« L’Afrique face au développement durable et aux changements climatiques » tel est le thème du forum africain du développement durable qui s’est tenu du 4 au 5 octobre 2011 au Centre International des Conférences de Bamako. La cérémonie d’ouverture des travaux présidée par le premier ministre, Mme Cissé Mariam Kaidama Sidibé, enregistré la présence du ministre de l’environnement et de l’assainissement du Mali, Tièmoko Sangaré ; de la présidente de la commission d’organisation du forum, Mme Sidibé Aminata Diallo ; des autorités du District de Bamako ; des représentants des pays invités ; des acteurs de l’environnement ;…
En effet, la pauvreté sur le continent africain, où une grande partie des revenus dépend des ressources naturelles, est à la fois la première cause et la première conséquence de la détérioration de l’environnement et de l’épuisement de celles-ci.
L’économie africaine repose essentiellement sur l’exploitation des ressources naturelles. Les milieux naturels représentent un patrimoine culturel diversifié, par sa flore, sa faune, ses écosystèmes et ses paysages. C’est ce double patrimoine menacé que nous devons préserver.
De plus, les prévisions sur l’impact des changements climatiques sont particulièrement alarmantes en Afrique, faisant de ce continent la région du monde la plus vulnérable.
D’ici la fin du siècle : l’Afrique pourrait perdre entre 25 et 40% de ses habitats naturels ; la montée du niveau de la mer pourrait détruire près de 30% des infrastructures côtières africaines ; les sécheresses et les inondations se multiplieront entrainant de plus une pénurie d’eau et des déficits alimentaires.
L’agriculture africaine, qui souffre déjà de sa dépendance vis-à-vis des aléas pluviométriques et de la dégradation des sols, risque d’être durement touchée par les changements climatiques.
Et pourtant l’Afrique n’est responsable que de moins de 4% des émissions mondiales de gaz à effet de serre responsable du réchauffement climatique. Un africain de l’Ouest est responsable de 30 fois moins d’émission de ces gaz qu’un européen et, 60 fois moins qu’un citoyen des Etats-Unis d’Amérique.
Cette disproportion de la responsabilité des pays dans le réchauffement climatique est tellement flagrante qu’elle justifie une action politique concertée des pays africains, surtout les pays africains ne bénéficient quasiment d’aucun des avantages économiques liés aux émissions des gaz à effet de serre.
C’est pourquoi, les pays africains, individuellement et collectivement, se sont engagés ces dernières années pour préparer les conditions d’un développement durable et pour lutter contre les effets des changements climatiques.
Au sommet de la terre à Johannesburg en 2002 les pays africains comme l’ensemble des pays présents, se sont engagés à se doter d’une stratégie nationale de développement durable. Ces stratégies sont le plus souvent en cours d’élaboration par des démarches individuelles ; c’est le cas du Mali dont l’élaboration de la Stratégie Nationale de Développement Durable a été lancée en 2008.
Pour sa part, l’Union Africaine organise tous les deux ans un Forum pour le développement durable de l’Afrique dont l’objectif est de relever les défis du développement en Afrique et de mettre au point un programme consensuel et contrôlé par l’Afrique. Le septième forum a eu lieu à Addis-Abeba du 10 au 15 octobre 2010 sur le thème « Agir face aux changements climatiques pour promouvoir un développement durable en Afrique ». Ce forum a été une étape importante pour la préparation parles pays africains de la conférence de Cancun.
La concertation de l’ensemble des pays africains face aux changements climatiques avait été initiée à la fin de l’année 2007 au cours de la conférence internationale de Tunis, et depuis des initiatives africaines de coordination se sont multipliées avec en perspective les Conférences des parties de la Convention Cadre des Nations Unies sur les changements climatiques à Poznan (2008), Copenhague (2009) et Cancun (2010). Ces concertations ont abouti à trois déclarations majeures qui définissent la position commune des pays africains : la déclaration d’Alger (novembre 2008), la déclaration de Nairobi (avril 2009) et celle de Bamako (juin 2010) qui demeurent aujourd’hui la ligne de base des positions africaines.
Sans déroger à ces engagements des pays africains pour un développement durable et une lutte efficace contre les changements climatiques, le présent forum a pour objectif de confronter les points de vue africains sur ces problématiques et de les mettre en synergie. Il se place ainsi comme un des actes préparatoires à la Conférence Rio+20 qui sera un des grands rendez-vous de la planète en 2012.
Moussa Touré.