Forum de Bamako : la ville africaine en débats

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La 17ème édition du Forum de Bamako s’est tenue du 23 au 25 février 2017 à l’hôtel Radisson Blu. Le thème retenu pour cette édition portait sur «l’Afrique face au défi de l’urbanisation : faire de la ville un levier de prospérité collective et d’harmonie sociale».  Pendant trois jours, plus de 300 personnes venues d’Europe, d’Afrique, d’Amérique ont pris part à ce rendez-vous.

 La cérémonie d’ouverture était présidée par le Premier ministre, Modibo Keïta, en présence du président de la Fondation Forum de Bamako, Abdoullah Coulibaly, du chef de la Minusma, de l’ambassadrice de France au Mali,  du représentant de l’Union européenne, et de plusieurs ministres.

À la fin de trois jours de travaux, on retiendra une très forte participation à cette 17ème édition. Plus de 300 personnes venues d’Europe, d’Afrique, d’Amérique ont pris part au rendez-vous. On retiendra aussi que le thème qui a été discuté est d’une actualité brûlante. En outre, notera-t-on également que ce forum a été non seulement organisé de façon judicieuse par la Fondation Forum de Bamako, mais aussi qu’aux termes de tous les débats, il a relevé la nécessité d’opérer un changement et un certain nombre de rupture si on veut que l’urbanisation ne soit pas simplement subie, mais qu’elle soit voulue, maîtrisée et profitable. Il a été dit qu’il est alors important de repenser la ville.

Dans son discours d’ouverture, le Premier ministre, Modibo Keïta, a estimé que «nous devrions examiner les relations entre le développement de la ville et la répartition de richesse nationale, mais également  faire de nos villages des pools de développement». Selon lui, il est certain aujourd’hui que le développement national ne pourra s’appuyer que sur le développement local et le développement régional. D’où la nécessité de créer des conditions pour boucler le circuit économique dans les villages.  Aux dires du Premier ministre, dans l’analyse de situation des villes, il faut mettre l’accent sur les nouvelles technologies de communication qui auront comme avantage de museler les différences et de mettre le monde en connexion. «Il ne faut pas avoir de nostalgie des villages quand on est dans les villes. Il faut travailler à l’émergence des villes», a-t-il déclaré.

Le président de la Fondation Forum de Bamako, Abdoullah Coulibaly, a noté  la pertinence et la grande actualité du thème : «l’Afrique face au défi de l’urbanisation : faire de la ville un levier de prospérité collective et d’harmonie sociale», quand on sait que la ville attire les ruraux, telle la lumière, les insectes. «La ville est un symbole et un mythe. Elle suscite tous les espoirs et éveille mille illusions. Aux  yeux de l’homme rural, elle est le pôle d’attraction qui regorge l’infrastructure sanitaire, scolaire et universitaire ; elle est le gros marché et le lieu qui offre plus d’opportunité d’activités génératrices de revenus ; le centre des décisions ; la vitrine de la modernité et de l’épanouissement ; la vitrine qui gronde et grouille de sa nombreuse population ; le lieu d’où scintillent les lampadaires des routes bitumées et les lustres des usines qui marquent l’industrialisation», a expliqué Abdoullah Coulibaly.

En outre, il a souligné que la ville, c’est mille autre merveilles de la science et de la technologie ; une opportunité d’évasion des contraintes sociales et culturelles du milieu rural souvent trop rude. Ainsi, selon Abdoullah Coulibaly, la question de l’urbanisation interpelle autant les hommes politiques, les collectivités, les acteurs socio-économiques, les techniciens que les universitaires (géographes, urbanistes, architectes, démographes, économistes, statisticiens, planificateurs, historiens, psychologues, sociologues, anthropologues, juristes, etc.).

 

Abdoullah Coulibaly a par ailleurs affirmé que la croissance urbaine n’a pas seulement changé Bamako, elle l’a aussi défigurée par endroits. Tout espace, dit-il, quels que soient la mémoire, le symbole, la beauté et la nécessité qu’il incarne, est devenu objet de tentation et de convoitises malsaines. Et d’ajouter qu’en un laps de temps, l’accaparement de l’espace a fini de détruire ce que la nature avait mis des siècles à construire ;  ce que nos ancêtres avaient eu la sagesse et la patience de planter, de sauvegarder, de respecter.

 

«Par endroits, tout au long des berges du fleuve Niger, il y a un Bamako méconnaissable. Une ville perdue au milieu d’immondices, de charognes, d’eaux usées et de déchets de tous genres sur lesquels ne règnent que des colonies de mouches et de moustiques qui, de temps à autre, sont perturbés par des trieuses d’ordures», a fait savoir le président de la Fondation forum de Bamako. Et de poursuivre : «obnubilés par l’argent facile et le pouvoir corrompu, de mafieuses cohortes de spéculateurs fonciers s’adonnent à cœur joie aux morcellements et constructions anarchiques. Les quartiers spontanés et les bidons-villes prolifèrent. Le cercle vicieux de la paupérisation s’accentue. L’étau de l’injustice tenaille les pauvres ; approfondit les lignes de rupture entre gouvernants et gouvernés ; fraie le lit à la révolte, à l’incivisme et à l’insécurité».

À ces problématiques, selon M. Coulibaly, s’ajoutent celles de insuffisance des fonds alloués au développement urbain ; de l’insuffisance d’infrastructures de mobilité et de divertissement ; de l’insuffisance des services urbains de base (eau, assainissement et électricité) ; de la concentration de la population dans une seule ville, ou tout au plus, dans quelques villes secondaires.

 

Diango COULIBALY

 

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