Extraction de sable : Des hommes en vivent, le fleuve Niger en meurt

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Activité très dense, l’extraction de sable emploie une main d’œuvre considérable mais son usage abusif joue négativement sur le fleuve Niger.

 

Extraction de sable : Des hommes en vivent, le fleuve Niger en meurt
Le fleuve Niger

Des travaux de recherche menés depuis quelques années à travers le projet Niger-Loire ont révélé que le lit amont du Niger se creuse du moins sur la petite malienne. Cette incision dans le lit du fleuve est liée au prélèvement excessif de sable et de gravier servant de matériaux de construction pour l’extension urbaine de Bamako. La population est passée de 130 000 habitants en 1960 à 1,8 million en 2009.

De ce fait, les spécialistes estiment qu’aujourd’hui plus des 60 sites d’extraction et de stockage de sable sont en activité le long du fleuve du Niger sur 150 km à proximité de Bamako. Ainsi, la filière emploie du moins 15 000 personnes selon le Syndicat national des transporteurs routiers urbains et interurbains du Mali.

Les différentes enquêtes révèlent qu’entre 15 et 20 millions de m3 de matériaux auraient été extraits du fleuve de 2000 à 2006 entre Kangaba et Koulikoro en amont et en aval de l’agglomération de Bamako. Soit une amputation annuelle d’ordre pluri-centimétrique. Ces prélèvements s’ajoutent à une baisse des apports sédimentaires liés à la présence de barrages en amont de la capitale, ce qui constitue des véritables “pièges à sédiments” de digues.

Tous ces aménagements entravent le cheminement de l’eau, font obstacle ou freinent les écoulements. Par exemple, précisent les experts, sur le barrage hydro-électrique de Sélingué sur le Sankarani, prés d’un quart du bassin ne participe plus à l’alimentation du fleuve en sédiment.

Des enquêtes poussées font remarquer que ces prélèvements ont également induit de profondes modifications de la morphologie du Niger supérieur, sur la source-piscicole et sur l’agriculture et plus généralement sur l’écosystème fluvial. Aussi, avec l’expansion urbaine qui se poursuit et la construction de nouveaux aménagements sur le Niger dont le barrage de Fomi en République de Guinée d’un réservoir trois fois supérieur à celui de Sélingué, le phénomène s’accentuera considérablement.

La ressource en sable d’exploitation économiquement aisée n’est pas inépuisable, et que tôt ou tard, l’industrie du bâtiment devra prendre en compte cette donnée. Devant cet état de fait, les décideurs politiques sont appelés à prendre des mesures urgentes ; à savoir : trouver un autre site d’extraction de sable, pour la sauvegarde du fleuve Niger qui constitue notre source de vie.

Certes, l’activité génère de l’emploi, mais la menace qu’elle fait peser sur le Djoliba doit inciter les autorités à réglementer le secteur. Pour toutes ces raisons, le département de l’Environnement, de l’Eau et de  l’Assainissement est fortement interpellé.

Alpha Mahamane Cissé 

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