Notre pays a bouclé, cette semaine, les activités de la quinzaine de l’environnement qui s’est aujourd’hui imposée comme une activité phare du Ministère de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement Durable.
Le Mali abrite le troisième fleuve le plus important de l’Afrique, par sa longueur. A savoir, le majestueux fleuve Niger long de 4200 Km dont 1700 au Mali. Ce fleuve qui fait partie intégrante de l’Histoire, de la Géographie et de la Culture des Peuples au Mali arrose plusieurs villes et grandes agglomérations de notre pays (Koulikoro, Ségou, Djénné, Mopti, Niafounké, Tombouctou, Gao,…). Ce qui en fait une grande richesse hydro-agricole et économique pour notre pays. Cependant, au grand dam de tous, cette richesse s’assèche de jour en jour non seulement sous l’effet des changements climatiques mais également sous la pression des agressions barbares, illicites et mercantiles de l’Homme. Engager une lutte sans merci contre un tel désastre, est devenu le cri du cœur voire le cheval de bataille du Ministère de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement.
A travers l’ABFN, son bras séculier dans la préservation et la protection de l’environnement, en général, et, principalement, du fleuve Niger avec ses ressources du sol et du sous-sol, le Département entend s’attaquer frontalement aux méthodes d’exploitation minière par dragage ; une pratique qui est en train de perturber les équilibres locaux au niveau des cours d’eau.
A la faveur de la 18e édition de la Quinzaine de l’Environnement, qui a duré deux semaines (5 au 15 juin 2017), l’Agence du Bassin du Fleuve Niger a initié une conférence débat qui s’est déroulée au Mémorial Modibo Kéïta. Thème : «L’orpaillage par drague dans le lit du fleuve ; Entre l’Economique et l’Environnemental, cas de Kangaba».
La rencontre fut introduite par le DGA de l’ABFN, Moussa Diamoye. Après avoir passé en revue avec brio les missions de sa structure, M. Diamoye a mis en relief les menaces que constituent les recherches aurifères par dragage dans le lit du fleuve Niger. «L’orpaillage traditionnel par dragage dans le lit du fleuve et ses cours nous interpelle tous et se pose aujourd’hui problème en termes de sauvegarde de la ressource qu’est le fleuve Niger», a-t-il alerté.
Dans sa communication qui a beaucoup captivé l’auditoire, le conférencier, Dr Baba N’Diaye, Chef du département productions et gestion des écosystèmes à l’ABFN, a fait l’historique de l’orpaillage qui a toujours existé au Mal ; cela, depuis le temps du Roi Kankou Moussa. Il a, ensuite, fait la distinction entre orpaillage traditionnel (utilisant des moyens rudimentaires) et l’évolution qu’il est en train de connaitre avec l’apparition des méthodes d’exploitation traditionnelle par dragage. Le conférencier a utilisé des données issues d’une étude qu’il a conduite, à Kangaba où la pratique a, aujourd’hui, le vent en poupe et attire de plus en plus d’Exploitants artisanaux et orpailleurs saisonniers pour montrer les énormes dégâts causés au fleuve. Après avoir défini le dragage, il a insisté sur le fait qu’il s’agit d’une méthode traditionnelle mais qui s’appui sur une machine dotée de tout un système d’aspiration du sable qui est ensuite entassé quelque part pour les besoins de la cause. Parmi les conséquences désastreuses sur le fleuve, le conférencier cite, entre autre, la pollution de l’eau du fleuve et ses autres ressources comme le poisson, la fuite de la faune aquatique du fait du vacarme provoqué par les machines, la fréquence des maladies, etc.
Violation du code minier
Certes, l’orpaillage traditionnel a toujours existé au Mali, a fait remarquer le conférencier. Mais, selon Dr Baba N’Diaye, c’est la forme nouvelle qu’elle épouse qui dérange. Pour le spécialiste, l’orpaillage par drague est un système mécanisé, qui est soumis aux conditions auxquelles le code minier assujetti la petite mine. A savoir l’obtention préalable d’une autorisation ou d’un permis, délivré par un décret du Département en charge des mines. Or, sur le terrain, note le conférencier, rares sont ceux qui sont en possession d’une telle autorisation. Profitant de la complicité de certaines mairies, beaucoup de gens menant cette activité contournent le code et se font délivrer d’autres types d’autorisation par les Responsables de ces mêmes collectivités.
Conséquences potentielles ?
En si peu de temps, les sites d’exploitations par dragages ont connu une prolifération extraordinaire sur nos différents cours d’eau (Le Bani, le Baoulé, le Sankarani…).
‘‘Plus de 350 sites d’orpaillages artisanaux sont aujourd’hui recensés dans notre pays’’, a indiqué le conférencier qui a mis en exergue les effets néfastes, avec, à l’appui, les dégâts collatéraux de l’orpaillage sur l’Agriculture de plus en plus abandonnée par la main d’œuvre au profit de la recherche de l’or. Une activité qui attire tant de bras valides ; surtout des femmes, des jeunes et même des enfants de toutes les catégories d’âge.
Saran Diabaté