Forum pour l’eau dans les pays du Bassin du Niger : Importante feuille de route avant le rendez-vous de Marseille

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Dans moins de cinq mois, le 6ème Forum Mondial de l’eau se tiendra à Marseille, en France. Comme nous vous l’annoncions dans notre précédente parution, la réunion de Bamako a débattu de plusieurs points susceptibles d’améliorer les ressources en eau dans les pays partageant le Fleuve Niger. Avec, au finish, une kyrielle de recommandations des experts.

Comme dans le domaine des menaces climatiques, des concentrations urbaines et des besoins en alimentation, les experts préconisent l’amélioration en urgence du réseau de mesure, aujourd’hui très dégradé, le développement des modèles qui prennent en compte la notion de «territoire hydrologique» ou encore l’implication dans la réflexion de toutes les parties prenantes, au premier rang desquelles les populations.

En ce qui concerne la qualité de l’eau et sécurité sanitaire, les participants demandent d’engager les élus à aménager et à «valoriser» les ouvrages d’assainissement réalisés en faveur des populations locales ; de faire appliquer le principe de pollueur-payeur, inscrit dans la Charte de l’eau du Bassin du Niger ; de provoquer un changement des comportements par des campagnes de sensibilisation et d’information des populations et d’éducation à l’hygiène dès le plus jeune âge à l’école. Ceci, pour lutter contre des pratiques et croyances tenaces et créer une «culture de l’assainissement».

 

Financement : stimuler l’aide internationale

Quant au financement de l’accès à l’eau et à l’assainissement, les spécialistes estiment qu’il faut inverser le modèle de financement des projets d’eau et d’assainissement en Afrique, en incitant les pays à apporter les financements initiaux, à travers une augmentation de la part des budgets nationaux dédiés au secteur, afin de stimuler l’aide internationale. Par ailleurs, il faut recréer des partenariats publics/privés économiquement viables et acceptables par les communautés tout en favorisant l’implication du secteur privé local et des banques commerciales locales. On retiendra aussi la demande d’insérer la thématique de l’eau dans les agendas sectoriels tels que la santé, l’agriculture, le développement durable et faire de l’eau un Objectif du Millénaire pour le Développement.

Un autre point, et non des moindres, sur lequel les discussions ont tablé concerne la charte de l’eau du bassin du Niger et la Convention des Nations Unies sur les cours d’eau internationaux. A ce sujet, il a été recommandé aux Etats membres de l’ABN de ratifier la Convention des Nations Unies sur les cours d’eau internationaux (1997). Au Secrétariat Exécutif de l’ABN il revient de se saisir de la question et de piloter les concertations relatives à la Convention des Nations Unies, en coopération avec les Etats qui ne l’ont pas encore ratifiée.

 

Alarme des Chefs d’Etat

Auparavant, lors de la cérémonie d’ouverture, le Président de la République du Mali, Amadou Toumani Touré du Mali et son homologue Idriss Déby Itno du Tchad avaient lancé un véritable cri d’alarme pour sauver le bassin du Fleuve Niger, notre patrimoine commun.

ATT, l’enfant de Mopti, se souvient encore que «là où la baignade était interdite, il y a plus d’une cinquantaine d’années, à cause de la profondeur du fleuve et des mythes, c’est à ce même endroit que des enfants se livrent à un match de football, de nos jours». ATT a conclu que «les changements climatiques ne nous prennent pas seulement nos terres de culture, nos pâturages, nos fleuves, ils nous dépossèdent également de nos mythes». Pour lui, le rendez-vous de Bamako était alors celui de «promotion d’une gestion de l’eau écologiquement durable, économiquement efficace et socialement équitable».

Idriss Deby Itno, président en exercice su Sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernements de l’Autorité du Bassin du Niger a, lui, reconnu que «nos budgets ne pourrons pas suffire à mettre en œuvre nos politiques de gestion de l’eau dans le Bassin». C’est fort de cela qu’il a demandé la contribution des pays partenaires. Toutefois, le président tchadien a martelé que «nous, riverains du bassin, sommes les premiers concernés. Nous devons donc, nous-mêmes, d’abord prendre le problème à bras le corps. Nous devons nous impliquer plus pour prendre notre destin en main».

Notons que les président Mahamane Issoufou du Niger et Blaise Compaoré du Burkina Faso ont, eux aussi, apporté leur contributions à cette importante réunion. Sans oublier les interventions de Michel Candessus, représentant Jacques Chirac, l’ancien président Français dont la Fondation a co-organisé ce Forum.

Un forum qui, espérons-le, n’en sera pas un de trop. Car, comme l’a souligné le Président du Conseil Mondial de l’Eau, Loïc Fauchon, «le temps de l’eau facile est révolu. Il faut en consommer mieux et en gaspiller moins».

 

Rendez-vous est pris pour le 12 mars 2012, à Marseille, pour le Forum Mondial de l’Eau.

Paul Mben              


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