent submersions et inondations. Les modifications de température et précipitations perturbent les capacités agricoles, ce qui bouleverse les productions alimentaires locales et entraîne une flambée des prix des denrées de base. Les ressources halieutiques sont menacées, fragilisant les communautés littorales, tandis que des pertes de biodiversité et l’extinction de certaines espèces s’accélèrent.
En Europe, les changements climatiques se traduiront par l’augmentation d’événements climatiques extrêmes comme les tempêtes et les vagues de chaleur. Sécheresses, réduction de la ressource en eau et incendies alterneront avec les inondations, provoquant la destruction d’écosystèmes, de cultures, de biens et augmentant fortement les risques sanitaires pour les populations (nombre croissant de décès et de maladies).
Les communautés vulnérables et les populations les plus fragiles (techniques agricoles peu mécanisées, absence d’infrastructures, faibles niveau d’éducation) sont les plus vulnérables au changement climatique. « Selon le rapport, entre aujourd’hui et 2100 le changement climatique créera de nouveaux pauvres et ce dans tous les pays, quel que soit leur niveau de richesse. Ainsi, le changement climatique est un facteur aggravant la vulnérabilité des populations démunies et aura des impacts en matière d’égalité, d’accès aux droits, de démocratie. » souligne Malika Peyraut, des Amis de la Terre.
Le rapport révèle enfin l’insuffisance des investissements dans l’adaptation, estimant que les coûts de l’adaptation sont sous-évalués. De plus, l’adaptation doit reposer sur les pratiques et attentes des communautés concernées. « A la veille de la COP21 à Paris en 2015, le constat est double : certes il est nécessaire que les Etats s’engagent de façon contraignante à réduire massivement leurs émissions de gaz à effet de serre, du local au global. Mais ce n’est pas suffisant : les pays historiquement responsables de l’injustice climatique doivent maintenant tout mettre en œuvre pour aider les victimes à faire face aux conséquences du changement climatique. » poursuit Malika Peyraut.
Les Amis de la Terre appellent en effet les Etats à prendre leurs responsabilités pour limiter l’augmentation de la température du globe à 2 °C par rapport à l’ère préindustrielle en s’engageant de façon contraignante à réduire leurs émissions, en mettant fin à leurs pratiques et investissements climaticides, et en rétablissant la justice climatique.