Après son report en 2021, pour cause de la pandémie à Coronavirus, le forum mondial de l’eau s’ouvre ce lundi 21 mars à Diamniadio, Dakar. Le thème de cette 9e édition porte sur « la sécurité de l’eau pour la paix et le développement ». A quelques jours de l’évènement, le Centre de référence international pour l’eau et l’Assainissement (IRC-Wash Mali) dégage quelques enjeux pour le Mali.
Le 9e forum mondial de l’eau de Dakar engagera les réflexions entre acteurs politiques, institutions multilatérales, universitaires, société civile et secteur privé sur quatre priorités.
Il s’agit notamment de la sécurité de l’eau et de l’assainissement, l’eau pour le développement rural, la coopération et les « outils et moyens » incluant les questions cruciales du financement, de la gouvernance, de la gestion des connaissances et des innovations.
Des axes « qui constituent des priorités pour l’Afrique, mais aussi pour le monde dans sa globalité », selon le Conseil mondial de l’eau.
Première en Afrique sub-saharienne, l’évènement mondial attend plus de 20 000 participants. Au Mali, les organisations de la société civile et les organisations non gouvernementales évoluant dans le secteur accordent une attention particulière sur le thème central de ce 9e forum : la sécurité de l’eau pour la paix et le développement.
La thématique rime parfaitement avec le contexte du Mali, selon Dr. Afou Chantal Bengaly Traoré, coordinatrice-pays du Centre de Référence international pour l’Eau et l’Assainissement (IRC-Wash Mali). Elle s’explique « Le pays, depuis quelques années déjà, est marqué par la rareté des ressources en eau due aux effets du changement climatique, les conflits et les déplacements massifs des populations et les actions anthropiques qui contribuent fortement à la dégradation de la qualité de l’eau. Tous ces facteurs accentuent le stress hydrique, créant ainsi des tensions et des conflits autour des zones où la ressource est disponible », a souligné la coordinatrice-pays d’IRC-Wash Mali.
Elle poursuit et précise que « le maintien de la paix et le développement ne peuvent être aboutis sans garantir la sécurité de l’eau qui, plaide-t-elle, doit être la responsabilité de tout un chacun. « La vie de la population malienne dépend fortement de la disponibilité des ressources en eau en qualité et quantité suffisante ».
De l’avis de Dr. Afou Chantal Bengaly Traoré, « la participation du Mali au forum mondial de l’eau doit être soldée par des actions concrètes et coordonnées de tous les acteurs du secteur pour sauvegarder les ressources en eau et fournir des services durables à toutes les couches sociales du pays. Selon Dr. Bengaly, il est essentiel que les efforts convergent « pour une gestion durable des ressources et assurer la continuité de la vie ».
Nouveau tournant
Du 21 au 26 mars, le Sénégal et le Conseil mondial de l’eau ambitionnent d’organiser au Centre international de conférences Abdou Diouf (Cicad) de Diamniadio, Dakar, « un forum différent, aux niveaux social, politique et économique. Un forum qui soit un catalyseur d’action pour accélérer l’accès universel à l’eau ».
Le forum, qualifié de « forum des réponses » par les organisateurs, prévoit des échanges sur l’avenir de l’assainissement. Un village spécifique y sera dédié, avait informé le secrétaire exécutif et co-président du forum, Abdoulaye Sène, lors d’une de ses rencontres avec la presse, en visioconférence, avant le report du forum en 2022.
Ce village consacré à l’assainissement sera une innovation qui apportera un nouveau tournant dans le domaine, pense la coordinatrice-pays IRC-Wash. « Il pourrait être aussi un facteur conduisant à rendre l’assainissement aussi prioritaire que l’eau dans les différents états d’Afrique et du monde », estime-t-elle. Pour qui «depuis fort longtemps, l’eau a accaparé la priorité dans la fourniture des services Eau, hygiène et assainissement (EHA), reléguant ainsi l’assainissement au second plan »
L’IRC-Wash Mali, à travers sa coordinatrice-pays, ose espérer que le forum de Dakar soit « aussi le déclenchement d’une impulsion politique dans toute l’Afrique rendant ainsi un nouveau souffle au sous-secteur de l’assainissement ».
Avec un taux national des services améliorés d’eau de 83 % contre 20 % pour les services sécurisés d’assainissement en milieu rural, (rapport JMP 2020 du Mali), la coordinatrice de l’institut plaide, en premier lieu, pour le financement du Wash dans les centres de santé et les écoles pour le cas du Mali. Il urge également, selon elle, d’allouer plus de financement pour l’atteinte des ODDS d’ici 2030.
Kadiatou Mouyi Doumbia