Environnement : La Chronique de Doudou : Pouvons nous rendre sain notre cadre de vie ?

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Dans notre livraison du lundi 2 février 2014, j’avais défini le concept environnement avec ses différentes composantes. Dans la présente, on aborde le contenu le plus souvent indiqué par le commun des mortels quand on parle d’environnement, c’est-à-dire notre cadre de vie.

 

L’Homme a, depuis l’origine de l’habitat, imaginé différentes techniques susceptibles de lui permettre de mieux maitriser son cadre de vie. Dans ce sens, l’assainissement, au sens large, c’est-à-dire rendre sain constitue l’une de ces techniques. En abordant donc la thématique de l’assainissement, il s’agit pour moi d’attirer l’attention sur la propreté de notre cadre de vie, la propreté surtout de nos villes (celles des pays en développement) en termes de collecte et traitement des déchets solides, d’évacuation des eaux usées domestiques artisanales et industrielles, de maitrise de l’eau, de gestion des eaux pluviales donc des inondations en milieu urbain. L’assainissement dans ces composantes là défraie la chronique, comme la nôtre, et fait couler beaucoup d’encre; les uns accusant les autres de n’avoir pas suffisamment ou mal joué sa partition ou accompli son devoir civique de protection de son cadre de vie, comme il se doit, et ce faisant donc d’avoir une part de responsabilité dans la situation qui prévaut.

 

 

De mon humble avis,  la responsabilité est collective. Et comme on le dit dans notre Bamanan kan National « An bé no don » ; littéralement nous sommes tous coupables ; chacun a une part de responsabilité dans la situation qui prévaut. D’ailleurs «  que celui qui n’a jamais péché jette la première pierre ». Mais cette responsabilité doit être différenciée .En tous les cas, il faudra comprendre que l’assainissement est une filière qui s’organise en trois étapes, une chaine à trois maillons dont un maillon amont(collecte de déchets), un maillon intermédiaire( évacuation des déchets) et un maillon aval( traitement, élimination ou valorisation des déchets).

 

 

Force ou faiblesse ?

A chaque maillon doit correspondre un paquet minimum d’activités à assurer, des responsabilités à assumer, des moyens humains ,financiers et matériels à mobiliser et des procédures à mettre en place par un ou des groupes d’acteurs. Pour paraphraser le président du Mali par intérim (2012- 2013), le Pr Dioncounda TRAORE, la force ou la faiblesse d’une chaine dépend de la force ou de la faiblesse de chacun de ses maillons ; donc de tous  à la fois, mais non l’un sans l’autre ; une sorte de « loi du tout ou rien ». Il en est ainsi des ménages à la décharge finale contrôlée et compactée de déchets, en passant par les dépôts provisoires ou de transit, pour les déchets solides ou à la station d’épuration pour les usées par exemple. Des individus, familles, communautés, gouvernements (déci deurs politiques) prestataires privés de services(GIE, etc.), organisations de la société civile( associations de consommateurs, etc.), chacun , en ce qui le concerne , constitue un maillon de l’amont vers l’aval ; un maillon important si petit soit il.

 

 

Cependant, il faut aussi souligner avec force que les faibles niveaux d’accès aux services d’hygiène et d’assainissement tiennent à des raisons multidimensionnelles souvent imbriquées et corrélées de nature politiques, économiques et structurelles. Parmi ces raisons, il y a :

 

 

– La forte croissance démographique qui induit une forte demande en services d’assainissement, dans  un contexte de faiblesse des capacités financières, techniques et humaines des acteurs en charge de l’offre de services d’assainissement;

 

 

– L’insuffisance de la maitrise du développement urbain, se caractérisant par une prolifération des tissus de l’habitat spontané ;

– Le processus de décentralisation qui confie désormais aux Collectivités Territoriales(CT) la responsabilité de la maitrise d’ouvrage en matière d’assainissement ; une responsabilité difficile à assumer par des CT en mal de ressources techniques, financières, humaines et matérielles ;

 

 

– Une population empêchée dans un cycle de pauvreté- analphabétisme, et dont les soucis du quotidien dominent, en manque trop souvent d’information et de communication perpétuant des comportements néfastes dans ses rapports avec  l’assainissement ;

 

 

– Une société civile prolifique en nombre d’organisations parfois organisées en réseau( COFESFA et COGIAM au Mali), mais souvent confrontée à des difficultés de financement ;

– Un secteur privé émergent en manque de structuration et de professionnalisation ;

 

– L’Etat qui définit les politiques et stratégies nationales a de la peine  à faire adopter un minimum de comportement civique par les citoyens.

 

Ces facteurs défavorables, surmontables du reste, observés dans la plupart des pays du sud ou en voie de développement, comme au Mali, engendrent des incidences néfastes sur l’environnement, la santé humaine et les niveaux de production des populations.

Au demeurant, et ce dont je suis d’accord avec d’autres, du réseau des Associations de Pouvoirs Locaux(APL), ici au Mali comme ailleurs, il faut :

 

– Une  bonne connaissance et une bonne appréhension de la situation : les villes seront d’autant plus à même de mener des politiques adaptées qu’elles auront une vision claire de la quantité de déchets produits et leur typologie ;

 

– La participation des populations : une amélioration de la propreté des villes c’est un nombre de gestes simples au quotidien, auxquels les habitants doivent être sensibilisés ; un civisme, dont les citoyens feront d’autant plus preuve qu’ils auront été associés à l’élaboration des politiques. Ce qui va de pair avec une information adaptée sur les enjeux et la nécessité de regrouper ses déchets, de ne pas les laisser sur la voie, de les trier le cas échéant. Mais  c’est aussi la verbalisation des comportements inciviques ;

 

– Le financement des politiques de propreté ;

– La rigueur des municipalités sur les conditions et les modalités de l’urbanisation, surtout si celle- ci est spontané ou sauvage, de sorte que soient protégées les zones potentiellement inondables.

A la prochaine ! pour parler des relations complexes entre l’eau et la ville, avec les inondations dans un contexte de changement climatique.

 

Doudou DOUMBIA

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